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À L’ASSEMBLÉE COMME DANS LA RUE PAR OUMOU WANE

EXCLUSIF SENEPLUS – Le moment grave que nous traversons ne devrait plus être à l’opposition politique, mais à la République. Il en va de notre modèle démocratique autant que de notre image internationale d’encourager une vision progressiste du pays

Chaque jour notre pays se déchire davantage et s’enfonce un peu plus une crise politique factice. Hier encore, ce lundi 12 septembre 2022, le vote pour l’attribution du perchoir à l’Assemblée nationale a tourné au pugilat. En effet, au-delà de l’escalade verbale habituelle, le bras de fer entre l’opposition et la coalition présidentielle a viré à la confrontation.

Est-ce donc cela la rupture promise par l’opposition ? L’amateurisme et le désordre ? Ce sentiment de chaos n’est pourtant pas le reflet de notre société. Il est le résultat de l’esprit incendiaire de l’opposition qui nuit à la stabilité du pays. À l’issue d’une séance cacophonique qui ne fait pas honneur à notre classe politique, c’est finalement Amadou Mame Diop, maire de Richard Toll et actuel directeur général de la SAPCO, qui a été élu président de l’Assemblée, dans une pagaille indescriptible et après que l’hémicycle ait été protégé par les gendarmes. L’opposition qui a, quant à elle, échoué à présenter un candidat unique s’est vue privée de toutes les chances de l’emporter, d’autant que ses députés ont purement et simplement boycotté le vote de l’élection du président de l’Assemblée nationale de la 14ème législature. Est-ce bien sérieux et quelle image cela donne-t-il de nos institutions ? Guy Marius Sagna refusant de voter et déchirant son bulletin devant toute l’Assemblée, allant jusqu’à s’emparer de l’urne. Barthélémy Dias arrachant le micro à Cheikh Seck et invitant Yaw à rejeter les enveloppes contenant les bulletins de vote. Est-ce là le nouveau visage politique sénégalais, un pittoresque et lamentable cohorte d’amateurs qui se comportent sur les fauteuils de l’Assemblée nationale comme dans les rues à exacerber la tension et détériorer le bien public ? C’est juste choquant et qui plus est très mauvais en termes de calcul politique.

À ce jeu-là, Macky Sall qui a su une fois de plus rassembler ses troupes et mobiliser derrière ses barons des jeunes vaillants gladiateurs, ne pouvait que l’emporter haut la main.

Le moment grave que nous traversons ne devrait donc plus être à l’opposition politique, mais à la République. Il est indispensable de rompre le cycle infernal de la violence, et pour cela, les nouvelles générations de dirigeants politiques doivent apprendre la culture du dialogue pour participer activement à renouveler les forces vives de la nation. Pour ne rien arranger, cet état de révolte permanent masque aux yeux des plus jeunes les progrès sociaux historiques accomplis par notre pays ces dernières années, et pire encore, empêche une grande mobilisation démocratique vers des perspectives d’émergence. Dans ce climat général délétère et violent, il appartient désormais aux représentants de tous les partis politiques d’entrer dans une dynamique constructive, de condamner la violence sans la moindre ambiguïté et de tout mettre en œuvre pour répondre aux cris de colère poussés par les jeunes sénégalais. Il en va de notre modèle démocratique autant que de notre image internationale d’encourager une vision progressiste de notre pays et de montrer la réalité d’un Sénégal qui sait aussi être optimiste malgré les problématiques sociales lourdes. Il y a une société sénégalaise avec un socle commun de tolérance et d’ouverture sur le monde, un pays qui fonctionne et pour qui c’est la stabilité qui compte et qui considère que la force est à la loi.

Il s’agit de préserver la République démocratique pour la parfaire de plus en plus et la protéger des dérives idéologiques.

Ces comportements violents et hors cadre démocratique, doivent alerter et faire réfléchir nos jeunes qui sont notre plus grand espoir de changement quant à leurs choix politiques. Une jeunesse sénégalaise que les autorités de l’État ont intérêt à écouter et considérer pour transformer sa formidable énergie en un nouveau récit porteur de sens pour le pays.

