
Hommage a Amady Aly Dieng Par Assime Diop
Elle porte la voix de notre cher ami et camarade de lutte pour l’unité et l’indépendance de l’Afrique avant et après la décolonisation inachevée de1960.
En effet, Feu Amady Aly Dieng
(1932-2015), un aîné de trois ans et ayant fréquenté comme lui l’Université de Paris Panthéon 5ème Arrondissement,
était un grand militant de l’indépendance politique et économique du Continent. Du berceau de l’humanité, il disait à la suite du Dr. Kwame Khruma et bien d’autres patriotes africains, que son salut passe par le fédéralisme et le panafricanisme.
IL avait été dans les années 50, parmi les dirigeants de l’Association générale des étudiants de Dakar(AGED) créée en 1950 et denevue en 1956 l’Union générale des étudiants d’Afrique occidentale (UGEAO).
Poursuivant en France ses études et son militantisme politique dans les années 60 pour la cause du Continent, il avait été aussi Président de la Fédération des étudiants d’Afrique noire en France (FEANF) en 1961 et 1962.
J’ai eu le grand avantage de militer au sein de la célèbre organisation estudiantine. Avec lui comme avec notamment d’autres anciens Présidents issus des huit territoires de l’ex-AOF tels que par exemple les professeurs de mathématiques, feu Ibrahima Ly du Mali mort sous la torture du regime militaire du dictateur Moussa Traoré ; et Maguette Thiam du Sénégal, actuel SG du Parti de l’Indépendance et duTravail (PIT) né des flancs du Parti Africain de l’indépendance (PAI).Le rôle de ces deux partis fut majeur dans la lutte pour la libération et la démocratie au Sénégal.
Pour rappel, Alpha Condé a été lui aussi un dirigeant de la FEANF. Mais, il y était parvenu par la plus mauvaise des manières opportunistes contraires à une saine pratique de la démocratie. Pour ceux des camarades qui l’ont côtoyé pendant cette grande et mémorable activité politique de la vaillante Fédération estudiantine d’alors, son avènement au pouvoir politique et la gouvernance autocratique et erratique qui en est résulté, n’étonnent guère.
Une accession au pouvoir et une gouvernance marquées par la fraude électorale et le tripatouillage de la Constitution et des lois du pays au prix de centaines de morts de concitoyens
et de plus de trois cents prisonniers politiques actuellement dans ses geôles pires que le fameux « camp Boiro » inscrit au passif du premier président de la Guinée Conakry.
IL se vante à tort de 40 ans de lutte pour la démocratie En réalité ce fut autant de temps de fuite et de poltronnerie politiques devant la lutte pour l’indépendance du Continent.
Quelques faits en sont la preuve.
En France, lors d’une Assemblée générale de l’Association territoriale des guinéens à la salle de réunion du pavillon C de la résidence Universitaire d’Antony, Alpha Condé est désavoué par une majorité de militants au profit de son adversaire, le Dr. Mamadou Bah. Apprenti autocrate, il refuse sa cuisante défaite et quitte la salle en provoquant la scission de l’entité syndicale et politique en tendance C et B majoritaire désormais.
Toujours en France, il était le grand absent à la grande manifestation parisienne des étudiants du 17 Février 1962 contre l’assassinat du héros de l’indépendance, Patrice Emery Lumumba, premier Premier Ministre du Congo, actuel RDC et dont le discours pourfendeur du colonialisme Belge du 30 Juin 1960 sonne encore à nos oreilles partisanes
A ce grand rassemblement de solidarité et d’indignation, j’étais à côté notamment de Abdoulaye Fadiga, futur gouverneur de la BCEAO et du déjà célèbre anti-colonialiste et avocat, Maître Jacques Vergès blessé au visage. Je garde encore en souvenir impérissable une photo de cette journée prise par le journal Jeune Afrique qui avait fait un reportage de l’événement. En représailles, nous avions écopé d’un enfermement à la prison de l’Opéra dans Paris 9ème A l’époque, Alpha était accusé d’intelligence ou de duplicité
avec la CIA contre le régime de Sekou Touré. Au demeurant, il vint curieusement un jour nous trouver dans le Café Babel de la Porte d’Orléans Paris 14ème, pour dit-il, nous faire ses adieux sous le prétexte d’être sur une liste d’opposants à Sékou Touré
à abattre. Quelle ne fût notre surprise de voir un prétendu révolutionnaire craindre à ce point la mort. Probablement, il importait peu aux yeux du leader de la révolution guinéenne, Sékou Touré, et était un reclus à Paris préoccupé par des soucis autres que le sort de la Guinée. En revanche, le Pr d’histoire, Ibrahima Baba Kaké, animateur à l’époque à Radio France Internationale,
de la célèbre émission : « Mémoire d’un Continent », était dans le viseur du régime pour lui être très critique; car son jeune jeune frère pris pour son grand frère sera agressé dans le même Café Babel.
En Afrique, Alpha Condé n’y mettra les pieds à Conakry, à la différence d’autres compatriotes comme Mamadou Bah, qu’après la mort du patriote et héros de l’indépendance de la Guinée, Ahmed Sekou Touré faussement accusé de l’avoir condamné à mort.
