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NÉGOCIATIONS SUR LE CLIMAT : UNE ORGANISATION AFRICAINE MET EN GARDE CONTRE TOUTE EXCLUSION DES PETITS AGRICULTEURS

Dakar, 24 sept (APS) – L’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique (AFSA) met en garde les organisateurs des prochaines négociations internationales sur le climat contre toute exclusion des petits agriculteurs africains. L’AFSA, dans un communiqué reçu à l’APS, appelle en même temps les Nations unies à « mettre l’agroécologie au centre de l’adaptation climatique de l’Afrique », lors des discussions de la 27e conférence internationale sur le climat (COP27), du 7 au 18 novembre 2022 à Charm el-Cheikh, en Egypte. « Les petits agriculteurs africains risquent d’être méprisés et exclus des négociations internationales sur le climat », avertit cette organisation de promotion de la souveraineté alimentaire et de l’agroécologie en Afrique. L’AFSA se présente comme une organisation de la société civile constituée de 36 réseaux membres représentant quelque 200 millions de personnes dans 50 pays africains. « Les membres de l’AFSA sont des agriculteurs, des communautés autochtones, des pasteurs, des chasseurs et des cueilleurs, des pêcheurs, des réseaux de consommateurs, des réseaux de femmes et de jeunes, des organisations confessionnelles et des organisations de la société civile », précise le communiqué. L’ »avertissement » fait aux Nations unies en prélude à la COP27 est consécutif à une réunion de la société civile surle changement climatique, de lundi à mercredi derniers à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, selon la même source.

« La feuille de route de l’Afrique pour l’adaptation par l’agroécologie  : définir la position de l’Afrique pour la COP27 » était le thème de cette rencontre, selon le communiqué reçu de l’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (CICODEV Afrique), basé à Dakar.

Le directeur exécutif de CICODEV Afrique, Amadou Kanouté, y a pris part, affirme le texte. « Le rassemblement a appelé la COP27 à mettre l’agroécologie au centre de l’adaptation climatique de l’Afrique, en créant une résilience pour les petits agriculteurs, les pêcheurs, les pasteurs, les communautés autochtones et leurs systèmes alimentaires », ajoute la même source. L’agroécologie, « une approche écologiquement, socialement et économiquement durable de l’alimentation et de l’agriculture », est aussi « une solution cruciale pour que les agriculteurs africains s’adaptent aux changements climatiques et créent de la résilience », argue l’AFSA. « Mais on s’attend à ce qu’elle soit mise sur la touche par les gouvernements lors de la COP27 (…) et à ce que les petits agriculteurs africains soient privés de financements pour le climat », prévient ce regroupement d’organisations de la société civile. « Ignorer la voix des petits producteurs ne fera que saper davantage la sécurité alimentaire en cette période de famine croissante », même si la COP27 a été présentée par les hôtes égyptiens comme la « COP de l’adaptation de l’Afrique », soutient l’AFSA. L’agroécologie est d’autant fondamentale que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat a reconnu son « rôle clé », dans un rapport spécial de 2019 consacré au changement climatique et aux terres.

« Ignorer l’agroécologie, c’est ignorer les agriculteurs africains »

« En résumé, accroître la résilience du système alimentaire par l’agroécologie et la diversification est un moyen efficace de réaliser l’adaptation au changement climatique », argue l’AFSA en citant ce rapport. Dr Million Belay, le coordinateur général de l’AFSA, estime, lui, que le fait d’ »ignorer l’agroécologie [revient à] ignorer les agriculteurs africains et [à] mettre de côté les populations les plus vulnérables de la planète, qui sont les premières et les plus touchées par la crise climatique ». « L’agroécologie [doit être reconnue] par les décideurs comme le moyen le plus efficace de renforcer la résilience et de permettre aux petits agriculteurs, aux éleveurs et aux pêcheurs de s’adapter au changement climatique », fait valoir l’Alliance pour la souveraineté alimentaire en Afrique. Elle signale que « les petits agriculteurs se heurtent à des obstacles impénétrables pour accéder aux négociations », parce que les « coûts d’hébergement » sont « prohibitifs » pour ceux d’entre eux qui voudraient participer à la conférence internationale sur le climat.

« Seule la grande agro-industrie peut se permettre » les dépenses nécessaires à une participation à ces négociations, souligne l’AFSA.

Bridget Mugambe, la coordinatrice des programmes de l’AFSA et responsable du groupe de travail sur le climat et l’agroécologie, rappelle que « l’Afrique ressent chaque jour les effets de l’urgence climatique ». Cette dernière se manifeste par « la hausse des températures, les sécheresses et les inondations qui frappent déjà durement les petits agriculteurs et les femmes », rapporte le communiqué en citant Mme Mugambe. « Pour maintenir nos moyens de subsistance et nourrir nos communautés, nous sommes contraints de nous adapter. Pourtant, nous ne recevons que des fonds négligeables de la part de la communauté internationale. Nous appelons cette COP27 à placer les systèmes alimentaires au centre des plans d’adaptation pour l’Afrique et à orienter le financement climatique vers l’agroécologie », réclame-t-elle.