L’apparente baisse de tension après les troubles qui ont secoué le Sénégal au début du mois est un soulagement pour les milieux d’affaires. Car ce sont les entrepreneurs et les petits artisans qui ont payé au prix fort, les conséquences de ces émeutes. Pour ne citer qu’eux, les hôteliers assistent à une vague d’annulations de clients européens et d’organisateurs des Salons et des congrès, effrayés par les vidéos du chaos qui ont circulé dans les médias. Le tourisme, c’est 6,7% du PIB. S’il s’effondre, les pertes d’emplois se chiffrent en dizaines de milliers.
Au-delà, les dégâts sur le risque pays sont incommensurables, et pas qu’auprès des investisseurs étrangers. Bien des entrepreneurs sénégalais ont sans doute gelé leurs projets en attendant de voir comment la situation évoluera d’ici l’élection présidentielle de février 2024.
Quel que soit leur bord politique, les Sénégalais ne peuvent laisser s’installer le doute sur la stabilité de leur pays. Quel que soit leur bord politique, ils doivent tous se retrouver autour de ce qui doit être leur dénominateur commun, à savoir l’intérêt supérieur de la Nation. Plus que le pétrole et le gaz que le pays va bientôt exploiter, la sécurité et la paix ont été jusqu’à présent l’avantage concurrentiel du Sénégal dans une région du Sahel en proie au terrorisme islamiste et à l’instabilité politique. Le changement de perception que les investisseurs pourraient avoir de ce pays est le plus grand danger.
Les courtisans de Macky Sall, ceux-là mêmes qui poussaient son prédécesseur au troisième mandat, doivent cesser de jouer aux pyromanes. Et Ousmane Sonko doit en finir avec sa posture insurrectionnelle s’il aspire vraiment au statut d’homme d’État.
Abashi SHAMAMBA
Docteur en sciences économiques et journaliste économique depuis plus de 25 ans au Maroc. En plus de son activité de conseil, il enseigne également à l’université.