Habib Niang : «Le président de la République n’est pas un obligé de Mimi Touré…»
https://senego.com Les Législatives sont, certes, derrière nous, n’empêche, la vie politique continue. C’est certainement ce que s’est dit Habib Niang, lors d’un entretien ce lundi avec le quotidien « Alerte », qui avait battu campagne dans son fief de Thiès. Avec ses propres ressources, comme depuis que son mentor Macky Sall est devenu président de la République. Jusqu’à quand se « dépouiller » sans toujours voir le retour d’ascenseur ? Le jeune leader et cadre du cadastre a dû casser sa coquille pour esquisser la réponse. L’urgence étant pour responsable politique de l’Apr à Thiès nord d’accompagner le nouveau gouvernement dans le « combat », pour la satisfaction des besoins des populations.
Un « combat » que Niang veut « intelligent » ; ceci à travers une meilleure communication et une présence active sur le terrain. Dans l’entretien qu’il nous accordé, cet ingénieur revient également sur « l’affaire Aminata Touré » et promet de « récupérer » Thiès. Un baroud d’honneur. Entretien.
Alerte quotidien : Vous étiez très actif sur le terrain politique, surtout à Thiès, votre fief. Mais depuis le lendemain des Législatives, vous êtes moins visible. La défaite de Bby vous a sans doute affecté ?
Habib Niang : Il est évident que cette défaite nous a fait mal. Cela nous a fait mal surtout qu’elle était évitable et la situation aurait pu être différente si les choses s’étaient déroulées convenablement. Mais tout cela relève du passé. Aujourd’hui, nous reprenons petit à petit nos activités politiques après un repos bien mérité, en perspective des échéances futures et en attendant une évaluation des élections passées, les Locales comme les Législatives.
A votre avis, qu’est-ce qui n’a pas marché à Thiès, malgré votre présence quasi permanente sur le terrain et, plus tard, l’entrée en jeu du présidentIdrissa Seck ?
Vous savez, comme dans toute organisation, il y a, naturellement, des choses qui sont bien faites et d’autres qui le sont moins. Il y a des hommes qui remplissent bien leur rôle et d’autres qui le font moins. Il faudra que l’on évalue tout cela. On va faire un bilan et tirer les conséquences politiques de cette contreperformance qui pouvait être évitée à Thiès. Mon intime conviction, c’est qu’il n’y avait pas de raison que Benno perde Thiès.
Vous pensez qu’il y a des responsables qui n’ont pas joué leur rôle ?
Ce qui est constant, c’est que lors de cette campagne, il y a eu des manquements qui nous ont mis dans certaines situations. Je ne vais pas citer des noms ici, pour ne pas susciter une polémique inutile sur la place publique. Mais, en temps et en lieu opportun, les leçons de ce scrutin seront tirées. Pour le moment, ce que je puis dire, c’est qu’il y a des gens qui n’ont pas joué franc jeu, certains comportements frisent la lâcheté. Des responsables qui ont reçu des moyens au nom de la coalition, d’autres investis d’une mission politique et dotés de moyens conséquents n’ont pas agi comme il le faut et ça, il faudra qu’o n’en parle le moment venu pour corriger ce qui doit l’être.
Sinon, inutile d’engager d’autres batailles électorales dans l’avenir. Il faut qu’on parle de l’immobilisme, de la passivité de certains responsables qui pensent qu’ils peuvent gagner des élections en restant hors du terrain jusqu’à quelques semaines de l’échéance pour venir à la rencontre des populations qui ne les voient qu’une fois par an et, furtivement.
Vous qui êtes souvent sur le terrain à Thiès, pourquoi n’avez-vous pas « imposé » votre candidature pour les Législatives ?
Tout comme pour les Locales, nous avons préféré mettre le président à l’aise. L’essentiel pour nous, c’est que la coalition soit bien représentée et qu’à la fin, la victoire soit au rendez-vous. Nous ne faisons pas de fixation sur ces questions d’investiture. En tant que militant discipliné et engagé, nous avons respecté le choix du président et essayé de jouer notre partition. Personnellement, j’ai battu campagne avec les moyens du bord, sans le moindre soutien. En cinq mois on savait que la tendance serait difficile à renverser mais on a tout de même essayé et n’avons pas démérité.
