Le Sénégal veut en finir avec les subventions de l’électricité et du carburant, d’ici à 2025
par mamadouly4435 | Jan 10, 2023 | Economie |
Le Sénégal veut en finir avec les subventions de l’électricité et du carburant, d’ici à 2025
Dakar, 9 jan (APS) – Le gouvernement sénégalais s’est engagé à supprimer d’ici à 2025 les subventions de l’électricité, du supercarburant et du gasoil en mettant en œuvre une stratégie comprenant six étapes, a appris l’APS de source officielle.
‘’Notre objectif est de limiter les subventions dans l’enveloppe budgétaire 2023 à 2,7 % du produit intérieur brut. Cela implique de réduire le coût des subventions de 258,1 milliards en 2023’’, explique une note d’information parvenue à l’APS.
S’agissant de l’électricité, le gouvernement a décidé d’augmenter les tarifs de 18,97 francs CFA par kilowattheure, pour la basse tension (segment représentant 99,8 % de l’effectif de la SENELEC), de 22,79 francs par kilowattheure pour les clients de la moyenne tension (essentiellement des entreprises) et de 14,31 francs par kilowattheure pour la haute tension (neuf entreprises industrielles et le Train express régional).
Ce réajustement tarifaire devrait entrainer une économie de 99,7 milliards de francs CFA pour le budget de l’Etat, indique la même source. Elle signale qu’un ‘’tarif social’’ sera appliqué aux clients consommant habituellement moins de 150 kilowattheures par mois (1.159.146 clients de la SENELEC, soit 47,8 % de l’effectif total), afin de préserver les ménages vulnérables.
Une baisse de 158,5 milliards de francs de la subvention en 2023
Le gouvernement a aussi fait part de sa volonté d’ouvrir des négociations pour arriver à des mesures d’accompagnement permettant d’atténuer les effets de la hausse des tarifs de l’électricité sur la compétitivité de certaines entreprises.
Les prix du supercarburant et du gasoil ont ainsi été augmentés dans les proportions suivantes : une hausse de 100 francs sur le prix du litre de gasoil, qui passe de 655 à 755 francs, soit le même niveau d’augmentation que le litre de supercarburant, qui passe de 890 à 990 francs CFA.
La note d’information souligne que ces mesures permettront de diminuer de 158,5 milliards de francs CFA la subvention dont bénéficie le secteur énergétique. Des mesures d’accompagnement sont également envisagées pour le secteur des transports publics, annonce-t-elle.
‘’Le gouvernement versera des subventions aux transporteurs pour limiter les effets de la hausse, pour éviter qu’elle ne se répercute sur les voyageurs, autrement dit les ménages les plus vulnérables’’, informe la même source.
Elle explique que pour prévenir les risques de fraude, les transporteurs devraient accepter de faire implanter dans leurs véhicules, par les services de l’Etat, un dispositif technologique permettant de retracer au kilomètre près les moindres déplacements.
La note d’information signale que les taxis urbains, des ‘’moyens de déplacement des classes favorisées’’, sont exclus de cette subvention.
Augmentation de 35 à 50 milliards francs CFA de l’enveloppe réservée aux bourses de sécurité familiale
Le gouvernement va poursuivre en même temps les transferts monétaires dont bénéficient les ménages les plus pauvres, avec une augmentation de 35 à 50 milliards de francs CFA du budget alloué aux bourses de sécurité familiale, dès 2023.
Il s’engage à revoir la formule permettant de déterminer les prix du carburant.
Le gouvernement affirme que son objectif est d’assurer que les prix à la pompe tiennent davantage compte des marchés internationaux, tout en menant une étude destinée à réviser la structure des tarifs de l’électricité.
La troisième phase de la stratégie va porter sur le renforcement du dispositif des transferts monétaires, dans le but de déployer rapidement les compensations aux ménages vulnérables en cas de chocs sur les prix des produits pétroliers, mentionne la même source.
Elle précise que la quatrième étape s’articulera autour d’une campagne de communication destinée à accroître la compréhension de ces mesures pour le public. ‘’Cette campagne informera le public des inconvénients des subventions existantes et des avantages de la réforme.’’
Le gouvernement a décidé, dans une cinquième phase, de réduire l’enveloppe des subventions à 1 % du produit intérieur brut au plus en 2024. Celles-ci sont évaluées à 2,7 % du produit intérieur brut dans l’exercice budgétaire 2023.
Ces mesures sont en définitive destinées à supprimer définitivement, dans la phase suivante, les subventions en 2025.
Les subventions sur l’électricité seront supprimées à cette date, tandis que les ménages vulnérables seront protégés à l’aide de transferts monétaires ou de financements croisés par les autres consommateurs, ajoute la même source.
Sept cent cinquante milliards de francs CFA pour les subventions de l’électricité et des produits pétroliers en 2022
S’agissant du supercarburant et du gasoil, les mécanismes d’ajustement des prix s’appliqueront pleinement et favoriseront la cohérence des coûts, avec l’évolution des prix internationaux.
Le gouvernement rappelle qu’actuellement les subventions de l’électricité, des produits pétroliers (essence, supercarburant et gasoil) et du gaz butane représentent 4 % du produit intérieur brut du pays.
Selon lui, la subvention de l’électricité prend la forme d’une compensation tarifaire à verser à la SENELEC. ‘’Dans les conditions économiques actuelles, cette subvention devrait coûter 279,8 milliards de francs CFA à l’Etat en 2023’’, estime-t-il.
La subvention des produits pétroliers et du gaz, basée sur le remboursement des pertes commerciales supportées par les compagnies obligées de vendre à des prix inférieurs au prix du marché, pourrait atteindre 524,7 milliards de francs CFA en 2023, si aucune mesure n’est prise pour la contenir, avertissent les autorités.
Elles précisent qu’au total, les subventions des produits pétroliers et du gaz franchiront la barre des 800 milliards de francs CFA en 2023, après avoir coûté 750 milliards en 2022, si aucune stratégie n’est mise en place.
‘’Ces subventions sont fortement régressives et limitent les marges de manœuvre budgétaires pour des dépenses sociales (santé, éducation) et les infrastructures prioritaires’’, soutient le gouvernement.AKS/ASG/ESF