Assemblée Nationale : Entre le show Guy Marius, l’opération «vote doufi ame ! » de Barth et les crêpages de chignons…Quand les députés foulent au pied les derniers espoirs du peuple sénégalais…

Mémorable ! Amadou Mame Diop sera assurément le président de l’assemblée nationale sénégalaise dont l’élection aura été la plus haletante et peut-être la plus controversée au sein d’un hémicycle. Un hémicycle dans lequel les coups de théâtre et autres coups de force auront été légion tout au long de ce lundi 12 septembre 2022. Plus de dix tours d’horloge durant… Un véritable marathon  ! Certes, on s’attendait à ce que cette première passe d’armes entre le camp du régime en place Benno Bokk Yakaar (BBY) et celui de l’opposition regroupée au sein de l’inter coalition Yewwi-Wallu, soit digne d’un mortal kombat. Mais, dans un autre sens, une bonne partie du peuple sénégalais priait secrètement pour que cette 14ème législature et donc son installation soit enfin l’amorce d’une nouvelle ère. 

Celle tant attendue en terme d’exemplarité et de représentativité des citoyens et de leurs doléances diverses et légitimes.

Et bien comme on le craignait, le pire s’est produit au moment de lancer le scrutin, entre les nombreux vices de forme et supposées violation du règlement intérieur de l’assemblée nationale dénoncés par l’opposition (article 96 alinéa 6, régissant le processus de vote et les couleurs des bulletins de vote ou encore l’article 54 alinéa 2 relatif à la participation d’un ministre en fonction à un vote à l’assemblée nationale), les débats ont très vite dégénéré.  En réalité, qu’en est-il du respect des parlementaires envers les populations ? Ceux-là qui ont récemment placé toute leur confiance et la force de leurs voix à l’endroit des 165 députés dont le comportement, pour certains d’entre eux, a été tout sauf honorable. Résultat de cette situation fortement tendue, les gendarmes déjà à pied d’œuvre dès les premières heures, aux alentours comme à l’intérieur de l’assemblée nationale, reçoivent le feu vert de la doyenne et présidente de la séance, Aida Sow Diawara. Les choses dégénèrent, la tension monte crescendo, il faut que force reste à la loi  ! Pour sécuriser le vote voire les votants eux-mêmes, l’hémicycle est envahi par la maréchaussée, aux ordres, déterminée à parer à toute tentative de blocage et ou d’entrave au vote… Auparavant, l’opposition avec en première ligne Barth le « guerrier » téméraire, avait déjà engagé le blocus à ce scrutin qu’ils assimilent à une farce de mauvais goût. Premier acte fort, les députés de l’opposition refusent donc de sacrifier au vote et jettent tout à tour, symboliquement, leurs bulletins par terre, non loin de l’urne, en guise de contestation. Ceci sera suivi d’un siège collectif autour du perchoir afin d’en bloquer l’accès à leurs collègues députés. Le geste choc. D’aucuns y voient un manque de respect notoire envers l’institution qu’est l’assemblée nationale. Un acte irresponsable de la part des « nouveaux » représentants du peuple ? Toujours est-il qu’un sentiment de désenchantement doublé d’une pointe de déception s’est subitement emparé d’une grande partie des sympathisants de Yewwi-Wallu. Et si l’assemblée de rupture tant annoncée n’était qu’un beau mirage teinté de promesses ? Le perchoir et ses occupants sont très rapidement entourés par plus d’une vingtaine de gendarmes. L’image est à la fois surréaliste et intimidante, mais également fort dégradante et salissante pour la vitrine jadis reluisante de la démocratie sénégalaise. Une scène digne d’un putsch sournois qui aurait été menée par le pouvoir « militaire. » Nous en sommes encore loin et le recours aux gendarmes, bien qu’étant excessif, obéit malheureusement au règlement intérieur de l’assemblée nationale (voire art 53 du règlement intérieur de l’assemblée nationale.) Malgré tout, le Sénégal à travers ses députés, tous bords confondus, s’est donné en spectacle à la face du monde. Un spectacle désolant qui a eu le mérite de faire tomber les masques de nos « honorables » députés qui, le temps de leur installation à l’assemblée nationale, ont déjà montré leur avidité de pouvoir. Et les citoyens dans tout cela ?