Nous n’avons aucune fausse honte. Nous savons ce que vous représentons à Thiès et même au-delà. Maintenant, je pense que je l’ai déjà dit, il est clair qu’un bilan doit être tiré. Il faut dire aussi que Yewwi était déjà bien implantée à Thiès après les Locales. Cela a sans doute joué en sa faveur…
A mon avis, notre défaite est moins le résultat de la montée en puissance de l’opposition que le défaut d’engagement de certains responsables qui ont le soutien et la confiance du Président de la République mais qui, sur le terrain politique au niveau local et régional, brillent par leur absence.
Comment analysez-vous le départ de Mimi Touré et ses sorties contre le Président?
J’aurai préféré qu’elle n’en arrive pas à cette situation extrême. Mais, elle devait se rappeler qu’elle a été choisie parmi des millions de militantes et de militants pour être investie sur la liste des députés. Ensuite, Mme Aminata Touré a été favorisée parmi des centaines de responsables pour diriger la liste de Bby.
Combien de responsables ont été relégués lors des investitures au sein de l’Apr et des autres partis de Benno ? Les 5000 kilomètres dont elle se targue, elle les a parcourus au nom de Bby et était accueillie par les responsables locaux et leurs militants mobilisés à la base. Une base politique qu’elle n’a pas d’ailleurs.
Elle s’est essayée à Grand Yoff où elle a été réduite en poussière lors des locales alors qu’elle était Premier ministre. Elle est ensuite partie se réfugier à Gossas chez ses grands-parents. Là-bas aussi l’expérience fut décevante pour elle. Chassée de Gossas, elle a ensuite pris la poudre d’escampette pour trouver refuge à Kaolack. Dans le Saloum également, Aminata Touré a été chassée comme une malpropre. Tout ceci montre que cette dame ne doit son existence et sa survie politique qu’à la grandeur d’esprit et à la générosité politique du Président qu’elle accuse aujourd’hui
de favoriser la famille au détriment du mérite.
En 2012, combien de hauts cadres méritaient de diriger le ministère de la justice quand le président Macky Sall portait son choix sur elle ? Était-elle plus méritante que les autres pour être nommée chef du Gouvernement puis, présidente du Conseil économique, social et environnemental ?
Macky Sall n’est pas l’obligé de Mme Aminata Touré. Et personne ne va lui apprendre comment gérer les institutions et les hommes qui les incarnent. Et, au-delà de Mimi Touré, il faut que certains responsables politiques arrêtent d’être égoïstes.
Par ses choix à la fois difficiles et complexes, le président ne peut pas contenter tout le monde. Et, c’est regrettable que certains responsables politiques engagés à ses côtés, articulent ou calquent leur engagement et leur loyauté aux circonstances du moment. Il faut bannir la loyauté de circonstance. La vérité, c’est que Mimi Touré a un engagement tarifé. Si elle avait été confirmée à la présidence de l’Assemblée nationale, jamais elle n’aurait fait cette sortie qui étale ses incohérences.
Le Président de la République vient de nommer un nouveau gouvernement à la tête duquel figure un Premier ministre.
Quelle lecture faites-vous de cette actualité ?
Je félicite d’abord le Premier ministre, Amadou Bâ dont la nomination sonne la consécration d’un homme compétent, dévoué et loyal. Ces félicitations sont également adressées à l’ensemble des ministres. Cela dit, la lecture politique qu’il faut, en tout cas celle que j’ai de ce nouveau gouvernement, c’est que Président Macky Sall – qui œuvre quotidiennement à la satisfaction des besoins des populations – mérite d’être mieux accompagné dans cette mission. L’on parle d’un « Gouvernement de combat » mais, à mon sens, ce combat devra être mené contre les périls émergents, endogènes comme exogènes, qui planent sur la tête des pays africains. Il faut un combat intelligent contre l’inflation, la crise du pouvoir d’achat engendré par le renchérissement exponentiel des coûts des denrées, l’insécurité, le chômage et les menaces de tous ordres qui visent les secteurs clés de la vie. C’est sans doute à ce combat que le Premier ministre fait référence et, je pense que lui et son équipe feront de ce gouvernement, un gouvernement de solutions. Evidemment, gagner un tel combat a un double avantage. D’abord il permet de mieux gérer les urgences socio-économiques au bénéfice des populations.
