Ouestafnews (en collaboration avec Dubawa) – Vingt candidats avaient été retenus le 20 décembre 2024 par le Conseil constitutionnel pour prendre part au premier tour de l’élection présidentielle sénégalaise. Engluée dans une polémique sur sa nationalité, la candidate, Rose Wardini avait fini par se retirer, laissant 19 concurrents en lice. Et à moins d’une semaine du scrutin, deux autres candidats en l’occurrence Cheikh Tidiane Dièye et Habib Sy ont aussi annoncé le retrait de leur candidature. Mais ces désistements n’ont pas encore été actés par le Conseil constitutionnel, laissant intacte la liste des 19.
Ouestaf News, en collaboration avec Dubawa, vous propose une biographie express de chacun de ces 19 candidats.
Né en 1958, Boubacar Camara est crayonné comme un homme très rigoureux. L’ancien directeur général des Douanes va, pour la première fois, solliciter le suffrage des Sénégalais. Toutefois, l’homme n’est pas un novice en politique. En tant que membre de la coalition « Jotna », il avait porté la candidature d’Ousmane Sonko en 2019 et dirigé sa campagne.
Sociologue du développement, Cheikh Tidiane Dièye est directeur de cours à l’Institut des Nations Unies pour le développement économique et la planification (Idep) et enseigne dans de nombreuses universités africaines. Autrefois militant dans la société civile, celui qui se réclame acteur politique indépendant, est membre fondateur de la Plateforme politique « Avenir Senegaal bi ñu bëgg (L’avenir du Sénégal que nous voulons en langue wolof) » dont il est le coordonnateur national depuis 2018.
Considéré par Ousmane Sonko comme un candidat alternatif, il est brillant dans ses interventions médiatiques et est décrit comme une personne très pragmatique. Né en 1972 à Ziguinchor, M. Dièye se singularise dans cette élection par sa posture de candidat derrière un candidat. D’ailleurs, après avoir battu campagne dans le cadre de la coalition DiomayePrésident,M. Dièye a finalement annoncé le retrait de sa candidature en appelant ses militants et sympathisants à voter pour Bassirou Diomaye Faye, désigné par Ousmane Sonko comme son candidat à l’élection présidentielle du 24 mars.
Ex-numéro 2 du parti Rewmi d’Idrissa Seck, Dethié Fall, 48 ans, a quitté cette formation au lendemain de l’entrée de son ex-mentor dans le gouvernement de Macky Sall. Il est, lui aussi, pris très au sérieux pour son sens de l’efficacité. L’ingénieur polytechnicien, membre de la coalition Yewwi (opposition), avait récemment marqué les esprits pour avoir arrêté les parrainages bien avant la date finale. Brillant intellectuel, le leader du Parti républicain pour le progrès (PRP) est un cerveau expérimenté en politique.
Le Professeur Daouda Ndiaye est un éminent scientifique de stature internationale et l’un des chercheurs les plus respectés dans le domaine du paludisme. Il dirige le département de parasitologie de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il est particulièrement connu pour ses interventions éclairées sur la Covid-19. Candidat indépendant originaire de Pikine, dans la banlieue dakaroise, il a réussi à se faire un nom non seulement dans le domaine scientifique, mais aussi dans le paysage politique sénégalais.
Le candidat Habib Sy a une carrière politique riche et diversifiée. Il a occupé plusieurs postes ministériels pendant le régime libéral, a été maire de Linguère (centre), ministre d’État et directeur de cabinet de l’ancien président Abdoulaye Wade. Formé en tant que commissaire aux enquêtes économiques, il a une solide expérience dans le domaine économique.
Sa candidature a reçu la bénédiction d’Ousmane Sonko, qui lui a assuré le parrainage parlementaire. Habib Sy était même envisagé par Sonko comme une solution potentielle pour surmonter un éventuel blocage de ses camarades de parti. Cette candidature est donc une sorte de consécration pour Habib Sy, reconnaissant son service rendu à Sonko. Il bat également campagne sur le projet décliné par le leader de l’ex parti Pastef. Comme Cheikh Tidiane Dièye, Habib Sy aussi a annoncé le retrait de sa candidature et a appelé à voter pour Bassirou Diomaye Faye.
Khalifa Sall, âgé de 68 ans, est un acteur politique sénégalais expérimenté. Leader du mouvement Taxawu Sénégal (se tenir débout pour le Sénégal, en langue wolof), il a servi plusieurs fois en tant que ministre sous la présidence d’Abdou Diouf et a été maire de Dakar de 2009 à 2018. Sa connaissance approfondie des rouages politiques fait de lui l’un des candidats les plus avertis du paysage politique complexe du Sénégal. Il avait manqué l’opportunité en 2019, mais cette fois-ci, il est déterminé à atteindre le palais présidentiel.
Anta Babacar, la fille du magnat de l’aviculture Babacar Ngom, est l’une des surprises de cette élection. En tant que candidate la plus jeune, elle croit fermement qu’il est temps de faire confiance à la jeunesse. Anciennement proche de Benno, elle a fait campagne pour le candidat Macky Sall en 2012. Maintenant, elle aspire à représenter le changement générationnel dans la politique sénégalaise.
À seulement 40 ans, la leader de l’Alternative pour la Relève Citoyenne (ARC) a déjà réussi à laisser sa marque dans l’histoire politique du Sénégal. Sa candidature symbolise un appel à la relève et à l’innovation.
L’ex Premier ministre et candidat de la coalition Benno bokk yaakaar, a la tâche ardue de convaincre les électeurs qu’il est le meilleur choix. Il doit démontrer qu’il n’est pas un candidat de substitution, mais qu’il a un programme solide à offrir à ses concitoyens.
