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Les USA pressent la Chine d’alléger la dette des pays en développement pour éviter une crise systémique

(Agence Ecofin) – Le Trésor américain estime que l’encours total des prêts officiels chinois varie entre 500 milliards et 1000 milliards de dollars, concentrés essentiellement dans les pays à revenu faible et intermédiaire. La Chine, premier créancier bilatéral à l’échelle mondiale, doit participer plus activement à l’allègement de la dette des pays en développement pour éviter une crise systémique qui se profile avec la hausse des taux d’intérêts, a alerté un haut responsable du département du Trésor des Etats-Unis, le mardi 20 septembre. « La Chine n’est pas le seul créancier à faire obstacle à un allègement rapide et efficace de la dette au niveau international, mais son manque de participation à ce processus est le plus courant et le plus lourd de conséquences », a déclaré Brent Neiman (photo), conseiller de la secrétaire au Trésor Janet Yellen, lors d’une conférence en ligne organisée par le Peterson Institute for International Economics (PIIE). « L’absence d’action sur ces dettes pourrait engendrer des années de difficultés continues avec le service de la dette et avec un sous-investissement et une croissance plus faible dans les pays à revenu faible et intermédiaire », a-t-il ajouté. Estimant que « l’importance de la Chine en tant que créancier signifie que sa participation est essentielle », M. Neiman a précisé que l’encours total des prêts officiels chinois varie entre 500 milliards et 1000 milliards de dollars concentrés essentiellement dans les pays à revenu faible et intermédiaire. « Pas moins de 44 pays ont maintenant une dette équivalente à plus de 10 % de leur produit intérieur brut envers les prêteurs chinois », a-t-il détaillé.   La Chine est le premier créancier de huit pays africains éligibles à l’initiative de suspension du service de la dette (DSSI), selon une étude publiée en juin dernier par Green Finance & Development Center, un think tank basé à Shanghai. Cette étude précise que Pékin détient 55% de la dette de Djibouti, 42% de celle de la République du Congo et 34% de celle de l’Angola. Les autres pays du continent dont l’empire du Milieu est le premier créancier sont  : la Guinée (32% du stock total de la dette), les Comores (31%), le Cameroun (29%), la Zambie (25%) et le Togo (24%).

Piège de la dette

Régulièrement accusé par les Occidentaux d’enfermer les pays en développement dans le piège de la dette, Pékin a toujours nié ces accusations et mis en avant le rôle des créanciers privés occidentaux dans l’accumulation des stocks de dettes dans les pays  en développement. Une étude publiée en juillet dernier par l’ONG britannique Debt Justice a apporté de l’eau au moulin de la Chine. D’après cette étude, 35 % des 696 milliards de dollars de dettes extérieures du continent africain sont dus à des prêteurs privés occidentaux contre 12 % dus à des créanciers chinois, 39% à des institutions multilatérales (Banque mondiale, FMI, BAD etc.) et 13% à d’autres créanciers publics. En 2020, la Chine avait soutenu le plan d’allègement de la dette du G20 pour les pays les plus pauvres de la planète, en acceptant de différer le remboursement de 5,7 milliards de dollars de dette entre mai 2020 et décembre 2021. Fin juillet dernier, Pékin a également accepté une restructuration de la dette de la Zambie, et invité les créanciers privés de ce pays à « s’engager sans délai » à négocier un allégement de la dette « à des conditions au moins aussi favorables ». Plus récemment, l’empire du Milieu a annoncé l’annulation de 23 prêts sans intérêts accordés à 17 pays africains. Mais l’Université de Boston a estimé que cette annulation ne porte que sur un montant dérisoire de 610 millions de dollars, notant que ce genre d’annonces « s’apparente davantage à des instruments de politique étrangère qu’à des instruments financiers axés sur les résultats ».