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THÉÂTRE D’OMBRES PAR JEAN PIERRE CORRÉA

« Au nom du Pèse, du Fric et de la Sainte Triche », telle est devenue la devise du Sénégal que d’aucuns ont rebaptisé « Le ça m’est égal »… Nous étions au bord du gouffre, maintenant nous creusons des galeries La situation politique du Sénégal est empreinte d’une certaine confusion, mais ce que nos hommes politiques dégagent de plus certain comme image, à travers ce qui se noue et surtout se dénoue, pour prendre le contrôle d’une Assemblée nationale aux turbulents contours, c’est la vitalité et l’indéniable énergie qu’ils consacrent à leurs desseins politiciens. On se met à rêver à ce qu’aurait pu être le PIB du Sénégal et la quiétude de ses citoyens repus et satisfaits, s’ils avaient dirigé toute cette vitalité et cette énergie à la résolution des problèmes qui assaillent notre pays, et à la fin des angoisses qui poussent nos jeunes à choisir d’aller se noyer dans la Méditerranée ou à mourir dans le ventre de l’Atlantique. Petits, certains ont pu voir le théâtre de guignols, mais les plus débrouillards avaient pour jeux et rêves d’imaginaires, ce qu’on appelait le « Taf yeungeul », où l’on faisait danser des personnages en papier découpés à l’aide d’une brindille, derrière un drap blanc éclairé d’une bougie. Tout le monde politique se guignolise et participe au « Taf Yeunguel », et cela crée un décalage entre ce qu’ils nous proposent comme offre politique et les attentes réelles des Sénégalais. D’où le côté surréaliste de la situation que nous vivons en ce moment, qui nous fait aller du tragique au comique, en passant par le navrant et le désespérant. C’est un jeune homme de 20 ans qui m’a ouvert les yeux, brutalement, sans passer par la case « réflexion intellectuelle », lorsqu’il m’a dit pour quelles raisons il n’allait certainement pas voter en 2024, comme il ne l’avait d’ailleurs pas fait cette année comme presque la moitié des électeurs du pays. Il m’a dit, sans rire, qu’il attendait l’homme politique qui allait nous dire qu’il ne pouvait rien faire pour le pays et que pourtant nombreux seraient ceux de nos compatriotes qui auraient souhaité qu’il se présentât. Devant ma perplexité, face à son propos, il me dit le sourire aux lèvres : « Tonton, tu as vu Dakar ? Ses rues pleines de caca, défoncées, où il ne faut plus éviter les trous, mais plutôt les choisir, Tonton, tu as vu les Sénégalais, comment ils souffrent sans rien dire, tu as vu les écoles, les hôpitaux, cette capitale-poubelle à ciel ouvert, bref, tu as vu ce bordel ? Le gars qui te dit qu’il va régler ça, il nous prend pour des buses, il sait très bien qu’il ne peut pas, alors pourquoi sont-ils si nombreux à nous dire qu’ils ont la solution ? J’attends celui qui sait et qui nous dit que c’est mission impossible, mais qu’on va essayer de trouver les solutions ensemble ». Evidence biblique ! Bon sang, mais c’est bien sûr !!! En fait des solutions, c’est pour eux-mêmes qu’ils en ont !!! Et tout le barnum politique tourne autour d’eux et de la survie du système cleptocratique qu’ils s’acharnent à nous imposer à coups de promesses et de ruses populistes.

« Au nom du Pèse, du Fric et de la Sainte Triche », telle est devenue la devise du Sénégal, que d’aucuns ont rebaptisé « Le ça m’est égal »…

Effectivement, ça leur est égal, de nous offrir un spectacle de bandits-saletés au sein de notre Assemblée nationale, déjà décrédibilisée par le fait qu’un animateur-comédien-bouffon, ait pu seulement rêver pouvoir en être élu président. C’est vrai, ça leur est égal, de nous plonger dans leur agenda de « troisième mandat » comme si les principaux soucis des Sénégalais n’avaient pas pour noms, chômage, vie chère, logement précaire, inondations, rues merdeuses, désespérance de nos jeunes qui se noient dans l’Atlantique. Ils s’en tapent. Ils veulent tous être présidents ! Aucun d’entre eux, comme Iznogoud le Vizir, ne peut vous dire ce qu’il ferait à la place du Calife, une fois sur le trône et surtout près du coffre-fort. L’élection présidentielle, c’est Bercy ! D’ailleurs Youssou Ndour est déjà candidat, avec d’autres auxquels il est urgent de raconter la fable de la grenouille qui se prenait pour le bœuf. Bien sûr, ça lui est égal, à Mimi Touré, parce que n’ayant pas eu la sucette promise par le chef, de crier à la victimisation et à l’attentat mystique dirigé par la femme du président elle-même, ramenant nos institutions au niveau de Pogba, de Mbappé et de leurs sorciers d’ailleurs sénégalais ! Evidemment, ça leur est égal, 62 ans jour pour jour après notre premier gouvernement de 17 ministres aux capacités intellectuelles stratosphériques comparées à ceux d’aujourd’hui, de nous dire d’abord, que nous allons en baver parce que tout est gravement plus difficile et plus cher, et le lendemain, de nous gratifier d’un attelage de 45 ministres avec le coût qui va avec. Parce que finalement, ça leur est égal de proposer aux Sénégalais un mortel combat en 2024, en disposant leurs armées de soldats dévoués à leurs multiples chefaillons, au lieu de nous mettre dans le temps d’un monde qui va nous larguer sous peu, ensevelis sous nos mensonges et nos faux semblants d’hypocrites, juste bons à tirer profits de toutes les plus scabreuses situations. Un gouvernement de combat ? En attendant celui qui fera gagner le Sénégal, et qui n’est pas encore candidat. Rien ne va plus ! Faites vos jeux !!! Notre pays n’est plus qu’un « Théâtre d’Ombres », un Ndoumbélane à ciel ouvert où toutes les hyènes veulent être « Leuk-Le-Lièvre, à défaut de savoir être Gaïndé-le Lion !!! Et pour cela, marcher et danser sur des cadavres, ça leur est totalement et entièrement égal. Nous étions au bord du gouffre…Maintenant nous creusons des galeries.Gaïndé Ndiaye Barawacc !