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Courage Mimi PAR L’ÉDITORIALISTE DE SENEPLUS, DEMBA NDIAYE

Ta longue marche vient seulement de commencer. Permets-moi tout de même de douter de ce qui semble être ta stratégie : quitter le groupe parlementaire de Benno pour devenir députée non inscrite tout en restant à l’APR ? Toutes celles et tous ceux qui te veulent du bien et te savent (te croient) courageuse et battante ne peuvent te dire que : « courage Mimi, ce n’est que le début.. » Et comme il se dit que dans une autre vie (ta jeunesse) tu fus une sportive, une athlète prometteuse, j’ajoute que tu viens de démarrer une course de fond de plusieurs kilomètres (plus longue et plus pénible que ta randonnée de cinq milles kilomètres et des poussières de la campagne des législatives de juillet dernier) et non un sprint de 100 m haies… Parce que vois-tu, alors que pour ta randonnée électorale tu avais le soutien (hypocrite pour certains) d’une monstrueuse caravane de l’écurie APR-Benno, qui tenait le parapluie en cas de pluie, veillait à ce que ta glacière dans ton blindé électoral ne se vide jamais, des personnes qui te servaient de miroir pour la bonne tenue de ton « moussor » royal, d’autres qui te rendaient compte à l’instant T des propos des adversaires… À présent toutes ces fourmis qui travaillaient pour toi et ton patron vont désormais travailler contre toi, s’atteler à te couper les ailes (ou les pieds) pour empêcher ton envol. Évidemment qu’il y aura non seulement des CMHA (comité Mimi hors de l’Assemblée) comme tu le prédis, mais il y aura aussi les fameux groupes de nervis que votre parti l’APR, votre coalition Benno, avaient lâché en mars 2021 contre les manifestants avec la bénédiction (le contraire serait douteux) du chef de votre coalition. Des menaces verbales et/ou téléphoniques, ils passeront au cran supérieur de la haine (pas lutte) politique : ta tête sera mise à prix. Tu n’auras plus le parapluie sécuritaire de la puissance publique, tu vivras dans la fragilité, la vulnérabilité et la peur de l’opposant dans la ligne de mire de la meute cannibale. Et les premières flèches empoisonnées sont venues de ta ville, Kaolack, de la part de celui qui est chargé de nous éclairer (courant électrique bien sûr) et non de cramer nos matos électriques. Il avait la bave à la bouche pour déclarer que tu étais désormais persona non grata dans ce qu’il considère peut-être comme son « titre foncier », Kaolack. Ce sera un de tes premiers défis à relever. Car si on ne peut pas aller dans sa ville pour y prêcher la bonne parole… Oui, courage, ce n’est que le début. Mais permets que je doute de ce que je crois se dessiner comme ta stratégie : tu quittes le groupe parlementaire de Benno pour devenir « non inscrite » et rester à l’APR ? Même si je doute qu’on t’ouvre désormais les portes du siège du parti, de ses réunions. Que tu y sois accueillie sans quolibets ni « thipatous » et autres dégueulasseries dont sont capables tous les répondeurs automatiques. Tout sera fait pour te pousser à la faute (absence ou retard à une réunion, une convocation pour explications, etc.) pour pouvoir t’exclure « dans les règles » ou que tu finisses par jeter l’éponge. Ils te veulent morte pour récupérer « leur mandat », tant il vaut des milliards. Ils ne s’attendaient pas à ce qu’un -e-des leurs soit le « judas » qui les précipitera au bord du gouffre de la « minorisation » au parlement.  Alors qu’ils cherchent à pêcher des députés dans les eaux troubles des groupes parlementaires de l’opposition et des deux non alignés, tu viens leur rappeler que leur majorité, leur régime tient et tiendra toujours à …un seul député. Aussi, prépare-toi à sprinter aussi vite que Bolt pour échapper à leurs baves mortelles. Mais un autre terrain miné t’attend aussi à ta gauche : réussir à te faire accepter comme nouvel allié de l’opposition et faire oublier que tu fus leur plus féroce pourfendeuse. Notamment contre celui qui est de facto le chef de l’opposition Ousmane Sonko que tu raillais méchamment à chacune de tes sorties (ce n’est pas nous qui tenons le carnet de rendez-vous du salon de beauté). Courage parce que ta course de fond qui a commencé vraiment dimanche 25 septembre 2022 en annonçant ta « transhumance » sera pleine d’embûches : celles que poseront tes « frères » d’hier, la méfiance goguenarde de ton nouveau camp (opposition, non alignés) forcé et surtout la mise sur pied d’un outil de combat (mouvement, parti) ONG (?). D’une certaine manière tu peux « copier » sur ton ex-chef, le président Macky Sall, quand il rompit les amarres avec son passé « PDiste » et partit à la rencontre des Sénégalais. Ce que tu envisages de faire dans les prochaines semaines.

