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Ouestaf News – Par une matinée baignée de soleil, l’Institut français de Dakar s’est transformé en espace de réflexion pour accueillir la 6e édition du Gingembre du Sénégal, un rendez-vous annuel organisé par le magazine Continent Premier. Consacré cette année au thème « Sport et Cohésion sociale », l’événement a rassemblé, le 22 novembre 2024, divers acteurs, dont d’anciens sportifs professionnels, pour aborder notamment la problématique de la réinsertion professionnelle des athlètes de haut niveau après la fin de leur carrière.

« C’est douloureux de voir des sportifs de haut niveau finir leurs carrières dans l’anonymat », déplore El Hadji Amadou Dia Ba, le seul médaillé olympique du Sénégal. « L’Etat doit penser à eux ! » par la reconnaissance et l’accompagnement qu’ils méritent au terme de leur carrière sportive, plaide cet athlète vainqueur de la médaille d’argent du 400 mètres haies aux Jeux olympiques de Séoul (République de Corée) en 1988.

El Hadji Amadou Dia Ba était un des intervenants du panel « Insertion professionnelle » organisé par le magazine Continent Premier dans le cadre de la 6e édition de « Gingembre du Sénégal ». Le thème de cette année porte sur « Sport et cohésion sociale ».

Le médaillé olympique a également exprimé sa tristesse pour les sportifs sénégalais qui se retrouvent démunis et sans ressources dès la fin de leur carrière sportive. Selon lui, de nombreux athlètes ayant porté les couleurs nationales sont aujourd’hui dans cette situation. Leur malchance : n’avoir pas pu décrocher des contrats lucratifs durant leurs belles années. 

C’est peut-être la leçon retenue par le jeune Alioune Mbaye, basketteur,  qui n’a pas attendu la fin de ses belles années pour se lancer dans l’entreprenariat.

Alioune Mboup, ancien sportif et chef d’entreprise, est une incarnation de la reconversion réussie. Boursier de la Seed Academy -un centre basé à Thiès qui forme des jeunes au basketball tout en combinant sport et études-, il débarque aux États-Unis où il a obtenu une licence en comptabilité et un master en management du sport.

Une courte carrière dans le basketball universitaire ne lui a pas permis d’accéder à l’impitoyable NBA, la crème du basketball américain et mondial. De retour au Sénégal en 2018, il fonde Africa Tourism Solutions, une agence de tourisme et d’événementiel dont il est le patron.

Mais ils ne sont pas nombreux à avoir cette vision assez tôt dans leur parcours, ce qui les place dans des positions de précarité, une fois passée la période de gloire.

Et lorsqu’ils se retrouvent dans de telles situations,  la communauté sportive et la société ne réagissent souvent qu’en dernier recours, selon Amadou Dia Bâ. C’est le cas notamment lorsqu’un a sportif de haut niveau se retrouve malade et que des appels à la solidarité sont lancés en sa faveur.

Lors de ce débat sur l’ « insertion professionnelle » des sportifs après leur carrière, Coura Ndiaye, cheffe de secteur dans le ferroviaire et ancienne escrimeuse, a souligné l’énorme potentiel économique du sport de haut niveau. Selon elle, l’industrie sportive mondiale a généré plus de 400 milliards de dollars en 2022, une manne qui pourrait atteindre 680 milliards de dollars d’ici 2028.

Ces données peuvent être retrouvées dans un article publié sur le portail en ligne allemand spécialisé dans les statistiques, Statista. Selon cette source, l’industrie sportive regroupe « les personnes, les activités et les organisations impliquées dans la production, la facilitation ou l’organisation d’activités sportives ».

Partant de cette définition, Coura Ndiaye souligne que le sport ne se résume pas à la seule pratique athlétique. C’est un secteur qui englobe également les infrastructures, les entreprises et les divers métiers qui en constituent l’écosystème.

Préparer l’après carrière dès la formation

Pour que les sportifs, jeunes comme anciens, puissent bénéficier de cette industrie sportive, Coura Ndiaye a mis en avant l’importance de la formation. Elle estime qu’il est essentiel de leur offrir des compétences en dehors de la pratique sportive par l’accompagnement des ministères et des gouvernements.

A cet égard, elle appelle le ministère des Sports du Sénégal à travailler sur l’élaboration de référentiels de formations pour « donner aux jeunes sportifs les outils nécessaires pour éviter qu’ils ne se retrouvent sans perspectives après leur carrière ».

Plaidant dans le même sens, El Hadji Amadou Dia Ba estime que la préparation de l’après-carrière des sportifs ne doit pas être laissée uniquement aux sportifs eux-mêmes. Elle doit bénéficier du soutien actif de l’État pour garantir une transition réussie. Selon lui, ces athlètes qui transportent les couleurs nationales partout dans le monde « symbolisent le Sénégal ».

L’ancienne escrimeuse Coura Ndiaye témoigne de sa double reconversion réussie, dans l’entrepreneuriat sportif et dans le secteur ferroviaire. La directrice de l’institut de Formation aux Métiers des Sports (IFM sport) suggère que ce modèle de transition soit encouragé pour permettre aux sportifs d’ « avoir un emploi à la fin de la carrière professionnelle ».

Sur ce créneau, El Hadji Amadou Dia Ba a également exhibé des exemples d’initiatives dans ce sens.  C’est le cas de son Centre d’athlétisme de Dakar, ainsi que le Projet Seed Academy de Thiès. Cette dernière, en alliant éducation et formation à une carrière de sportif de haut niveau, cherche à offrir aux jeunes athlètes une chance de réussir non seulement sur le terrain, mais aussi dans la vie en dehors du sport.