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Nous voici aux pieds de Marie, célébrée en ce jour désormais comme Mère de l’Eglise, pour recueillir ses conseils et puiser de l’énergie spirituelle dans l’exemple de sa vie et grâce à sa prière, afin de dynamiser notre marche, ensemble, pour un Sénégal de justice et de paix.

Commençons par invoquer la Miséricorde de Dieu, pour être à même de recueillir les dons qu’il nous réserve en ce jour : qu’il nous pardonne toutes paroles, toutes actions, tous comportements contraires de la justice et de la paix, entre nous et dans notre pays. Entrons dans cette célébration, en reconnaissant que nous sommes pécheurs.

« Avec Marie, notre Mère, marchons ensemble pour un Sénégal de justice et de Paix ». Pour les pèlerins des autres pays, il suffit d’enlever le Sénégal et de mettre le nom de votre pays, et vous verrez que nos réalités ne sont certainement pas très loin les unes des autres.

Mbokk yi, danuy faral di naan : Sénégal, Sunu gaal, nun ñepp, no ko moom. Doomi rew mi, ak itam kepp ku fi yewu ; mën naa ci limaale sax ñepp ni sopp sunu rew, ci Aduna si sepp. Mo tax mange nuyu di ndokel Kelifa yi fi tew, di rafetlu bu baax teway ak bokk ci ñaan bi, kelifa diine Lislam ak yu aada yi. Yall na nu Yall yërëm te nangul nu sunuy ñaan yi, ndege nun ñepp no bokk Maryama, te nun nñpp bokk reew mi.

Waw, ñaan, moom na lu wara jital, nun gëmgat, nun kercen, ndege danoo japp ne jamm ak njub, justice et paix, maye Yall dëgg lañu, des dons de Dieu ; du rekk cobare nit ak men-men u nit aa leen mena saxal. Ndaxam am na ci solo lool, waye, ndorte li Yalla la. Ndaxte, new doole nit, teg ci rey-reylu bi mu andal yenn say, ak xalat ak jëf jemale ko ci bopp’am ak ci ñoon’am tax nañu be du nu faral di samonte ak lepp li jamm oote ak lepp li njub ak njubay lajte.

Le livre de la Genèse dans la 1ère lecture, a justement pointé le doigt sur cette faiblesse humaine, sa propension à l’orgueil et à l’égoïsme, qui a amené l’homme au péché, à la désobéissance à Dieu. Orgueil et égoïsme, qui ne cessent de guetter chacun et chacune d’entre nous.

Nun de mbokki kercen, Krista aadi sunu royukay, moom mi jebale boppam ci kaw Krua bi, ngir nit ñi, ngir tuur ci sunu kaw jamm ju dul jeex, ci sunu digante ak Yalla, ak sunu morom. Krua bi moodi mandarga jamm, mucc ak njubay yi nu Yalla baaxe.

Grâce à sa croix, Christ est notre paix (cf. Eph, 2,14), Christ est notre justice (cf. Phi 3,9). Aussi, frères et sœurs, pouvons-nous, mieux encore devons-nous recueillir ces dons, pour en vivre et pour en témoigner, c’est-à-dire semer autour de nous, la justice et la paix, en paroles, en actes, et plus profondément encore en éduquant notre cœur ou notre conscience, siège de nos intentions et mère de nos comportements, tout spécialement l’éducation des enfants et des jeunes. Laissons le Christ inculquer dans nos consciences les valeurs de son royaume déclinées en Mt 5 : heureux les pauvres de cœurs, heureux les doux, ceux qui ont soif et faim de la justice, les miséricordieux qui savent pardonner, les artisans de justice et de paix.

Mbokk yi andandoo ngir suxali jamm ak njub, am na li muy lajte. Bokk na ci,x ngor, ngir samm sa kaddu ; bokk na ci teey ak dal, ngir seppi sa wax, teye sa limiñ ; bokk na ci jubantil sa jëf. Laata lepp nak, nga settal sa yene, say xalat, nga rafet njortu, baña ñaw njortu, nga ragg sa xol, sègg sa begg begg ; bokk na ci nga yar sa jiko, mu mengo ak mbaax yi nu sunu Borom tektal ci Lewansil bi.

Suxali jamm ak njub, warul yem ci bakku, mba ci yene, dafa wara feeñ ci say wax, ci sa jëf, ci sa jiko. Seytane bi fiiron jigen ji, di sunu mam Awa, mungi fii be tey, tey la gëna aay, ci sunu wet, di ut buntu, di jegeñsi, di raam, di raam ; te xam nanu ko li raam, ca ñaag ba la jëm. Kon nanu moytu Seytane ak jëf’am, ak fiir’am yi ; aka moo bare pexe, ngir yee fitna, ngir yakk digante yi.