Sous la présidence de Lancana Konté issue d’un coup d’État militaire, Alpha Condé prend la fuite et doit son salut au Président Abdou Diouf qui, par intermédiation de son Ambassadeur, le Pr.Makily Gassama, l’a exfiltré par avion à Dakar. A ces faits de comportement qui en disent suffisamment sur le personnage politique tordu, ajoutons en rappelant qu’il avait trahit l’opposition guinéenne en fuyant la manifestation politique de 2011 au stade du 28 Septembre 1958 contre le regime militaire dictatorial de Dadis Camara. Ce jour là, plus de cent cinquante personnes y ont perdu la vie. De nombreuses femmes y ont subi viol et torture. Ces crimes et forfaits répugnants avaient été le fait de la soldatesque militaire de Dadis Camara. Le leader de l’opposition, Cellou Dalein Diallo, avait frôlé la mort. Certains responsables avérés de ces crimes sont actuellement dans son gouvernement ou son entourage. Alpha n’ose pas ouvrir le procès annoncé par un Ministre de la Justice courageux et démissionnaire depuis du reste.
Voilà le politicien tel qu’il est en réalité : un opportuniste, mystificateur, cynique et démagogue. Un médiocre et incapable de bonne gestion, au surplus prédateur de ressources publiques. Tout son activisme politicienne n’avait pour fin que l’accession au pouvoir et la jouissance de ses avantages. Son pays et ses populations ne l’interessent pas, à l’instar d’ailleurs des dirigeants africains à l’exception de ceux d’une minorité de pays dont le Rwanda, le Bostwana, le Cap-vert, le Ghana, l’île Maurice, l’Ethiopie Sinon comment expliquer que la Guinée, considérée comme un réservoir d’immenses richesses naturelles (minières et hydriques notamment, ne dit-on pas un scandale géologique en parlant du pays ?), reste encore le pays le plus arriéré où les besoins primaires
demeurent encore des rêves pour ses malheureuses populations.
Cette époque, âge d’or du militantisme estudiatin en France et en Afrique, m’a vu assurer de 67à 69 avec la confiance des camarades d’alors, et parallèlement à mes études, la charge de Président du Comité de gestion de la Maison des États de l’Afrique de l’Ouest plus connue sous le nom de Résidence du 69-71 Bd Poniatowski non loin de la Porte d’Orée à Paris 12ème et du bois de Vincennes. Difficile gestion, elle fut celle de ce foyer d’étudiants provenant des huit territoires de
l’ex-AOF, mais réussie avec l’appui et le soutien de la majorité des résidents malgré les sévères mesures de redressement que j’avais prises et appliquées. La maison servait également de lieu de manifestations diverses des Associations territoriales membres et de la Fédération dont les congrès annuels donnaient lieu à de long et rude débat politique. A cet égard, j’avais interdit l’accès à Alpha et à sa minorité de militants, d’y tenir une réunion après qu’il ait divisé le mouvement des guinéens à Antony
Pour en revenir à notre ami Dieng, il fut Dr es-science économie de l’université de Paris -Panthéon Paris 5ème. Fonctionnaire international, il l’a été pour le compte de la BECEAO à Dakar, et également Enseignant à l’Université Cheick Anta Diop de Dakar. Très critique à l’endroit des intellectuels, mais imbu d’éthique avérée et adepte de interdisciplinarité apte à renforcer le savoir, il a su résister au sirène de tous les pouvoirs au Sénégal à l’opposé de beaucoup .=d’intellectuels aucquels il reprochait leur option pour la lutte des places en lieu et place de la lutte des classes.
Car, il considérait que leur mission essentielle est et reste l’éveil des consciences pour le progrès et la justice sociale, c’est a dire un mieux être au Sénégal et en Afrique. Je me rappelle encore de son intervention au Centre culturel français de Dakar sur le livre de l’écrivaine camerounaise, Axelle Cabou, titré « Et si l’Afrique refusait le développement ». IL était aussi l’auteur de notes de lecture hebdomadaires publiées dans les journaux Walfadjri et Sud Quotidien que je lisais régulièrement avec profit.
Également, il est auteur entre autres publications chez Présence africaine, l’Harmattan, Codesria, Fnac etc.. d’un livre en deux tomes intitulé » « Mémoire d’un étudiant africain » dont l’objectif, dit-il lui. même, n’est pas d’egrenne un chapelet de souvenirs d’anciens combattants, mais de transmettre par écrit aux jeunes africains les expériences politiques, syndicales et sociales de l’ancienne génération. A leur l’intention surtout, il fut don aux bibliothèques et Instituts de recherches sénégalaises, de 1500 ouvrages toutes disciplines confondues retirés de sa bibliothèque personnelle en 2007. Le reste des ouvrages a été offert à l’université Cheick Anta Diop de Dakar. IL croyait en une formation interdisciplinaire, car considérant à juste raison que « la conquête de la liberté et de la justice sociale est impensable sans l’acquisition du savoir ».
IL a tiré sa révérence en 2015 à notre grand et immense regret après une vie bien remplie, rappelé à Dieu. Paix à son âme auprès du Seigneur Tout Puissant. AMINE.
C’était un amical témoignage d’un ami et camarade qui l’avait tant admiré tout en pensant toujours à lui.
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