La méchanceté étant dans la nature des ex, notamment ex-camarades, ex-compagnons de route, ils aiguisent déjà leurs couteaux pour te piquer profond en te rappelant ce qui était l’apanage de l’opposition : c’est une « looser » et une « voyageuse sans passeport ». « De Grand Yoff à Kaolack toutes ses tentatives de se faire une base se sont soldées par de retentissants échecs ». Elle a même perdu dans son propre bureau de vote », ajouteront ceux et celles qui ne te veulent vraiment pas du bien

… Dans ce qui se dessine comme étant tes éléments de langage certains ne manqueront pas d’y voir une révolte tardive contre des pratiques qui pourrissent depuis longtemps la quasi-totalité de nos régimes politiques : combines politiques hors de vue des citoyens, l’enterrement de première classe de l’éthique en politique et le respect de la parole du chef. Ainsi, vous « aviez trouvé un accord préalable » pour la présidence de l’Assemblée avant d’accepter de diriger la collecte des parrainages et la campagne des législatives. Cela t’a poussé à cautionner la mise à l‘écart des titulaires de YAW et vos seconds couteaux. Admets que ce fut une des plus grandes offenses contre la démocratie faite à notre pays à notre intelligence… Ces deals qui tuent la transparence à donner des coups de canifs à la vérité comme quand tu convoquais une conférence de presse à l’heure du crime (minuit) pour annoncer que vous aviez « gagné» les législatives avec 30 des 45 départements. En oubliant seulement de dire que c’était dans les bleds et que vous aviez perdu les 3-4 premières villes du pays, dont Dakar, la capitale…

Il faudra aussi et surtout expliquer aux gens pourquoi vous aviez relégué comme une « petite gêne démocratique » ce qui vous semble désormais comme essentiel : « la politique peut et même doit s’accompagner de valeurs humaines, d’éthique, de respect de la parole donnée et par-dessus tout du respect de nos lois et règlements».

Mais comme disent les sages optimistes, « mieux vaut tard que jamais » pour bien faire, pour ouvrir les yeux sur les petites agressions (qui deviennent grandes), les petits meurtres contre les libertés et la démocratie sur lesquels on ferme les yeux. Ta longue marche commence. Beaucoup dans l’opinion te crédite du courage et d’opiniâtreté face à l’adversité. Conforte-les. Convaincs-les. Parce que ce seront tes compagnons de galère et de route de demain dans les chemins qui seront minés. Mais ici, elles seront bien personnalisées et dirigées contre toi… Oui, courage. Ce n’est que le début pour le long combat que tu envisages de mener. Oui courage, ce n’est que le début de ta « longue marche »

Dr Niang sur le parrainage, dossier Khalifa Sall…Pourquoi l’exécution des décisions de la Cour de Justice de la Cedeao est problématique au Sénégal?

