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La scène se veut légère, presque anodine. William Ruto, président du Kenya, arbore un sourire enfantin alors qu’il prend place sur la chaise de Joe Biden dans le Bureau Ovale. Mais derrière cette image joviale se cache une réalité géopolitique complexe et lourde de conséquences. La visite de Ruto aux États-Unis et sa posture amicale envers l’administration Biden illustrent une nouvelle dynamique dans les relations internationales, où le Kenya joue un rôle de plus en plus crucial, notamment dans les affaires de l’hémisphère occidental.

Le Kenya, un nouvel acteur sur la scène internationale

Historiquement, le Kenya a été un allié stratégique des États-Unis en Afrique de l’Est, surtout dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et la stabilité régionale. Cependant, la décision récente de William Ruto d’envoyer des forces de police kenyanes en Haïti marque un tournant significatif. Ce geste n’est pas seulement une démonstration de soutien à un allié majeur, mais aussi une illustration de la volonté du Kenya de s’affirmer comme un acteur de poids sur la scène internationale.

Pourquoi le Kenya?

À la suite de l’intention des États-Unis de déclarer le Kenya comme allié majeur non membre de l’OTAN, la dynamique des relations bilatérales a pris une tournure intéressante. Le soutien de l’administration Biden à l’armée kenyane, comprenant la livraison de 16 avions Gunship et des milliards investis dans le partenariat de défense, soulève des questions sur les véritables motivations derrière cet investissement massif.

Un partenariat de défense stratégique

Le Kenya participera et accueillera les plus grands exercices militaires américains en Afrique, ce qui représente une récompense cachée que les États-Unis attendent en retour. Parmi les accords de coopération en matière de défense, la livraison de 16 hélicoptères militaires fabriqués aux États-Unis (8 Huey et 8 MD-500) d’ici la mi-2025 est notable. Cette aide militaire n’est pas sans arrière-pensées : elle s’inscrit dans une stratégie plus large visant à établir une présence militaire américaine durable en Afrique de l’Est.

Une base militaire à Wajir

Un fait souvent ignoré est la nécessité pour l’armée américaine de trouver un foyer pour des milliers de ses soldats et de son matériel militaire en Afrique, surtout face à l’incursion de la Chine et de la Russie en Afrique de l’Ouest. Avec des pays comme le Niger et le Tchad qui ont récemment expulsé les forces américaines, le besoin de nouvelles bases est pressant. Le plan en cours d’établir une base militaire américano-kenyane à Wajir, au nord-est du Kenya, dans les mois à venir, répond à cette exigence stratégique.

Les enjeux de la coopération

La désignation du Kenya comme allié majeur non membre de l’OTAN symbolise la relation étroite entre les deux nations, une relation qui permet une coopération militaire sans entraves. Toutefois, cela soulève des questions sur la souveraineté du Kenya et sur la partie qui, en fin de compte, bénéficiera de cette coopération. Les États-Unis ont nommé sept conseillers pour soutenir les aviateurs kenyans et déployé un conseiller en logistique stratégique auprès du ministère de la Défense du Kenya. Ces actions suggèrent que les décisions de coopération militaire pourraient principalement servir les intérêts américains.

Les défis logistiques et financiers

Le Kenya, qui peine déjà à entretenir sa flotte actuelle d’avions militaires, devra faire face à de nouveaux défis logistiques et financiers avec l’ajout de ces 16 nouveaux appareils. La question de l’expansion du budget de la défense kenyane et la maintenance de ces avions restent préoccupantes. Qui financera et assurera l’entretien de cette flotte supplémentaire ?

Le sourire enfantin de William Ruto dans le Bureau Ovale masque une réalité bien plus sombre et complexe. En acceptant de jouer un rôle clé dans l’intervention en Haïti et dans le cadre de la coopération militaire avec les États-Unis, Ruto place le Kenya au cœur d’une stratégie impérialiste moderne. Les répercussions de cette décision sur la politique intérieure kenyane et sur sa position internationale restent à voir, mais une chose est certaine : le sourire de l’idiot utile de Biden pourrait bien devenir le symbole d’une nouvelle ère de l’impérialisme et de la diplomatie mondiale.

