Prise en charge de la demande sociale : quand l’Etat bute sur ses ambitions
https://www.sudquotidien.sn En nommant Amadou Ba, Premier ministre, pour conduire l’équipe gouvernementale chargée de répondre rapidement à la demande sociale, le président de la République, Macky Sall, s’engage dans la combativité. Il est à signaler que cette ambition a toujours été le leitmotiv des précédentes équipes gouvernementales. La seule chose qui change, c’est le slogan. Aminata Touré a été appelé à «accélérer la cadence» après le «Yonu Yokkute» de Abdoul Mbaye. Mahammed Boun Abdallah Dionne, a mis le curseur sur «un Sénégal de tous, un Sénégal pour tous», après avoir appelé, juste après sa nomination, «au travail».
Macky Sall him-self a invité le «fast-track».
Aujourd’hui, Amadou Bâ engage le «combat».
Le 16 septembre 2022, à la vielle de la nomination du quatrième Premier ministre sous sa présidence, le Chef de l’Etat, Macky Sall, s’est adressé aux Sénégalais en rappelant que la gestion de la demande sociale comme la cherté du loyer, le coût de la vie et l’emploi des jeunes et les inondations sont des urgences qu’il compte prendre à bras-le-corps. Le lendemain de sa déclaration, Amadou Ba, choisi pour diriger le gouvernement, s’est dit être à la tête d’une équipe prompte à répondre avec
«combativité» à la demande sociale.
Il est à signaler que cette prise en charge sociale, en plus d’avoir été dans au cœur du
«Yonu Yokkute», programme phare du candidat Macky Sall, fut un cri de guerre de tous les Premiers ministres des régimes dirigés par l’actuel Chef de l’Etat.
10 septembre 2012, Abdoul Mbaye faisant sa Déclaration de politique générale à l’Assemblée Nationale, dans l’euphorie de la deuxième alternance du pays, avait fait montre d’une détermination sans faille de son équipe d’y répondre favorablement. Parlant des inondations, il avait déclaré :
«ces inondations révèlent les dysfonctionnements et incohérences qui ont marqué, sur plusieurs décennies, les politiques en matière d’aménagement, d’occupation de l’espace urbain et d’assainissement de notre cadre de vie. J’affirme ici, devant vous, représentants du Peuple souverain, que le Gouvernement ne trouvera pas le repos tant que nous n’aurons pas apporté une solution définitive à ce fléau».
Cette détermination était également annoncée dans la santé.
«Au plan sanitaire, le dénuement ou l’inaccessibilité des services de soins, l’indigence des plateaux techniques, l’insuffisance de personnel qualifié et les difficultés récurrentes de gouvernance des structures sanitaires, sont les meilleures illustrations des faiblesses d’un système de santé qui doit inévitablement opérer sa mue», avait ajouté le Président de du parti ACT.
Abdoul Mbaye s’était également engagé à garantir l’accès à des systèmes d’assainissement aux populations. A cet effet, il avait déploré,
«qu’après plus d’un demi-siècle d’indépendance, le Sénégal peine encore à assurer sa sécurité alimentaire, et à faire de l’agriculture le moteur de sa croissance».
La flambée des prix étant déjà importante à cette date, l’Etat du Sénégal, s’était engagé à,
«se battre pour contenir les effets du choc actuel, mais surtout nous devons organiser les conditions de notre sécurité alimentaire durable».
La réduction de la pauvreté était également une des priorités du premier gouvernement de Macky Sall. Le vœu du gouvernement d’Abdoul Mbaye a été aussi de garantir un marché de travail accessible à tous, afin de promouvoir l’emploi des jeunes.
AMINATA TOURE ET L’ACCELERATION DE LA REPONSE AUX URGENCES SOCIALES
Aminata Touré a porté la deuxième équipe gouvernementale devant conduire la politique de développement du chef de l’Etat Macky Sall. La disponibilité à répondre à la demande sociale été la même. A sa Déclaration de politique générale du 28 octobre 2013, elle avait fait de la prise en charge des urgences sociales et la correction des inégalités des priorités parmi les équations à résoudre.
