Ce constat a été confirmé par nos interrogés lors d’un échange sur ce sujet. Pour la plupart des jeunes intéressés par l’information, sinon tous, s’informer à partir de la presse en ligne est ce qu’ils préfèrent à la place de la presse écrite. C’est en effet le cas de Lamine Dieng.
Assis sur une moto, en train de manipuler son téléphone avec beaucoup de concentration, M. Dieng a attiré notre attention sur lui.
Interrogé sur le sujet, il articule :
“Je suis un accro à l’information, je suis toujours à la recherche de nouvelles pour être au courant de ce qui se passe dans le monde, précisément au Sénégal et celà depuis plusieurs années. Mais j’avoue que ça s’est accru davantage avec les événements sociopolitiques de mars 2021. Et pour être franc, les journaux ne peuvent pas me donner ce dont j’ai besoin, ils sont trop limités en matière d’information. Et ce que je déplore le plus est qu’ils parlent tous de la même chose et qu’ils ne parlent que de politique. Voilà l’une des raisons qui font que je préfère m’informer à travers l’internet, c’est plus ouvert et plus pratique. J’ai pas besoin de me lever, de marcher loin pour aller m’informer. Avec mon téléphone je reste dans mon lit et je défile dans plusieurs sites, en plus des statuts whatsapp qui sont devenus comme des radios pour m’informer”, a soutenu le jeune homme de 27 ans.
Contrairement à Lamine Dieng, Pa Arfang Sané lui, est de ceux qui préfèrent la presse écrite. Deux journaux à la main, il s’entretient avec nous :
“Nous on est de la vieille école. Ce que nous connaissons c’est de nous informer par la radio, la télévision ou par les journaux. Maintenant il y a l’internet par lequel les jeunes peuvent s’informer mais pour nous, les journaux sont plus fiables, plus crédibles. De plus, je suis plus à l’aise en lisant dans un papier. Avec le papier, l’information est vivante, c’est comme si j’étais en contact direct avec l’information. Parfois mes fils me font lire une information avec leur portable mais c’est avec beaucoup de mal que je fais ça. C’est une lecture pénible, je me demande bien comment ils font pour être concentrés et avoir une lecture plaisante. En plus de cela, il faut le dire, un journal papier coûte moins chèr que de se renseigner sur internet. Avec 100 fcfa ou 200 fcfa, tu peux t’informer sur la politique, la culture, la société, l’environnement, le sport, etc. Alors que si c’est sûr internet, il te faudra 1.000f minimum pour acheter de la connexion, vous voyez la différence ? C’est vrai que le monde a eu des avancées mais vraiment moi, je préfère le papier que le numérique”, nous a laissé entendre l’homme âgé de 63 ans.
Alphousseyni Bâ, revendeur de journaux, nous explique:
“ La presse en ligne a totalement tué la presse écrite. Je ne te parle même pas de vente, mais rien que voir quelqu’un se mettre devant les journaux pour lire les Unes de presse est devenu rare. Avant de comprendre la cause de tout ça, je croyais que c’était parce que les gens ne s’intéressent plus à l’information ou qu’ils ne donnaient plus de crédibilité aux informations de la presse écrite. Mais en réalité, il n’en est rien de tout ça. C’est avec le temps que j’ai compris que les gens se sont tournés vers la presse en ligne. Avant, tu pouvais voir des inconnus venir acheter après lecture de ‘La Une’ d’un journal ou venir tout simplement acheter pour s’informer davantage sur une information reçue. Mais maintenant c’est chose rare de voir ça et ça se ressent sur nos chiffres d’affaires. Je continue de vendre des journaux parce que j’ai des personnes qui sont des abonnés. Tous les jours, elles viennent prendre un ou deux journaux et elles sont au maximum 7 personnes, toutes du troisième âge. C’est pourquoi vous me voyez vendre d’autres articles à la fois parce qu’avec seulement les journaux, je ne vais pas m’en sortir”, nous a confié notre interlocuteur de 32 ans.
Hadj Ludovic