Et pourquoi l’Afrique ne doit pas laisser se jouer sur son sol une confrontation entre puissances étrangères/impérialistes !

L’Afrique, riche en ressources naturelles et en potentiel économique, a longtemps été un terrain de jeu pour les ambitions impérialistes des puissances étrangères. Aujourd’hui, le continent est de nouveau au centre des rivalités géopolitiques entre grandes puissances telles que les États-Unis, la Chine, et la Russie. Cette situation pose des risques significatifs pour la stabilité, la souveraineté et le développement durable des nations africaines. Voici pourquoi l’Afrique ne doit pas permettre que des confrontations entre puissances étrangères se jouent sur son sol.

Menace à la souveraineté nationale

La présence de bases militaires étrangères et l’influence des puissances extérieures peuvent compromettre la souveraineté des pays africains. Lorsque des décisions militaires et stratégiques sont prises en fonction des intérêts de nations étrangères, les gouvernements locaux risquent de perdre le contrôle de leur politique intérieure et extérieure. Cette dépendance peut limiter leur capacité à gouverner de manière indépendante et à répondre aux besoins de leur population.

Instabilité politique et conflits

Les confrontations entre puissances étrangères peuvent exacerber les tensions locales et régionales, conduisant à une instabilité accrue. L’histoire montre que les rivalités géopolitiques ont souvent alimenté des conflits armés et des guerres civiles en Afrique, laissant des millions de personnes déplacées et des pays entiers plongés dans le chaos. Permettre à des puissances étrangères de rivaliser sur le sol africain pourrait répéter ces erreurs du passé.

Exploitation économique

L’intérêt des puissances étrangères pour l’Afrique est souvent motivé par l’accès aux ressources naturelles abondantes du continent. Cette exploitation économique peut mener à des accords inéquitables qui profitent principalement aux entreprises étrangères au détriment des économies locales. Les projets extractifs peuvent également entraîner des dégâts environnementaux irréversibles, affectant la santé et les moyens de subsistance des populations locales.

Érosion des institutions démocratiques

Les interventions étrangères peuvent influencer la politique locale, souvent en soutenant des régimes favorables à leurs intérêts économiques et stratégiques. Cela peut affaiblir les institutions démocratiques et entraver les efforts pour promouvoir la bonne gouvernance et l’état de droit. Des gouvernements soutenus par des puissances étrangères peuvent devenir plus redevables à leurs sponsors internationaux qu’à leurs propres citoyens, compromettant ainsi la responsabilité et la transparence.

Dépendance et développement freiné

L’aide militaire et économique des puissances étrangères peut créer une dépendance qui freine le développement autonome de l’Afrique. Plutôt que de bâtir des capacités nationales et de promouvoir l’auto-suffisance, les pays risquent de devenir dépendants de l’assistance extérieure. Cela peut limiter les investissements dans les infrastructures locales, l’éducation et les systèmes de santé, qui sont essentiels pour un développement durable et inclusif.

Pour assurer un avenir stable, prospère et souverain, l’Afrique doit résister à la tentation de laisser des puissances étrangères jouer leurs confrontations sur son sol. Il est crucial pour les pays africains de renforcer leur coopération régionale, de promouvoir l’intégration économique et de défendre une politique étrangère indépendante. En se tenant unis et en affirmant leur souveraineté, les nations africaines peuvent mieux naviguer dans le paysage géopolitique complexe et tirer parti de leurs ressources pour le bénéfice de leurs populations, plutôt que pour les intérêts de puissances extérieures.

Laissons s’exprimer encore une fois la sagesse de nos ancêtres Africains, en espérant que ceux qui dirigent sauront écouter : « Si tu te trouves pris dans une bagarre entre un éléphant et un hippopotame, reste neutre et observe le spectacle. »

Samba THIONGANE (CONGAAN)

UIP (Ubuntu Internationale Panafricaine)