Ousmane Sonko-De l’Antiquité à l’Éternité
Le Huis Clos de la Déclaration de Politique générale sert d’ouverture
Le débit était rapide, trop rapide, comme pour accélérer la cadence ou se délivrer d’un lourd fardeau : exposer le développement. Mais Ousmane Sonko veut un développement à huis clos, endogène, comme on disait naguère, sauf avec les paradis fiscaux. Au niveau micro –le Sénégal– mezzo— la sous-région– ou macro, il faut rejeter toute présence et laisser le Sénégal aux Sénégalais. Vieille chanson révolutionnaire des années 70.
Pour se justifier, la seule rengaine roussoïste : le Sénégal est bon, la communauté internationale le corrompt. Tant pis si on ne veut pas voir que les eurobonds de la Diaspora viennent de cet outre-mer corrosif. Tous ceux de l’intérieur en collusion avec l’extérieur favorisent la reproduction induite des mécanismes de domination. D’où le poteau pour tous ceux du passé. Nouvelle vision de la thèse des Amin sur le centre et la périphérie. Le Premier ministre ne se voit pas dans ce passé archaïque, ce passé de l’Antiquité gréco-latine, lui résolument tourné vers l’avenir, le futur, l’éternité.
Sonko dans le texte est le même Sonko dans les mots et gestes : l’appel à l’aide reste permanent, dans une position défensive qui empêche toute perspective d’ouverture, de progrès. Il se voulait ombre, utile dans son don de soi, il se retrouve en pleine lumière, obligé de cligner des yeux pour se protéger. Tahibou Ndiaye avait fait naître le syndicaliste, thuriféraire par vocation, le même dossier en fait un homme révolté, déterminé, dans une acception wolof antérieure au Pastef.
Ousmane Sonko aurait sans doute fait du Droit pour mieux argumenter, la toge ne faisant pas l’épitoge ; inspecteur des impôts, avocat, homme du peuple -les mauvaises langues disent populiste– il doit user d’arguties, obstinément campé sur sa position : faute de compromis historique ou dynamique, refusant Berlinguer ou Babacar Sine, il se cramponne à Cauet, toujours sur la défensive.
Comment appelle-t-on quelqu’un qui est toujours sur la défensive ?
Hypervigilante quant à la protection de son estime de soi, cette personne évite souvent, inconsciemment, de rendre des comptes et projette injustement la culpabilité sur les autres pour échapper à l’inconfort interne–Wikipedia.
De 2021 à 2024, les analyses sont les mêmes (Victor Sadio Diouf, Alain Pascal Kaly,…).
“Une communication outrancière plus proche de la parole donneur pour un fonctionnaire exploitant les informations à disposition, une vision manichéenne réductrice à souhait, une offre peu diversifiée bâtie dès l’origine autour du complot, une fixation sur Macky Sall qui occupe injustement la place qui est lui due, Ousmane Sonko n’est pas parti de la matrice fondatrice qu’est sa radiation pour différencier la conquête de la gestion d’une parcelle de pouvoir à élargir en ménageant son image et sa monture” (Pathé Mbodje, Le Devoir du Premier juillet 2021) ; renfermé sur lui-même et ses certitudes, Ousmane Sonko fait figure de vestige ; en même temps cependant, il révèle un monde nouveau qui se dessine en pleine crise de paradigmes opposant les tenants d’une société nouvelle incapable de répondre aux enjeux de populations paupérisées depuis le début des années 80. Voilà l’avenir, l’éternité.