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Toujours plus lourd, le fardeau de la dette des pays les plus pauvres

https://www.financialafrik.com 62 milliards de dollars dont plus de 66% dus à la seule Chine. C’est le montant du service de la dette des pays les plus pauvres en 2022. Selon le nouveau rapport sur la dette internationale de la Banque mondiale, ce montant est en augmentation de 35% sur une année soit la plus forte progression depuis 2000, peu après le lancement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE).

Les pays les plus pauvres sont ceux éligibles aux financements de l’Association internationale de développement (IDA), le guichet concessionnel de la Banque Mondiale. Fin 2021, la dette extérieure de ces pays s’élevait à 9 000 milliards de dollars, soit plus du double de son montant d’il y a dix ans. Le rapport estime que 60 % des pays les plus pauvres sont actuellement exposés à un risque élevé de surendettement ou sont déjà surendettés.

Le document révèle ainsi qu’à la fin de l’année 2021, les paiements du service de la dette extérieure à long terme publique et garantie par l’État des pays éligibles à l’IDA s’élevaient à 46,2 milliards de dollars, soit l’équivalent de 10,3 % de leurs exportations de biens et services et de 1,8 % de leur revenu national brut (RNB). Ces pourcentages sont en nette augmentation par rapport à 2010, quand ils étaient respectivement de 3,2 % et 0,7 %. En 2022, le service de la dette des pays IDA devrait augmenter de 35 % pour atteindre plus de 62 milliards de dollars, c’est-à-dire l’une des plus fortes progressions annuelles de ces deux dernières décennies. La Chine devrait représenter 66 % des paiements dus au service de la dette publique bilatérale dans les pays IDA. L’Empire du Milieu qui a pourtant officiellement annulé la dette de nombreux pays africains reste le principal prêteur bilatéral des pays IDA fin 2021 avec 49 % de leur encours de dette bilatérale, contre 18 % en 2010. Face à la forte montée du service de la dette aggravée par la hausse des taux d’intérêt, la Banque Mondiale conseille de privilégier certaines dépenses. « La crise de la dette à laquelle sont confrontés les pays en développement s’est aggravée », souligne le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass. « Une approche globale est nécessaire pour résorber la dette, accroître la transparence et faciliter une restructuration plus rapide, afin que les pays puissent privilégier les dépenses qui soutiennent la croissance et réduisent la pauvreté. À défaut, de nombreux pays et leurs gouvernements seront en butte à une crise budgétaire et à l’instabilité politique, et des millions de personnes sombreront dans la pauvreté. » La croissance mondiale a fortement marqué le pas en 2022. Alors que le monde est confronté à un resserrement général des politiques monétaires et budgétaires sans précédent depuis 50 ans, le risque d’une récession planétaire l’année prochaine s’est amplifié. La dépréciation des devises a aggravé la situation de nombreux pays en développement dont la dette est libellée en dollars. Par conséquent, l’amélioration du ratio dette/RNB en 2021 est probablement temporaire. Au cours de la dernière décennie, la composition de la dette des pays IDA a considérablement changé. Ainsi, la part de la dette extérieure contractée auprès de créanciers privés a fortement progressé  : fin 2021, les économies à revenu faible et intermédiaire devaient 61 % de leur dette publique et garantie par l’État à des prêteurs privés, soit une augmentation de 15 points de pourcentage par rapport à 2010. Dans les pays éligibles à l’IDA, 21 % de la dette extérieure était due à des créanciers privés à la fin de l’année dernière, soit 16 points de plus qu’en 2010.