S’en suivra donc une série de heurts entre « députés du peuple » et puis des altercations entre certains députés de l’opposition et les forces de l’ordre. Avec en tête d’affiche, l’actuel maire de Dakar, et candidat malheureux à la présidence de l’assemblée nationale, Barthélémy Dias, qui verra sa tentative de saboter le scrutin, vigoureusement bloquée par les pandores qui ne l’ont point ménagé au moment de lui dire stop  !

Son « vote doufi ame », comprenez qu’il n’y aura pas de vote, a fait long feu face à l’intervention musclée des forces de l’ordre. Scène insolite, Barth, se retrouve brièvement à terre, sous les assauts des pandores en plus d’avoir vu Amadou Mame Diop élu président de l’assemblée suite à un vote à sens unique avec un BBY qui a profité du boycott pour élire facilement son candidat. Mais alors, que dire de la déplorable prestation « parlementaire » du sieur Guy Marius Sagna ? L’activiste-député a brusquement tenté de s’emparer de l’urne contenant les bulletins de vote dans une sorte de bras de fer contre une dizaine de gendarmes, avant d’oser se mettre debout sur une table, en plein hémicycle, pour défier la présidente de la séance. Nous sommes dans quel pays à la fin ? Dans quelle sorte de république sommes-nous ? Comment peut-on s’arroger le droit de manifester son désaccord en piétinant publiquement un symbole aussi fort ? Dire non est un droit, salir l’image de tout un pays est une autre chose. À ce rythme, la prochaine fois on pourrait assister à des scènes encore pires… L’hémicycle n’est certainement pas le lieu indiqué pour pareils formes de manifestations. Dans cette honteuse journée, les députés du régime en place n’ont pas été exempts de tout reproche. En effet, dans cette affaire chacun devra balayer devant sa porte et penser à l’intérêt commun, aux sénégalais tout simplement  ! Car, au moment où Ahmed Aidara, le maire de Guédiawaye, et aussi candidat finalement déchu à la présidence de l’assemblée nationale, se retrouvait brutalement projeté sur un des bureaux de l’assemblée nationale, dont le bois sera fracassé en mille morceaux à la suite de tiraillements, des femmes des deux bords en sont venues aux mains. Un crêpage de chignons digne d’une cour de récréation de l’école primaire.

Une honte  ! Surtout des scènes désolantes dont on pensait ne plus avoir à subir dans ce cadre ou seule le dialogue et la concertation ont leur place.

Dans cette série de faits aussi insolites que regrettables, s’est produit un autre évènement qui a presque failli échapper au public, le boycott de Aminata Touré. Au moment où tout le monde s’attendait à voir l’ancienne ministre de la justice et ex premier ministre devenir la première femme présidente de l’assemblée nationale sénégalaise, la donne a changé. Exit Mimi Touré  ! La tête de liste nationale de la coalition Benno Bokk Yakaar est évincée à la dernière minute par le président Macky Sall. Suffisant pour provoquer une colère froide chez Mimi ? Ce qui est sûr, c’est que la dame de fer a quitté la salle avant le vote, le visage fermé, la démarche ferme et déterminée. Si son collègue député, Farba Ngom a finalement voté pour elle, par procuration, des rumeurs voudraient que Mimi Touré en était arrivée à la résolution de ne point voter pour le candidat de Macky. Cette fois-ci, la rupture est-elle complètement actée entre le duo souvent explosif ? Quelques heures après le vote et l’élection du nouveau président de l’assemblée nationale, Aminata Touré a immédiatement changé la photo de son profil Facebook. Le cliché sur lequel on la voyait en compagnie du président Macky Sall a subitement disparu, remplacé par sa propre photo… Dessus, elle affiche un large sourire comme pour envoyer un message de sérénité et d’espoir. Enfin, au cours de cette journée désormais historique, Thierno Alassane Sall, en sa qualité de député non inscrit, a tenu à faire valoir son droit de vote. Un acte républicain dont devrait s’inspirer ses collègues parlementaires de l’opposition comme du régime d’ailleurs. Son vote sous la forme d’une abstention lors du vote, aura eu l’effet d’une piqûre de rappel…