Frères et sœurs, nous sommes ici pour apprendre de Marie. Du haut de sa croix, notre Seigneur nous a confié sa Mère : voici ton fils, dit-il à sa mère, et à au disciple, voici ta mère. Laissons-nous alors éduquer par Marie, édifier par l’exemple de sa vie, et en particulier dans le passage de l’Evangile : elle n’a pas récriminé, au contraire, elle s’est tue dans le silence de l’abandon à la volonté de Dieu, c’est elle la nouvelle Eve qui nous apprend l’obéissance à cette volonté ; elle ne s’est pas laissé aller dans la haine, au contraire elle déploie son amour maternel. Témoin de tout ce qui s’est passé, elle a ressenti au plus profond d’elle-même la soif de son fils, j’ai soif, soif de justice et de paix et soif d’amour et de vérité ; elle a vu couler du côté ouvert de son fils le sang et l’eau source de vie, d’amour, de paix, de justice et de miséricorde.

Permettez une petite digression ou une précision : Qu’est-ce que la justice, qu’est-ce que la paix ? quel lien y a-t-il entre la justice et la paix ? À quoi ressemblent-elles dans notre pays ? Où va notre pays ? Des esquisses de réponses à ces questions ont été données par le Forum qui s’est tenu à Thiès, en juin 2021, pour célébrer l’actualité de la lettre pastorale des Évêques du Sénégal donnée en 1994, intitulée « Bâtir ensemble un Sénégal de justice et de paix » ; forum dont les actes et conclusions sont disponibles. C’est là, pour ceux qui en douteraient, le contexte précis du thème de ce Pèlerinage, contexte, bien sûr, rattrapé providentiellement, pour ainsi dire, par celui de l’élection présidentielle. Je n’y reviens pas bien sûr, car la parole de Dieu de ce jour suffit largement à nous édifier. Fin de la précision.

Rassemblés ici, faisons nôtre la prière du psalmiste en ces termes : « Fais-nous voir, Seigneur ton amour, et donne-nous ton salut. Et plus loin, comme une prière exaucée : « Amour et vérité se rencontrent, justice et paix s’embrassent » Ps 84, les versets 8 et 11, comme pour dire aux hommes : Dieu a accompli sa part, à vous maintenant de jouer, pour que, dans l’amour et la vérité, vous préserviez ou bâtissiez la justice et la paix. Voilà des compagnons, fidèles, inséparables, dans le langage biblique.

Njub ak jamm, degg ak cofeel daño lëkkolo, ken mënu leen xajatle. Ku tudd njub te waxo degg ak cofeel, sa yené njub desse na ; ku begg jamm te falewo njub ak degg, defo dara lu dul masla ak ñaak faale degentaan aq ak yeelleef doomi Adama.

De quelle paix parlons-nous, si elle fait fi de la justice et de la vérité ? De quelle justice, si elle ignore la vérité et l’amour du prochain ? Autrement dit, la justice véritable se fonde sur la vérité et doit produire la paix, l’amour, le pardon et la réconciliation et non, au contraire, engendrer la violence, la haine, la rancune, le désir de vengeance et encore moins la désinvolture et l’impunité. C’est bien une telle justice que le Christ nous demande de pratiquer, au-delà de celle des scribes et de pharisiens. C’est tout le chapitre 5 de st Matthieu : on vous a appris… eh bien moi je vous dis… Une justice qui concerne même et pour les purifier, les intentions les plus secrètes de notre cœur ! Voilà le chemin que le Christ nous indique. Et Marie de murmurer au creux de nos oreilles, faites tout ce qu’il vous dit.

Justice et paix ne sont pas des slogans, ni des principes purement théoriques ou abstraits ni des idéaux irréalisables, au contraire ce sont nos attitudes, nos comportements, nos manières de faire, de parler, de voir, et d’être qui doivent les incarner. Les promouvoir est une œuvre sans fin, de longue haleine, pour laquelle, nous le savons, il faut de la patience, dans le double sens de durée et de souffrance ; il faut de l’humilité, et du courage, il faut surtout nous accepter les uns les autres, dans nos différences de toutes sortes et nous décider à aller dans la même direction.

Mais il faut encore autre chose, le plus fondamental : accepter de changer, vraiment, radicalement, nos comportements et nos mentalités, un changement que nous appelons conversion, bien sûr avec la grâce de Dieu, cette grâce que nous puisons abondamment dans les sacrements. Je souhaite que nous repartions d’ici, un peu convertis, avec des résolutions, des petites résolutions, mais concrètes et réalistes, à travailler pour plus de paix, entre nous et dans notre pays, pour plus justice dans nos pratiques et dans les responsabilités qui nous sont confiées, et je ne parle pas seulement de ceux et de celles qui ont la charge de la justice. D’autres résolutions consisteront, à coup sûr, à renoncer à tout ce qui pourrait fragiliser la paix et la justice et les mettre en péril, surtout par l’intermédiaire des réseaux sociaux ! Utilisons-les avec responsabilité, pour promouvoir la justice et la paix, et non pour appeler à la haine ou à la violence, pour insulter ou calomnier, pour semer la discorde ou la division. Un partage ou un transfert innocent et naïf d’une information, encore plus si elle est fausse, peut malheureusement faire éclater une bombe !

