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Barthélémy Diaz et Guy Marius…les kamikazes de Sonko

Au regard des derniers excès de Barthélémy Diaz et Guy Marius Sagna et autres énergumènes de la scène politique, on ne peut s’empêcher de penser aux travaux de Joseph Overton qui permettent d’identifier la sphère d’acceptabilité des idées dans l’espace public, appelée fenêtre d’Overton. Cette fenêtre n’est pas figée et au fil du temps elle a beaucoup évolué. On peut tous constater que ce qui pouvait être impensable il y a encore 50 ans est devenu une banale réalité. Overton explique le processus par lequel la fenêtre s’élargit en fonction de la stratégie de différents acteurs comme les médias, les activistes, les polémistes et on pourrait aujourd’hui ajouter les réseaux sociaux. Les étapes de ce processus se décrivent comme suit :
  1. de l’impensable au radical
  2. du radical à l’acceptable
  3. de l’acceptable au raisonnable
  4. du raisonnable au populaire
  5. du populaire au programme de politique publique
Essayons-nous à l’analyse de l’évolution des idées et des comportements des acteurs politiques au Sénégal à la lumière des travaux d’Overton. De la déclaration de Sonko soutenant qu’il serait légitime de fusiller les anciens présidents du Sénégal, puis son appel assumé à l’insurrection pour aller déloger le Président Sall jusqu’à sa promesse du « niafal-niafal » acclamée par la foule lors de la campagne des législatives, on observe un glissement subtile et progressif de l’impensable vers ce qu’ils appellent un programme politique de bonne gouvernance. Beaucoup de nos compatriotes sont néanmoins encore sceptiques voire effarouchés par la brutalité de ses propos. Et c’est là où entrent en jeu les francs-tireurs comme Diaz et Sagna. Ces deux-là n’ayant probablement pas les mêmes prétentions que Sonko, n’ont aucune gêne à se donner en spectacle et à pousser encore plus loin les limites de l’impensable se comportant comme de vulgaires nervis, pour emprunter l’expression à Diaz lui-même. Mais comme ils se sont adjugés le rôle de justiciers du peuple, leurs comportements sont à peine considérés comme de la radicalité et certains estiment même qu’ils sont légitimes et héroïques face à ceux qu’ils désignent comme étant les ennemis du peuple. Et quoi de plus noble que de combattre les ennemis du peuple ? Ainsi le tour est joué, ils ont renversé les rôles, ce ne sont pas eux les agresseurs, mais plutôt ceux qui avaient par exemple promis de régler les problèmes des inondations et qui ne l’ont pas fait et auraient dilapidé les maigres ressources des sénégalais. Puis ils enfoncent le clou en tentant de mettre à mal le peuple qui souffre avec toute presse qui oserait critiquer leur méthode, d’où la sortie de Diaz contre GFM au mois de septembre devant un Pape Ngagne Ndiaye qui ne nous avait pas habitués à le voir intimidé.

La violence physique et verbale jadis condamnée est devenue populaire et la liberté de la presse jalousement défendue auparavant est menacée comme en témoignent les saccages de TFM l’an dernier.

Guy Marius quant à lui promet qu’à chaque fois qu’un projet de loi qui ne le satisfait pas sera présenté à l’Assemblée, il confisquera l’urne ! Quelle drôle de conception de la démocratie ! Des militants de Pastef vont sur les plateaux pour clasher et invectiver leurs protagonistes sans parler de la violence inouïe dans les réseaux sociaux. Le plan est de faire sauter les dernières digues de résistance et d’installer un sentiment d’insécurité chez ceux qui pensent autrement. Les débats intellectuels féconds et la floraison philosophique opposant la gauche des Maoïstes, Socialistes, Trotskistes, et autres communistes aux libéraux et théoriciens du capitalisme, ont été remplacés par les révolvers et le « guerriérisme » des hommes politiques d’aujourd’hui. Au diable la réflexion, place à la colère et à la violence. Tel semble être leur marqueur idéologique, l’identité remarquable du populisme. À cela s’ajoute un élément de langage, il faut dire Macky Sall mais Président Ousmane Sonko! Le culte du chef est poussé à son paroxysme, il n’a même plus besoin de beaucoup s’exprimer, à la limite il n’a plus besoin du parti, il est devenu plus fort que le parti, il ne souffre d’aucune contestation ni remise en question de quoi que ce soit. Selon Lou Safra, professeure à Sciences Po Paris, « des expériences ont montré qu’induire un sentiment de colère chez des participants entraînait une préférence pour les candidats perçus comme plus dominants. Ces résultats indiquent que l’expression de la colère chez les candidats populistes pourrait également être un moyen de séduire les électeurs eux-mêmes en colère. » Sonko est dominant c’est un fait et qu’il soit populiste ne fait pas grand doute. Il promet énormément de choses sans jamais dire comment il s’y prendrait ni avec quels moyens techniques, financiers et humains. Le comble du populisme est de faire un programme sans le chiffrer ! Un autre aspect du populisme le caractérise, il parle toujours de la volonté du peuple qu’il oppose aux institutions pour lesquelles il n’a aucun respect. C’est connu, les dictateurs ont toujours tenté de légitimer leur actes par cette volonté populaire, en s’arrogeant le droit d’être les seuls autorisés à la traduire . Or la volonté du peuple doit s’exprimer dans un cadre légal, c’est cela l’état de droit.  Mais cela importe peu pour lui, la fin justifie les moyens. Enfin, il essaie de prendre de la hauteur en étant loin des excès de ses kamikazes Guy Marius et Barthélémy. Il apparaît alors comme un homme politique certes fort de caractère mais raisonnable et même un bon fils, lui qui avait obéi à sa maman en juin dernier et renoncé à une manifestation qui aurait pu semer le chaos, ndeyssane! On en oublierait presque que pour sauver sa peau, il avait appelé à un combat mortel et promis une deuxième vague plus dévastatrice pendant que des familles enterraient leurs enfants.

« And The last but not the least », des activistes « boul falé » ont pour mission de démystifier les chefs religieux, au cas où ils auraient des envies de ndigueul et d’appels au calme.

Ne nous y trompons pas, Diaz, Sagna et autres agitateurs extrémistes sont les bras armés de gens qui n’ont pas beaucoup d’état d’âme et qui déroulent une stratégie bien pensée de conquête du pouvoir même si cela doit se faire au détriment de la paix, de la stabilité, de la cohésion, de la liberté et de la démocratie au Sénégal, c’est en tout cas leur solution pour arriver à leurs fins, quant aux solutions pour le Sénégal, pourquoi s’y attarder puisque personne ne le leur demande ? Mais les populistes et les extrémistes sont toujours rattrapés par la réalité une fois au pouvoir et l’histoire nous enseigne que les méthodes qu’ils emploient pour y rester font froid dans le dos.Abdou Salam, Un patriote