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LA MASSE SALARIALE DE L’ÉTAT DANS LA SPHÈRE ÉCONOMIQUE : L’effet d’éviction et l’effetrattrapage Par Moustapha DIAKHATÉ

La masse salariale des agents de l’État représente une part importante des dépenses publiques au Sénégal. L’Etat, premier employeur du Sénégal avec plus 120 000 fonctionnaires – de vrais privilégiés – qui se partagent 1 273 milliards de FCFA inscrits dans le budget général 2023 selon le PM qui le déclarait hier durant sa DPG. On en déduit ainsi une allocation de 20% du budget annuel à la fonction publique ou encore 10% du PIB national. La croissance brusque de la masse salariale de nos administrations contraste avec un rythme de taux de croissance réel presque négatif depuis 2019. La masse salariale explose, déjà en 2021 le projet de loi de Finances fixait la masse salariale à 904,9 milliards de F CFA, contre 817,7 milliards de FCFA en 2020. Le saut de 400 milliards de FCFA entre 2019 à 2023- 20% en glissement sur 3 ans – montre une progression des charges du personnel de l’État insoutenable. Nos fonctionnaires sont-ils plus performants et plus productifs par rapport aux missions de service public, en tout cas dans nos écoles et universités, dans nos hôpitaux et pour notre sécurité publique ; nous sommes très loin des minimas de qualité de service rendu alors que selon le PM nous continuons de recruter de nouveaux fonctionnaires et d’augmenter les indices, les indemnités ou primes. Nous payons plus de salaires et de dette que nous investissons pour l’avenir de ce pays. L’emploi compétitif correspond à un besoin économique de l’administration ou d’une entreprise du secteur privé. Sa création obéit ainsi à la règle immuable de l’offre et de la demande, contrairement aux nouveaux postes de l’administration publique au Sénégal qui répondent plus à des logiques d’insertion et de partage de revenus en faveur d’une partie de la population active inoccupée. Il n’existe pas de lien systématique entre la part de l’emploi public dans l’emploi total et les performances du marché du travail. Les constats empiriques suggèrent même, qu’à terme, les effets de la création d’emplois publics sur l’emploi et le chômage sont fonction des caractéristiques des emplois créés (nature de l’emploi, secteur d’activité…) et des spécificités structurelles des économies. Nous clamons une transformation structurelle de notre économie ainsi par exemple avons-nous plus de chercheurs industriels, plus d’enseignants de qualité ; plus d’ingénieur et technicien agricole ; etc… le recrutement d’agents de sécurité de proximité et d’auxiliaires des eaux et forêts sans formation adéquate ni statut clair avec souvent des salaires mieux que le technicien de bâtiment dans une entreprise privée de BTP déclenche le mécanisme de base de l’éviction exercée sur le marché du travail avec une pression sur les salaires du secteur privé qui doivent forcément augmenter pour rattraper les salaires de la fonction publique hors dans le sphère privée le salaire est corrélé à la productivité réelle. En conséquence le secteur privé – créateur de richesse véritable- voit sa productivité globale baisser du fait des travailleurs qui sont tentés de migrer vers le secteur public ou l’administration pour profiter des postes créés et surtout des salaires qui augmentent plus rapidement.

Le marché de l’emploi est ainsi déstructuré par les recrutements non économiques de l’État et par sa masse salariale. L’intensité de l’éviction accentue les disparités entre le public et le privé à travers l’attrait du secteur public pour les demandeurs d’emploi, du degré de substituabilité des productions publique et privée, de la pression fiscale exercée et du type d’emplois publics in fine. 

La logique keynésienne encouragerait le recrutement tous azimuts pour stimuler la demande locale dans un contexte de baisse de l’activité économique cependant cet enchaînement est valable pour les économies productrices de biens de consommation, malheureusement l’effet multiplicateur de la dépense n’est pas observable dans nos économies non – industrialisées ou peu transformatrice, en effet toutes les denrées sont importées, l’oignon, l’huile et le riz viennent de la hollande et l’inde etc… La fluidité du marché du travail est essentielle pour notre pays ou le chômage est massif et le taux d’activité de notre population active de 8 000 000 d’adultes dépasse rarement 40% tout secteur confondu. L’état doit articuler son intervention autour de l’efficacité de sa régulation à travers une fonction publique performante capable d’infuser vigueur et dynamisme dans le tissu socio- économique global.Moustapha DIAKHATÉ,Ex Cons. Spécial PM,Expert et Consultant Infrastructures