Avec sa silhouette élancée, ses lunettes claires toujours présentes sur son visage aux traits fins, cet énarque de 63 ans a occupé divers postes clés dans l’administration. De la direction des Impôts et Domaines au ministère des Finances, en passant par les Affaires étrangères jusqu’à la Primature, Amadou Ba est un pur produit de l’administration. Surnommé « Bayal » par ses proches, il est considéré comme ayant une connaissance approfondie des rouages de l’État.
Idrissa Seck, 64 ans, ancien Premier ministre d’Abdoulaye Wade, tente pour la quatrième fois de devenir président. Il a échoué aux élections de 2007, 2012 et 2019, et a perdu du soutien à cause de ses tactiques politiques. Connu pour sa ruse, l’ancien président du Conseil économique, social et environnemental joue probablement son dernier atout.
Homme d’affaires prospère de 58 ans, Serigne Mboup est fier d’être un produit du Daara (école coranique traditionnelle). Il a rapidement remporté la mairie de la ville de Kaolack (centre), lors de ses débuts en politique. Après les élections locales de 2022, son ambition politique a augmenté. Ancien élève de « Koki », une célèbre école coranique à Louga, il veut changer les règles traditionnelles et appelle à un changement de paradigme.
Né le 22 septembre 1959 à Gossas (Fatick), il se lance pour la première fois dans la course présidentielle. Cependant, il a de l’expérience, ayant dirigé la campagne électorale des législatives de 2017 et la présidentielle de 2019 pour Macky Sall. L’ancien Premier ministre est fier de n’avoir jamais perdu une élection. Après avoir quitté le parti au pouvoir en raison du choix du président sur Amadou Ba, certains observateurs politiques pensent qu’il pourrait causer des problèmes. Il est actuellement très critique envers « le dauphin ».
Libéré de prison à dix jours du scrutin, Bassirou Diomaye Faye a de réelles chances de bousculer la hiérarchie. Ce jeune de 44 ans, va bénéficier de la machine électorale de la principale force de l’opposition, l’ex Pastef dont il fut le secrétaire général. L’inspecteur des Impôts et domaines, barbe bien taillée, allure frêle, est considéré à lui seul comme la boîte noire du parti dissous. Il pourra récolter l’aura de son mentor, Ousmane Sonko.
El hadj Mamadou Diao, plus connu sous le nom de Mame Boye Diao, est un homme déterminé. Il a refusé le choix du Président Macky Sall porté sur Amadou Ba. Après avoir annoncé sa candidature, il a été renvoyé de son poste de Directeur Général de la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC). En tant que maire de Kolda (sud), il a quitté le parti présidentiel pour suivre sa propre voie politique. Lui aussi inspecteur des impôts et domaines, Mame Boye Diao, 54 ans, souhaite œuvrer pour « Le Sénégal qui vient », qui est également le titre de son livre programmatique.
Aly Ngouille Ndiaye, un ancien membre important du régime, a démissionné de son poste de ministre de l’Agriculture le jour où Amadou Ba a été choisi comme candidat de la coalition Benno. En tant que maire de Linguère (nord-est), il est resté fidèle à ses convictions et compte principalement sur son expérience.
À 60 ans, celui qui a également été ministre de l’Énergie, des Mines et de l’Industrie et a passé trois ans à la tête du ministère de l’Intérieur, est respecté pour sa connaissance de la cartographie électorale. Il est diplômé en génie civil de l’École polytechnique de Thiès.
Thierno Alassane Sall, connu pour être non-conformiste, a démissionné de son poste de ministre de l’Energie en 2017 en raison de ses préoccupations concernant les atteintes aux intérêts stratégiques du Sénégal dans le dossier du pétrole et la direction prise par le régime de Macky Sall. Il est également connu pour avoir révélé la double nationalité de Karim Wade.
À 61 ans, Thierno Alassane Sall, connu pour son tempérament et son sens de l’orthodoxie, se présente pour la première fois aux élections. Originaire de Thiès, cet ingénieur des télécommunications espère bénéficier de son expérience.
Aliou Mamadou Dia, bien qu’inconnu de nombreux Sénégalais, est le candidat du parti de l’unité et du rassemblement (PUR). En tant que fonctionnaire international, son premier défi est de se faire connaître, même s’il représente un parti politique avec des militants dévoués : les Moustarchidines. Ces derniers sont connus pour leur loyauté envers leur guide, Serigne Moustapha Sy. Il a la possibilité de retrouver l’électorat de 2019, bien que beaucoup de choses aient changé depuis.
Papa Djibril Fall est un journaliste et communicateur qui a rapidement gagné une réputation en politique et a été élu député. Même sans le soutien d’une grande organisation électorale, il croit qu’il est la « dernière chance » pour le Sénégal. Il est décrit comme quelqu’un de discret et bien organisé.
Economiste expérimenté, il est le président du Mouvement Tekki (La réussite, en langue wolof). Il est député, ingénieur diplômé de l’École Polytechnique de Paris et de l’École des Mines de Paris. En tant que docteur en économie, il critique souvent le gouvernement. Il pose régulièrement des questions orales et écrites au parlement, montrant sa rigueur. Il n’hésite pas à poser des questions difficiles aux ministres sur des sujets d’actualité et d’importance nationale. Il s’agit de sa deuxième tentative, la première ayant eu lieu en 2007.
L’ancien ministre des Sports et du Commerce, qui fut le numéro 2 de l’Alliance des forces du progrès (Afp) de Moustapha Niasse, a réussi à obtenir les parrainages nécessaires pour cette élection présidentielle. Ce docteur en économie, spécialiste en politique de développement, se voit comme le « candidat de la concorde nationale et de la paix sociale ». Originaire de Guédiawaye, il ne veut pas limiter ses ambitions à la banlieue, mais vise tout le Sénégal avec son Grand parti.