Le projet de Pastef prône un changement systémique qui vise un renouvellement des méthodes de gouvernance publique, un rapport à l’extérieur plus respectueux de notre souveraineté nationale, une administration non inféodée au pouvoir politique, une justice insoumise et indépendante, un strict respect de la séparation des pouvoirs, un retour à un présidentialisme
Les points qui ont retenu notre attention, au-delà de la rehabilitation des institutions de la République et la restauration de l’Etat de droit, portent sur la réduction de la fracture sociale, la redynamisation des services publics, la promotion de l’égalité des chances ainsi que l’éducation et la santé qui seront au coeur des priorités d’un Etat-providence qui fera de l’inclusion et de la redistribution ses viatiques d’action. Il faut encore dire que l’Etat-providence en tant que mode de gouvernance a montré ses limites un peu partout dans le monde. Mais nous préférons attendre pour voir, concrètement, comment ce Parti va s’y prendre pour mettre en pratique cette idée ô combien noble et généreuse.
Ce Projet dit de rupture semble s’inscrire dans un bouleversement de perspective, avec comme viatique, un ancrage dans « l’idéologie panafricaniste de gauche », et « une volonté de proposer une offre politique de réappropriation de la souveraineté nationale en matière de gestion des ressources naturelles, de diplomatie, de défense et de sécurité. Nous reviendrons plus amplement sur ce point en comparaison avec « la gauche africaine devant ses anciens mots d’ordre clés sur le projet de société » du Professeur Abdoulaye Ly.
Les grands axes de cette déclaration d’intention intègrent la réduction des prérogatives du Président de la République qui ne sera plus membre du Conseil supérieur de la Magistrature, la dimunition du montant de sa caisse noire, le renforcement des pouvoirs du Premier ministre à défaut de la création d’un poste de vice-président, la révision des rapports entre le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif – statut des magistrats, indépendance du parquet, inamovibilité-, l’instauration d’un juge des libertés et de la détention au sein de l’appareil judiciaire pour éviter les détentions arbitraires et favoriser le décongestionnement des prisons, la réédition des comptes et le renforcement de la compétence des corps de contrôle, une intégration sous régionale et africaine, une administration publique modernisée, l’élaboration de standards et l’application des normes de qualité dans tous les secteurs, une économie performante et résiliente sous-tendue par une gestion transparente des finances publiques, une réforme monétaire pour le financement de l’économie, une politique fiscale novatrice, efficace, efficiente, équitable et transparente, des réformes sur les finances locales pour une meilleure mobilisation des ressources, des politiques efficientes de gestion de la dette publique, préférence nationale et consommation locale, formalisation du secteur informel, harmonisation, structuration et rationalisation des structures d’accompagnement, développement de la microfinance pour en faire un levier de réduction du chômage et de la pauvreté, un secteur primaire ( agriculture, élevage, pêche) modernisé et qui garantit une sécurité alimentaire et une génération de devises pour l’économie nationale, un secteur industriel qui prend en compte la transformation des produits locaux à travers la mise en place des unités de transformation qui tiennent compte des spécificités de chaque région du pays, la promotion de champions industriels nationaux et la mise en place d’Accélération Industrielle du Sénégal (PAIS) (2024-2029), une éducation et formation scientifique de qualité et en phase avec les besoins du monde du travail, l’intégration des langues nationales et des « daaras » dans le système éducatif, un enseignement qui devra être adapté aux besoins du pays depuis le cycle primaire jusqu’à l’université, une intégration de la langue anglaise dans le cycle primaire, un système sanitaire et de protection sociale efficace et à moindre coût, une garantie de la santé et de l’assurance maladie pour tous, un accès de tous les Sénégalais à l’eau, une gouvernance territoriale dans un environnement sain et l’accès à un habitat décent, éducation environnementale et développement durable, un accent particulier pour la recherche scientifique et l’innovation technologique, des infrastructures adaptées, sûres, durables et à moindre coût, un secteur touristique performant, porté par la biodiversité, la richesse culturelle et l’écotourisme, une éducation physique populaire et un sportif compétitif, instrument de socialisation et vitrine diplomatique et touristique. La création de pôles économiques ( Cayor Baol, Walo, Ferlo Boundou, Casamance Sine, Saloum). La nouveauté dans cette déclaration d’intention ne se trouve pas dans son originalité car on retrouve une bonne partie de cette belle littérature dans les programmes dans anciens gouvernants et chez la plupart des acteurs politiques de ce pays. On ne peut alors que se fier à cette ébauche de Projet, en attendant de voir, à travers la dernière mouture de ce document, quels sont les points qui seront amendés, ceux qui seront retenus ainsi que sa mise en oeuvre. Babacar Papis Samba- La pensée complexe.