Marchons ensemble pour un Sénégal de justice et de paix : La 2ème lecture décrit des attitudes concrètes qui doivent rythmer cette marche, comme des conditions sine qua non, car bien souvent les obstacles qui se dressent sur le chemin de la justice et de la paix, relèvent de notre propre responsabilité.

Laissons-nous instruire par Saint Paul. Nous pouvons comprendre ses exhortations de la sorte :

Nous pourrons progresser sur le chemin de la justice et de la paix,

Si et seulement si ceci (je cite) : Que votre amour soit sans hypocrisie, c’est-à-dire qui’il soit vrai et sincère. Na digante yi doon digante cofeel, nu soppante degg. Hypocrite defe naa moy tapale ak naafekh, li muy jur moy fen ak nax sa morom. Cela finit par engendrer la méfiance, la suspicion et à long termes, par saper la paix sociale.
Nous pourrons progresser sur le chemin de la justice et de la paix, si…ceci : Fuyez le mal avec horreur et attachez-vous au bien: Il n’y a pas de confusion possible. Tous les moyens ne sont pas bons. Le mal ne peut pas être du bien. Lu bon, lu ñaaw dañ ko wara wax mu leer, ba ko.
Nous pourrons marcher ensemble sur le chemin de la justice et de la paix, si nous sommes unis les uns aux autres par l’affection fraternelle. Nous avons un héritage précieux à préserver : un peuple, un but, une foi, quelles que soient nos différences, de provenances, de descendances, de croyances. Et saint Paul d’ajouter : rivalisez de respect les uns pour les autres : respect de la dignité intrinsèque des personnes et de leurs biens, des droits et des identités ; respect, pas tolérance ou résignation. C’est dans ce respect mutuel que résident le dialogue, l’ouverture à l’autre, l’attention à l’autre, et finalement la concorde et la paix dans les relations quotidiennes. Bala digante yi doon digante jamm, fok ku nu joxante cer, ku nekk ci li nga doon, ci li nga japp, ci li nga gëm. Le respect des personnes, oui, mais aussi le respect du bien commun, y compris celui des moyens matériels ou financiers mis à notre disposition par la communauté, civile ou ecclésiale, à tous les niveaux de responsabilité, pour une gestion honnête, transparente et juste. La redevabilité est une exigence de la justice. C’est certainement le but recherché par les nombreux audits en cours ou annoncés. Toutefois, pour ne pas tomber dans les mêmes travers éventuels, n’oublions surtout pas de faire l’audit des habitudes et des mentalités qui sous-tendent de tels comportements.
Encore ceci : nous pourrons marcher ensemble sur le chemin de la justice et de la paix, si et seulement si nous sommes solidaires les uns des autres. La solidarité : japale ki ka tane, taxawu sa morom, nemuko sa morom, faale sa morom, tewal sa morom. Le covid nous l’a appris : personne ne peut se sauver tout seul. La solidarité est l’antidote de la misère et de l’exclusion, de l’injustice et des inégalités sociales, source de convoitise, de jalousie et surtout de frustrations qui se manifestent souvent violemment. Voici ce que dit Saint Paul : partagez avec ceux qui sont dans le besoin ; pratiquez l’hospitalité avec empressement ; soyez joyeux avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent.
Et enfin, l’une des conditions vitales de la justice et de la paix, c’est le dépassement et le pardon. Jamm ak njub, fok nu nangu joxante loxo ak baale, baña japp lu bon liñ la def, te Pool msm tek ci, na ngeen baal ñi len lottal te sax ngeen ñaanal leen : Ne rendez à personne le mal pour le mal ; bénissez ceux qui vous persécutent ; souhaitez-leur du bien et non du mal. Et surtout ceci : ne vous faites pas justice vous-mêmes, car c’est à Dieu qu’il revient de le faire.
Frères et sœurs, amis croyants, chers pèlerins, voilà le chemin de la justice et de la paix, un chemin difficile, exigeant, éprouvant, à parcourir heureusement avec le secours de Marie Mère. Qu’elle soutienne nos résolutions à changer, à nous convertir, qu’elle soutienne notre engagement à œuvre, jour après jour, pour un Sénégal de justice et de paix. Ô Marie conçue sans péché, priez pour nous. Marie, Mère de l’Eglise, Priez pour nous. Notre Dame de la Délivrande, priez pour nous. Amen !