L’UMS rattrapée par les turpitudes de son nouveau Président Par Seybani Sougou
« Un homme soumis ne peut espérer rien d’autre que l’humiliation »
Dans une lettre de 3 pages, rendue publique, aux allures de réquisitoire, le bureau exécutif de l’UMS s’insurge contre le traitement dégradant réservé à un de ses membres, par un agent de police, préposé à la circulation. La teneur de cette lettre adressée au Ministre de la Justice démontre à quel point la magistrature sénégalaise est piétinée, déconsidérée et réduite à sa plus simple expression. En réalité, la descente aux enfers des magistrats a débuté depuis que le ministre Moustapha DIOP a chassé comme des malpropres des magistrats de la Cour des comptes, sans en subir les conséquences, et que Madiambal DIAGNE, un citoyen parmi tant d’autres ait osé publiquement défier l’ex Président de l’UMS (TELIKO), au simple motif que la proximité avec Macky SALL lui décernait un permis d’impunité totale.
L’humiliation des magistrats a atteint le summum, lorsque des zélés du Conseil de discipline du Conseil Supérieur de la magistrature se sont comportés comme des froussards, sacrifiant un des leurs (le juge TELIKO), par un énorme coup de Jarnac, dans l’unique but de satisfaire les caprices du ministre de la justice, Malick SALL. Quand certains magistrats agissent comme des félons, privilégient leur carrière au détriment de l’intérêt général et se désolidarisent de leurs pairs (TELIKO et NGOR DIOP ont été lâchés en rase campagne et ont dû se battre par leurs propres moyens), ils fragilisent l’institution judiciaire et jettent le discrédit sur l’ensemble de la magistrature. Par conséquent, l’UMS ne doit nullement être surpris du traitement dégradant réservé à certains magistrats, par le citoyen lambda. Après avoir sollicité et obtenu 2 audiences avec Macky SALL, le nouveau bureau exécutif de l’UMS, avec Chimère DIOUF à sa tête, a passé le plus clair de son temps à errer dans les couloirs du palais présidentiel, qu’à œuvrer pour l’indépendance de la justice.
Disons-le sans détour : une justice soumise et aplatie ne mérite ni respect, ni soutien, ni considération. C’est un fait : l’actuel président de l’UMS, Ousmane Chimère DIOUF est un homme faible, sans charisme. Dans cette affaire, il ne s’agit nullement demander la sollicitude du ministre de la Justice, mais d’engager des poursuites à l’encontre du policier qui a porté atteinte publiquement à l’honneur et à la dignité d’un magistrat, qui, plus est, a été filmé sans son consentement, en violation totale et délibérée de son droit à l’image. Il ne fait l’ombre d’un doute que le magistrat Boubacar BA a fait preuve d’un incivisme notoire en jetant des détritus et en faisant prévaloir sa qualité et ses relations avec un General. L’article 7 de la Constitution dispose que « Tous les êtres humains sont égaux devant la loi » et précise qu’Il n’y a au Sénégal ni sujet, ni privilège de lieu de naissance, de personne ou de famille. Le magistrat n’est pas censé ignorer que l’article L.21 de la loi n°83-71 du 05 juillet 1983 portant code de l’hygiène interdit de « jeter ou déposer des détritus sur les trottoirs, chaussées, squares et jardins publics ». Par conséquent, le policier aurait dû se contenter d’appliquer la loi, en pareille circonstance, (dresser une amende), relever le numéro d’immatriculation du véhicule et enfin signaler l’incident à sa hiérarchie, dans un rapport circonstancié. Quel que soit l’acte commis, des procédures sont prévues à l’encontre des magistrats qui violent la loi. Le policier n’est pas juge.
Le comportement outrageant du policier, qui s’est érigé en donneur de leçons est inacceptable, inqualifiable, injustifiable et disproportionné. Il convient d’ailleurs de signaler que certains préposés à la circulation font preuve d’un excès d’arrogance, se comportent comme des sauvageons, passent leur temps à racketter les citoyens, exigeant des billets allant de 1000 à 5000 F CFA et considèrent que le port de l’uniforme leur octroie tous les droits.
Le magistrat, Boubacar BA, qui pendant la scène a fait preuve de retenue, aurait dû exiger que l’agent préposé à la circulation décline son identité et lui communique son numéro de matricule, afin qu’il puisse être aisément identifié, dans l’hypothèse où il souhaiterait engager une procédure.
La position de l’UMS n’est pas équilibrée puisqu’il attribue tous les torts au policier, faisant l’impasse sur l’attitude du magistrat qui fait état de ses relations avec un « Général » pour bénéficier d’un passe-droit. Au demeurant, l’UMS ne doit pas se tromper de combat : le problème de la Justice sénégalaise, c’est Macky Sall. Le mépris et l’irrespect à l’endroit des magistrats découlent du fait que nombre d’entre eux par lâcheté, et inertie, ont accepté d’être asservis et soumis au pouvoir exécutif, en dépit de garanties constitutionnelles d’indépendance consacrées par les textes et notamment l’article 90 de la Constitution qui dispose que « Les juges ne sont soumis qu’à l’autorité de la loi dans l’exercice de leurs fonctions ».
Les cris d’orfraie d’Ousmane Chimère DIOUF n’y changeront strictement rien : aussi longtemps que les magistrats sénégalais resteront sous la coupe de Macky SALL, et valideront toutes ses forfaitures (par exemple, une liste de candidats composée de titulaires et de suppléants saucissonnée en 2), aucun citoyen ne leur accordera le moindre crédit. Dans un ouvrage intitulé « le discours de la servitude volontaire », Etienne de la Boétie s’étonnait que « des hommes, asservis, et soumis tête baissée, à un joug déplorable, ne puissent se révolter contre un tyran qu’il ne devrait pourtant point redouter ».
En déviant de la ligne claire tracée par ses prédécesseurs, CHIMERE DIOUF fragilise considérablement l’institution judicaire. Il urge de rectifier le tir, de revenir aux fondamentaux de l’UMS et de poursuivre le chantier engagé par les anciens bureaux pour l’indépendance de la justice sénégalaise.
Un célèbre adage soutient à juste titre que « Nul ne peut se prévaloir de sa propre turpitude ». Le Président de l’UMS, Chimère DIOUF, l’a appris à ses dépens.
L’indépendance, le respect et la liberté ne s’octroient pas : ils se méritent, et s’arrachent, si besoin.Seybani SOUGOU – E-mail :
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