«Nous comptons, sur la période 2013-2017, donner encore plus d’impulsion aux programmes à fort impact social, pour apporter des réponses concrètes aux urgences sociales et au besoin de protection des groupes les plus vulnérables car, notre action n’aura de sens que si les Sénégalais, tous les sénégalais, ceux des villes, de la banlieue et des zones rurales, sentent qu’ils vivent mieux que par le passé et que leurs enfants auront la chance d’une vie meilleure», avait-elle déclaré.
Mieux avait-elle indiqué,
«près d’un ménage sénégalais sur deux reste pauvre et le phénomène, plus accentué dans les zones rurales, touche 57,3% des ménages. Aujourd’hui, au moins huit régions sur les quatorze que compte le pays ont une incidence de pauvreté jugée très forte, de plus de 60%. C’est pourquoi, le gouvernement engagera dès 2014 un programme d’urgence d’infrastructures sociales, dénommé « Programme d’Infrastructures en faveur des localités les plus défavorisées».
Les inondations, la demande sociale et l’emploi des jeunes sont également revenus dans les perspectives qu’elle avait dégagées. A l’époque, Aminata Touré avait salué les efforts déployés pour réduire le coût des denrées en précisant qu’une stabilité ne peut avoir lieu qu’avec l’atteinte d’une autosuffisance alimentaire.
«Il nous faut accepter que la véritable bataille pour le pouvoir d’achat c’est d’une part d’augmenter les revenus des ménages et d’autre part, de produire encore plus ce que nous consommons et de consommer davantage ce que nous produisons».
«UN SENEGAL DE TOUS, UN SENEGAL POUR TOUS», PRONE PAR MAHAMED BOUN ABDALLAH DIONE
Mahammed Boun Abdallah Dione, qui s’exprimant au Palais de la République dès l’annonce du choix porté sur sa personne pour diriger l’équipe gouvernementale a lancé comme slogan
«au travail», a fait sa première Déclaration de politique générale en novembre 2014. Il avait rappelé à cet effet,
«qu’après avoir engagé une politique volontariste de baisse des coûts du loyer, le Gouvernement a décidé de réaliser d’importants programmes de logements, et d’accélérer la rénovation et la modernisation des centres urbains existants et ce, pour faciliter l’accès de nos compatriotes d’ici et de la Diaspora à la propriété foncière et immobilière».
Dans sa seconde déclaration de politique générale, en décembre 2017, alors qu’il venait d’être reconduit Premier ministre il disait,
«la cohésion sociale sera d’autant plus renforcée, que des milliers de jeunes accèderont à des emplois décents et seront moins tentés par des aventures périlleuses; que les efforts des travailleurs du secteur informel comme formel, des paysans, pêcheurs, éleveurs, artisans, seront rémunérés à leur juste valeur ; que les inégalités sociales, les disparités spatiales entre les villes et les campagnes, les zones urbaines et périurbaines seront éliminées et l’équité renforcée».
Elle sera d’autant plus renforcée, ajoutait-il,
«que vivre en milieu rural, dans les zones frontalières, les quartiers périurbains, ne constituera plus un handicap pour accéder aux services essentiels et à un mieux-être. C’est vers tout cela que la vision du Chef de l’Etat nous dirige. La vision «d’un Sénégal de tous, d’un Sénégal pour tous», porté par le PSE, c’est d’abord un Sénégal sans exclusion, où tous les citoyens bénéficient des mêmes chances et des mêmes opportunités pour réaliser leur potentiel et prendre en main leur destin».
Rappelons aussi que le président de la République, Macky Sall, avait décidé de supprimer le poste de Premier ministre, en mai 2019, pour être beaucoup plus proche de la population et répondre convenablement à la demande sociale. Cette fois, il avait usé d’un slogan anglophone
«fast-tract» qui a fini de mettre le pays en stand-by.
Il a appartient désormais à Amadou Bâ qui arrive avec des
«combattants» de trouver la panacée afin que le Sénégal connaisse enfin les réalités de l’émergence, pas en tant que slogan. Un gros challenge à atteindre à moins de 18 mois. Une chimère ? Wait and see !
Fatou NDIAYE