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L’idée m’est venue d’une question d’une journaliste du quotidien L’Observateur, Codou Badiane. Elle sollicitait mon analyse sur l’attitude d’Amadou Ba vis-à-vis de son mentor. Pouvait-il tenir un discours de rupture par rapport à la gouvernance de Macky Sall ?

J’ajoute : peut-il s’émanciper de son leader pour devenir le nouveau candidat de la majorité et non pas une simple doublure du président sortant.

Amadou Ba s’est déjà inscrit dans la continuité. Il devra par conséquent assumer le bilan du président Macky Sall dont le Plan Sénégal Emergent. Comme il est en train de le faire en tant que Premier ministre. Rien de surprenant donc que son discours ne soit point de rupture.

Le problème se situe ailleurs.

En effet, Amadou Ba peine à assumer pleinement son statut de candidat de la majorité.

Deux raisons peuvent l’expliquer :

D’une part, la présence encore à ses côtés du chef de l’Etat jusqu’à l’issue du scrutin du 25 février prochain. Le Premier ministre devra encore faire profil bas jusqu’à son éventuelle victoire en 2024. Son départ de la primature serait peut-être la meilleure formule pour avoir un semblant d’indépendance. Il pourrait ainsi s’extirper de la tutelle notamment administrative du chef de l’Etat, mais perdrait, en revanche, les avantages liés à son statut de Premier ministre durant la campagne électorale.

D’autre part, le débat qui a prévalu sur la légitimité et la loyauté d’Amadou Ba avant sa désignation comme candidat de Benno Bokk Yakaar n’est pas pour lui rendre service.

Au lieu de s’affirmer, le Premier ministre est trop prudent, trop calculateur même dans son discours afin d’éviter toute suspicion de trahison de son mentor.

Ses adversaires guettent le moindre écart de langage, le mouvement de trop pour dénoncer une velléité d’émancipation vis-à-vis de son bienfaiteur. Conséquence : Amadou Ba manque d’audace et son discours a du mal à entrer dans les cœurs.

Pourtant, sa loyauté et sa légitimité ne devraient plus souffrir d’ambiguïté, depuis qu’il a été nommé et confirmé au poste de Premier ministre puis, désigné porte étendard de la majorité à la prochaine Présidentielle. Quelle garantie de plus lui faut-il montrer à ses contempteurs ?

Il est temps qu’il se libère et sorte de ce carcan que ses adversaires veulent l’enfermer.

Son seul défi devrait être aujourd’hui de perpétuer le legs positif de Macky Sall, et de nous rassurer quant aux voies et moyens qu’il compte mettre en œuvre pour combler son passif.

Pour cela, les électeurs dont l’écrasante majorité n’est affiliée à aucun parti politique, attendent de savoir quelle sera la TOUCHE AMADOU BA.

Babacar DIONE