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Les conséquences économiques des violentes manifestations notées ces temps-ci, à Dakar et dans les régions,  sont énormes. Les petits commerces, les grandes surfaces, le secteur du transport, entre autres, subissent les effets de ce phénomène dû notamment à l’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko.

Au lendemain des manifestations de la semaine dernière  occasionnées par le procès Adji Sarr-Ousmane Sonko, presque toutes les activités étaient à l’arrêt. Trouvé devant son atelier de réparation de véhicules sis aux Parcelles-Assainies, le mécanicien Arfang Thior (nom d’emprunt), la quarantaine, est l’un des rares propriétaires à ouvrir son garage.

 »Depuis ce matin, on n’a repéré aucune machine. On n’a rien à faire. On est fatigué’’, se désole-t-il. Il est 17 h, mais le technicien n’a pas vu l’ombre d’un client. Suite aux actes de vandalisme découlant des échauffourées entre manifestants et forces de l’ordre, bon nombre d’automobilistes et de conducteurs de cyclomoteurs n’ont usé leur machine. ‘’Vous voyez comment la circulation est fluide. Presque aucune voiture ne roule’’, reprend M. Thior. 

 Oumar Ndiaye est son collègue. Il note un manque à gagner énorme. ‘’Les politiciens nous fatiguent’’, dit-il, demandant que l’on mette un terme à l’affaire Adji Sarr-Ousmane Sonko. ‘’Il faut arrêter avec cette affaire. Depuis trois ans, chaque fois que ce conflit  judiciaire est soulevé, les problèmes surgissent de nulle part. Ça n’en vaut pas la peine’’, remarque M. Ndiaye.

Au-delà du manque à gagner, cette situation engendre des problèmes de mobilité. Parce que les bus publics ainsi que les stations-service sont aussi dans le viseur des manifestants.  »Nous ne sommes pas d’accord pour les casses. Lorsque les manifestants s’attaquent aux stations d’essence, par exemple, on a de sérieux problèmes pour s’approvisionner. Je ne me suis pas déplacé avec ma moto, faute de carburant. Je dois rentrer jusqu’à Tivaouane Peulh. Et c’est difficile de trouver une voiture, se désole-t-il. 

Marchand ambulant au marché Dior, Ousmane Maal subit lui aussi les effets de ces manifs.  »On veut gagner notre vie. Mais les manifestations nous empêchent de travailler.  Parfois ça, nous tombe dessus. Et on a des difficultés pour transporter nos marchandises ou les mettre à l’abri’’, soutient le jeune homme qui tend une robe aux passants. À un jet de pierre, le supermarché Auchan est fermé. L’enseigne ‘’Bonjour’’ est cassée. Cela renseigne sur la fureur des manifestants qui étaient de passage. La station Totale, quant à elle,  reste ouverte. Les  pompistes qu’on y trouve vivent dans une peur bleue. Ils craignent surtout pour leur avenir.  »Nous sommes paniqués à chaque période de manifestations. On a peur pour notre avenir. Un avenir sombre’’, s’alarme  le pompiste que l’on surnomme l’Ancien. Il demande au président de la République de régler ce problème. Parce que, dit-il, la paix est la première phase de la sécurité.

Chauffeurs de taxi et conducteurs de ‘’thiak thiak’’ au chômage partiel

Il est 19 h. Chauffeur de taxi, Basse Anta Diop s’apprête déjà à rentrer chez lui. Il ne veut  prendre aucun risque.  »En ces périodes-là, dès le crépuscule, je gare ma voiture. Le lendemain, dès que les manifestations reprennent, j’arrête de conduire », dit-il.

Pape Diop, chauffeur, palabre avec des amis au garage clando Dior-Yoff. Il se désole des saccages.  »C’est nous qui payons les pots cassés. Il faut surtout éviter d’empêcher les Sénégalais de travailler », dit-il, soulignant que ce sont nos compatriotes qui sont employés dans les grandes surfaces et les stations d’essence. Son camarade Birame Fall, taximan âgé de 25 ans, n’a également  pas pris service.  »Ce qui me fait de la peine, ce sont les pertes en vies humaines », dit-il.

De son côté, Mor Diop, assis sur un bidon à côté de quatre scooters alignés devant un atelier de réparation, est préoccupé par autre chose. Chapelet à la main, vêtu d’un polo bleu et d’un super jean noir, il est conducteur de ‘’Thiak-thiak’’. Lui aussi n’a pas travaillé après les dernières manifestations.  »Macky Sall avait dit qu’il allait mettre le coude sur les dossiers brûlants pour apaiser. Alors pourquoi il ne le fait pas  pour ce dossier-là qui est en train de mettre le pays à feu et à sang ? », dit le jeune homme. ’’J’ai garé mon engin le temps que cette tempête passe un peu. C’est plus sûr », dit-il. Le manque à gagner semble ne pas l’effrayer. ‘’Qu’on reste une semaine sans travailler, ça m’est égal. L’essentiel, c’est que Macky parte. Une fois parti, on se met à reconstruire le pays », a-t-il ajouté.

L’un de ses compagnons est du même avis. ‘’Quoi qui puisse arriver, il faut que Sonko soit éligible pour l’élection présidentielle de 2024 », martèle-t-il. ‘’Aujourd’hui, beaucoup n’ont pas bossé parce qu’une manifestation a été annoncée », constate Abdoulaye Sy, vendeur de lunettes, de montres et d’accessoires de téléphones portables trouvé à Yoff. 

La situation est telle qu’à chaque tenue d’un procès de Sonko, les écoles ferment.

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