Thiès, point de presse de fin de mission – samedi 30 novembre 2024
Deux mois après la rentrée scolaire, la COSYDEP a déployé des missions de suivi dans les 14 régions du Sénégal, sous la conduite de son Directeur exécutif, accompagné de membres du Conseil d’Administration, de la Coordination Exécutive ou du Secrétariat Permanent. La mission visait un double objectif : (i) suivi de la rentrée scolaire en vue de produire un rapport alternatif destiné au Ministère de l’Education nationale et aux partenaires ; (ii) supervision du renouvellement des antennes régionales avec le bilan des réalisations, les défis et enjeux pour le plan quadriennal 2025 – 2029. La mission s’est organisée dans 5 axes, dans la période du 26 octobre au 30 novembre 2024.
I. AXE NORD : MATAM, SAINT-LOUIS ET LOUGA
MATAM impacté par la crue des fleuves . Des écoles fermées pendant au moins un mois à cause des inondations issues du débordement du fleuve sans possibilité de connecter les élèves aux enseignants à cause de la non couverture en réseau de téléphonie et du manque de dispositifs adéquats.
SAINT-LOUIS vieille ville coloniale aux constructions vétustes . Des solutions à l’avancée de la mer combinées à l’urgence de la réhabilitation des infrastructures s’imposent pour garantir la protection et la sécurité des élèves et de leurs enseignants.
LOUGA zone de transhumance avec la présence de plusieurs hameaux. Il est nécessaire de développer un modèle d’école plus adapté au type d’habitation et au déplacement périodique de certaines populations.
II. AXE SUD : KOLDA, SEDHIOU ET ZIGUINCHOR
KOLDA région à forte prévalence de violences basées sur le genre . Son statut de région frontalière accentue le phénomène auquel s’ajoute la persistance des problèmes d’état civil.
SEDHIOU région qui accueille son premier lycée d’excellence. Le LYNAQE a, à la fois, suscité de l’enthousiasme chez les populations mais aussi de la frustration chez les élèves et parents qui lui reprochent de prendre leurs meilleurs professeurs en sciences.
ZIGUINCHOR impacté par les récentes crises sociopolitiques . Les impacts de ces crises doivent être urgemment adressés pour remettre à jour le réseau scolaire et s’engager à numériser l’état civil.
III. AXE EST : KEDOUGOU, TAMBACOUNDA ET KAFFRINE
KEDOUGOU région frontalière aurifère confrontée paradoxalement à plusieurs défis liés à la pauvreté. La déscolarisation prématurée, l’absence d’impacts de la Responsabilité Sociétale d’Entreprise (RSE) menacent le droit à l’éducation.
TAMBACOUNDA durement touché par les inondations issues du débordement du fleuve. Son étendue suggère de renforcer les ressources, les stratégies et les alternatives pédagogiques.
KAFFRINE marqué par une forte diversification de l’offre éducative, avec la présence de plusieurs écoles coraniques. La présence des autorités coutumières gagnerait à être mise à profit.
IV. AXE CENTRE : DIOURBEL, KAOLACK ET FATICK
DIOURBEL zone religieuse à faible taux de scolarisation, marquée par la forte présence d’écoles franco-arabes. La régulation et le renforcement du non formel constitue une alternative crédible.
KAOLACK région carrefour et de brassage. Le renforcement de la sécurité, de la salubrité, de l’assainissement invite à développer des interventions décloisonnées ‘‘Education, Santé, Assainissement et Alimentation’’.
FATICK impacté par des défis environnementaux et des contraintes géographiques. La salinisation des terres et l’existence d’un grand nombre d’îles, avec des risques et contraintes de tout genre, suggèrent des actions et une logistique spécifiques.
V. AXE OUEST : DAKAR ET THIES
DAKAR marqué par une diversité des zones avec une prédominance des écoles privées . La vétusté de beaucoup d’écoles, le statut semi rural de Rufisque, les effectifs réduits à Dakar Ville et pléthoriques dans la banlieue, la cantinisation et l’épuisement des réserves foncières sont de réels obstacles à l’extension du réseau.
Thiès, une région impactée par l’émigration clandestine (Mbour), la pollution industrielle (Mboro) et l’attraction de petits métiers (Pout). Engager la RSE pour des stratégies adéquates en faveur de la protection des élèves et des enseignants contre la pollution et recréer la confiance entre la société et son école.
DES DEFIS PARTAGES PAR LES 14 REGIONS
- Le déficit en personnel enseignant, en infrastructures et en supports
- La question des abris provisoires, la nécessité d’élargir le réseau scolaire dans les zones émergentes, la vétusté des locaux et l’inexistence de ligne budgétaire dédiée à l’entretien
- La problématique des enseignants décisionnaires et les affections hors mouvements
- La demande d’améliorer le budget d’investissement pour adresser la problématique de l’hygiène, de la sécurité, de la salubrité, de l’assainissement de l’environnement des apprentissages
- La baisse des performances scolaires exigeant un soutien accru aux plus vulnérables ENSEIGNEMENTS ET RECOMMANDATIONS
- La politique éducative doit davantage s’inscrire dans une vision humaniste qui prend en compte les besoins des zones enclavées (iles, frontières, montagnes), des élèves les plus vulnérables (apprenants à besoins éducatifs spéciaux, filles, …) et des sous-secteurs sous dotés (petite enfance, non formel, formation professionnelle).
- Le renforcement des autorités académiques, en pouvoir de décision et en logistique adaptée pour l’encadrement rapproché des enseignants et la construction de réponses locales.
- La capacité d’adaptation du système au contexte changeant pour des acteurs mieux armés à résister aux crises.
- La diversification des approches et des stratégies, l’adaptation des infrastructures et du calendrier scolaire au contexte climatique.
- Le renforcement de la sécurité des infrastructures, la numérisation des ressources, la protection des élèves et des enseignants en situation d’urgence, avec des mécanismes de prévention et de gestion des crises.
- L’option d’engager les antennes régionales à développer un partenariat avec les députés nouvellement élus pour un plaidoyer combiné à des actions en phase avec les spécificités locales.
- L’ouverture des autorités qui a permis de formaliser le partenariat COSYDEP / MEN ; d’initier une convention COSYDEP Kaffrine / Conseil départemental en plus d’un bureau entièrement équipé ; de bénéficier d’un véhicule mis à la disposition par l’IA de Ziguinchor pour la mission au Sud ; d’enregistrer un arrêté signé par le Gouverneur de Thiès portant mise en place de l’observatoire local de la qualité de l’éducation. Il s’y ajoute l’implication des IA, des IEF et des Collectivités Territoriales dont la contribution a permis d’assurer le succès des missions.
Saluant, en cette rentrée scolaire, la forte mobilisation des communautés et des autorités pour l’apprêtement des écoles, la mission confirme que les régions ont des réalités spécifiques qui nécessitent le renforcement de la déconcentration pour des réponses holistiques et adaptées. Un rapport exhaustif de la rentrée scolaire 2024 – 2025 sera officiellement remis à l’autorité et aux partenaires intéressés.
L’Ecole, Notre Parti
La COSYDEP s’engage, se mobilise et mobilise
Fait à Thiès, le 30 novembre 2024