Décès de l’ancien premier Président de la Cour de cassation : Guibril camara,le magistrat «réformateur», s’en est allé
http://lesoleil.sn La magistrature est en deuil. Guibril Camara, ancien Premier Président de la Cour de cassation du Sénégal (2001-2007), est décédé, hier, des suites d’une maladie.
Magistrat émérite, Guibril Camara a tiré sa révérence, hier. Ancien membre et vice-président du Comité des Nations unies contre la torture (Cat) de 1996 à 2007, le défunt a consacré toute sa carrière dans la magistrature sénégalaise. Procureur général près la Cour de Cassation, depuis sa création, en 1992, il a été promu, le 18 juin 2001, Premier Président de ladite juridiction, en remplacement de Mme Andrézia Vaz.
En 2007, Me Abdoulaye Wade, alors Président de la République, avait voulu prolonger le mandat de Guibril Camara pour trois ans. Mais devant la levée de boucliers que cela avait suscité au niveau de l’Union des magistrats du Sénégal (Ums), le haut magistrat avait jeté l’éponge.
Réformes
Toutefois, profitant de son expérience de longue coopération avec les hautes juridictions de par le monde, il a réussi à ébaucher, durant son magistère, des axes de réforme de la haute juridiction en vue de la faire adapter aux réalités modernes et surtout de rendre ses formations plus efficaces.
C’est ainsi que non seulement le rôle et la place du parquet général dans le travail de la Cour a été précisé, mais encore cette juridiction voudrait élargir le nombre de magistrats qui siègent en formation collégiale. Ainsi, au niveau de la Cour de cassation du Sénégal, seuls trois magistrats siégeaient à l’audience, comme c’est le cas dans les autres ordres juridictionnels, alors que, de par le monde, les juridictions de cassation siègent avec des formations d’au moins cinq magistrats. Aussi un système de contrôle de l’activité des magistrats a été mis en place pour plus de diligence dans le traitement des dossiers.
Toujours dans son élan d’innovation, Guibril Camara, qui est décrit comme un « magistrat réformateur », se demandait « s’il ne faudrait pas un jour briser, surtout à la Cour de cassation, la sacro-sainte règle du secret des délibérés et autoriser l’énoncé des opinions individuelles de la minorité, ce qui ne ferait qu’enrichir le droit et apporter plus de transparence ».
Finalement, une Cour suprême, née du regroupement du Conseil d’État et de la Cour de cassation, a été créée, le 7 août 2008, à travers l’adoption de la loi organique n° 2008-35 prenant en compte une bonne partie des réformes annoncées par Guibril Camara.
A rappeler que le défunt était également le président de l’Association africaine des hautes juridictions francophones (Ahjucaf), qui comprend cinquante cours judiciaires suprêmes.Il repose désormais au cimetière musulman de Yoff.