L’intégration du Sénégal dans le système judiciaire de la CEDEAO n’est pas encore parfaite. Tant que le Sénégal ne désignera pas l’autorité nationale chargée de la réception et de l’exécution des décisions de ladite Cour, les sanctions à son égard ne seront que symboliques. C’est du moins l’analyse du docteur en Droit, Aliou Niang qui estime que l’absence de désignation et de notification à la CEDEAO de l’autorité nationale pour la réception et l’exécution des décisions de justice communautaire est le chainon manquant qui justifie l’inexécution des décisions de la Cour de justice de la CEDEAO au Sénégal Selon lui, il s’agit d’une question de volonté politique. L’intégration du Sénégal dans le système judicaire communautaire doit être achevée pour garantir l’exécution des décisions communautaires prononcées par la juridiction commune. Car, se rappelle-t-il, depuis quelques années, des litiges entre l’État du Sénégal et des particuliers portant sur la violation de droits de l’Homme ont été portés devant la Cour communautaire de justice.

Dans toutes les décisions communautaires, des sanctions, des condamnations sont prononcées à l’égard de l’État du Sénégal qui a toujours le statut de défenseur au niveau de la Cour. Cependant, aux yeux du Docteur Aliou Niang, aucune des décisions de la Cour de justice de la CEDEAO n’a fait l’objet d’une exécution au niveau national

Parmi ces dossiers inexécutés par les autorités étatiques, figure le parrainage. Ce litige, estime le docteur Aliou Niang, est né des allégations de la formation politique dite l’Union Sociale Libérale selon lesquelles, la législation électorale sénégalaise, telle que modifiée par la loi numéro 2018-22 du 04 juillet 2018 portant révision du code électoral, viole le droit à la libre participation aux élections en instituant le parrainage. À cet effet, poursuit le juriste, l’Union demande la Cour de justice de la CEDEAO d’ordonner à l’État du Sénégal de lever tous les obstacles à la libre participation aux élections consécutifs à cette modification

«Dans sa décision, la Cour conclut entre autres que : le code électoral sénégalais, tel que modifié par la loi 1102018-22 du 04 février 2018 viole le droit de libre participation aux élections; Ordonne en conséquence à l’Etat du Sénégal de lever tous les obstacles à une libre participation aux élections consécutifs à cette modification par la suppression du système du parrainage électoral ; et lui impartit un délai de six (6) mois à compter de la notification qui lui en sera faite pour soumettre à la Cour un rapport concernant l’exécution de la présente décision», se rappelle-t-il.

Autre dossier est l’affaire Khalifa Sall dans laquelle les requérants ont saisi la Cour de justice de la CEDEAO pour violation de droits de l’Homme par l’Etat du Sénégal dans l’affaire communément appelée « caisse d’avance » au niveau de la Mairie de Dakar «Ces derniers ont soutenu devant la juridiction communautaire que l’enquête de l’Inspection Générale d’État et l’enquête préliminaire de police ont été émaillées de graves violations des droits de l’Homme et des droits politiques notamment, le droit d’être assisté par un Avocat, le droit à la présomption d’innocence, le droit de faire entendre des témoins, le droit de bénéficier d’une instruction à décharge par une mesure d’expertise tendant à établir des contestations sérieuses et le droit à un procès équitable», a-t-il dit. Par ailleurs, estime le Docteur Aliou Niang, l’exécution des décisions de la Cour est une faiblesse incontestable dans tous les quinze Etats Membres de la CEDEAO. En effet, depuis sa création et son entrée en fonction effective, la Cour n’a pu voir exécutés que quelques décisions. La non-exécution des décisions de la Cour est un risque critique qui menace la survie de l’Institution. L’article 24 du Protocole amendé relatif à la Cour, prévoit les voies d’exécution des arrêts de la Cour. L’article 24 (2) dispose que l’exécution de toute décision de la Cour doit revêtir une formule exécutoire, qui sera délivrée par le Greffier de la Cour à l’État membre concerné pour l’exécution selon les règles de procédure civile en vigueur dans ledit État Membre.Tribune