Ensuite, mener à bien ce combat, c’est empêcher à l’opposition de s’accrocher à certains phénomènes mondiaux comme l’inflation ou le dérèglement climatique pour en faire un fonds de commerce politicien. Enfin, ce combat devra être mené pour plus de proximité avec les populations, les jeunes, surtout, et une meilleure vulgarisation des actions du chef de l’Etat qui a énormément fait pour le pays.
Parlant de vulgarisation de l’action gouvernementale, la communication est souvent considérée comme le talon d’Achille du pouvoir. Est-ce parce que vous communiquez mal ou parce que vous manquez de résultats ?
Les résultats ou les réalisations du Président parlent d’elles mêmes. Mais il faut toujours communiquer surtout que nous sommes dans une scène politique où l’intoxication, la manipulation, le mensonge sont des phénomènes émergents, entretenus par l’opposition. Il faut alors prendre l’habitude de clarifier les choses, de donner la bonne information. Voilà pourquoi nous devons être souvent au-devant de la scène médiatique pour prêcher la bonne parole. Le Président qui doit rester au-dessus de la mêlée, a besoin d’hommes de terrain, de combattants qui le défendent et vulgarisent son action. Heureusement, nous sommes déjà sur ce terrain. Nous avons été toujours sur ce terrain. Regardez la situation du pays entre 2012 et maintenant (…) Parlons des inondations par exemple qui sont une question d’actualité. Qui peut dire que les investissements n’ont pas porté des fruits. Dakar a enregistré près de 130 m3 de pluie le 5 août dernier, avec les dégâts que l’on connait. Mais qu’est-ce qu’on a remarqué ?
En moins de soixante-douze heures, avec le plan Orsec toutes les zones sinistrées ou presque ont été libérées des eaux. Il faut qu’on parle des résultats engendrés par le plan décennal de lutte contre les inondations. Nous ne devons pas laisser l’opposition dérouler sa campagne de désinformation et de diabolisation en évoquant les 700 milliards investis dans la lutte contre les inondations. Ces milliards ont bien servi à résoudre bien des problèmes. Il y a dix ans, les populations restaient plusieurs semaines à lutter contre les eaux de pluie.
Allez à Grand Yoff, faites un tour à Keur Massar, Thiaroye, Pikine…le programme de lutte contre les inondations a été une réussite. Sur un tout autre registre, prenez l’exemple du TER, des milliers de sénégalais se sentent soulagés par sa mise en circulation. En moins d’une année d’exploitation, c’est un
flux incalculable de passagers qui a été libéré du joug des embouteillages. Plus de dix millions de passagers sont déjà enregistrés. C’est à nous, responsables de l’Apr, de Benno d’orienter les débats dans ce sens. Le président n’est pas élu pour faire le tour des plateaux de télé, ou des rédactions pour dire « j’ai fait ceci ou j’ai réussi cela ». Il a des relais qui doivent pleinement jouer ce rôle. Il nous appartient de remettre les choses à l’endroit. Par exemple, si l’opposition a perdu les zones rurales, c’est surtout parce que dans ces zones, les discours mensongers ne passent pas devant la réalité du Prodac, des bourses familiales, le cash transfert, l’inclusion sociale. Là-bas, le quotidien des populations n’est pas infesté de mensonges de l’opposition avec cette stratégie de déconstruction qui malheureusement, emporte une partie de la jeunesse des zones urbaines, tombée dans le piège du mimétisme.
Avec Alerte Quotidien…