cropped-LOGO-RP
Loading ...
00221 77 515 16 66 mamadouly4435@gmail.com

‘’Halte !’’ C’est le cri d’alerte de SOS Littoral pour dire  qu’’’il est temps d’arrêter le bradage du littoral avec son occupation anarchique et qui prive tous les citoyens de l’accès et la vue de la mer’’.

Hier, cette organisation a fait part de ce qu’elle appelle les ‘’cancers sur le visage notre capitale Dakar’’. A date, ‘’nous en sommes à 15 cancers aussi visibles les uns les autres et qui nous tuent à petit feu’’, fulmine le président de SOS Littoral.  Ils ont parlé, hier, de six  des 15. Une manière de donner matière à réflexion.

’Cancer n°1’’ : La corniche-Est de Dakar et le Cap Manuel

D’après Oumar Diagne, la destruction du site archéologique du Cap Manuel, datant de 8 000 ans sur la corniche-Est, avec le rétrécissement de son trait de côte. Cette corniche est aussi victime d’une prédation foncière soutenue avec l’accaparement sournois de la plage du Cap Manuel qui agonise. ‘’Les impacts sur le trait de côte, induits par l’avancée de la mer et ses impacts, le sable qui s’érode, l’inexistence de passages de servitudes, l’inaccessibilité à la mer indisposent et exposent à autant de menaces. L’on peut citer les impacts négatifs sur la santé des populations, aggravés par les phénomènes extrêmes des changements du climat qui, par ces attaques incessantes et répétitives, menacent de délabrement et de disparition le palais présidentiel’’, soutient Ngalla Diagne.

Patrimoine historique classé de l’humanité, l’île de Gorée n’est pas épargnée et subit son lot de conséquences sans une réelle politique de conservation. ‘’L’État attend toujours des catastrophes écologiques pour agir’’, peste SOS Littoral. L’organisation propose qu’un budget annuel à coups de milliards puisse être voté à l’Assemblée nationale pour l’entretien des habitations de Gorée et la restauration de sa côte. Un fonds qui doit être encadré.

‘’Cancer n°2’’ : La baie de Soumbédioune

Pour l’Association pour la défense du littoral-SOS Littoral, la baie de Soumbédioune, qui est dans un état de dégradation très poussé, avec ses polluants organiques persistants, dû à deux émissaires d’eaux usées (canal 4 et l’émissaire de Fann), dépasse les normes ISO dans sa toxicité. Elle alerte sur les conséquences qui peuvent être dramatiques sur les riverains, les passants et ceux qui fréquentent les lieux. ‘’Que fait l’Office national de l’assainissement du Sénégal – Onas ? A quand la fermeture du canal 4 et sa station d’épuration d’eaux usées ?’’, interroge SOS Littoral.

‘’Cancer n°3’’: La pointe de Fann

‘’Son émissaire d’eaux usées nauséabondes hautement toxique est assis sur un pipeline. Ici, l’écosystème marin, la biodiversité marine sont anéantis, depuis très longtemps’’, regrette Oumar Diagne. Il note que ce déversement à gagner une proportion très importante sur cette partie de l’océan et s’étale de plus en plus vers l’île de la Madeleine, cette zone de frayeur et de reproduction d’une multitude d’espèces marines dans le périmètre du patrimoine immatériel des Lébous du Cap-Vert : la demeure du génie protecteur de Dakar, Leuk Daour. Le constat est unanime. L’érection de Magic Land avec le remblai qui s’y est opéré étouffant la mer dans sa respiration et amputant du regard et de la brise marine la Cour suprême. Magic Land a pris au moins 3 000 m2 à la mer avec son remblai.

L’hôtel Terrou-bi, avec ses digues incontrôlées qui, ‘’après avoir spolié l’unique plage décente et humilié tous les agents du Service des parcs nationaux du Sénégal par la délocalisation manu militari du poste de commandement du parc national des îles de la Madeleine’’, veut engloutir la toute petite plage des enfants qui reste se situant à l’extrémité de la pointe de Fann, selon SOS Littoral.

Oumar Diagne et ses camarades estiment aussi que l’hôtel Azalaï qui défie l’océan et Leuk Daour ampute notre regard sur cette belle vue des îles de la Madeleine. D’après eux, la pointe de Fann, c’est aussi ‘’une nébuleuse de 100 000 m2 de détournement sur le foncier du littoral et d’enrichissement illicite’’. Décidément, dit-on, ce troisième ‘’cancer’’ est devenu chronique.

‘’Cancer nº4’’: La plage Fruitier et son prolongement

Pour le quatrième cancer, il s’agit de la plage Fruitier et son prolongement sur Kakalam (la mer calme) allant jusqu’à la cité des Enseignants du supérieur où cohabitent de hauts fonctionnaires de notre Administration. ‘’Là, nous sommes en phase terminale dans la gangrène. La mer est simplement amputée de notre regard, volée par une poignée de personnes et on ne peut plus parler d’accès. Le véritable sens du mot prédation trouve son nid dans ce cancer’’, déplore Oumar Diagne.

’Cancer n°5’’: La corniche de Ouakam et son quai de pêche

 Ici, SOS Littoral dénonce ‘’une spoliation foncière’’ tendant à faire disparaître un quai de pêche traditionnel implanté depuis le XXIe siècle. ‘’Le quai de pêche traditionnel de Ouakam ne peut être aliéné. Une bonne partie du foncier de ce quai de pêche appartient au sieur Fallou Guèye. Nous demandons l’annulation des baux octroyés à ce monsieur’’, menace l’Association pour la défense du littoral.

En outre, elle regrette le fait que la corniche de Ouakam, qui jouxte son littoral, à défaut d’un aménagement adéquat, soit le nid des agresseurs. ‘’Cette corniche compte plusieurs victimes. Elle fait aussi l’objet d’une convoitise déraisonnée. SOS Littoral, qui est née grâce et à cause de cet espace, n’acceptera jamais, mais vraiment jamais, l’aliénation de cette belle façade maritime avec son emblème de lumière qui est la mosquée de la Divinité’’, tonne SOS Littoral.

‘’Cancer n°6’’ : Le littoral des Mamelles à Ouakam

Ce segment allant de l’hôtel Al Kharafi dans l’ex-champ de tir de l’armée sénégalaise délocalisé où se situe le phare, s’étend jusqu’au rond-point du lieu de prières Al Mahdi.

Aux yeux d’Oumar Diagne, les Mamelles sont une problématique environnementale, voire une pandémie. Il dénonce un écocide qui serait créé  avec la violation de la loi 71-12 du 25 janvier 1971 non encore abrogée. Cette loi consacre le site patrimoine classé, monument historique, site archéologique et patrimoine sacré. ‘’C’est vraiment dire que les Mamelles jouissent d’une protection entière et intangible. Malheureusement, avec sa déclassification, aux Mamelles, tout y est : accaparement des terres, agression multiple de la colline du phare des Mamelles, prédation du littoral, pose d’une usine de dessalement, constructions anarchiques, etc.’’, fulmine Oumar Diagne.

Pour lui, aux Mamelles, les conventions internationales, celle de Ramsar qui protège les zones humides mondiales ratifiées par le Sénégal, de même que la Convention de la biodiversité sont profanées. ‘’Aux Mamelles, tout y est, créant un désordre endémique par le non-respect des textes et lois dans notre pays. Le Code de l’environnement est charcuté. Le Code de la géologie et des mines est miné. Le Code de l’eau bafoué et épuré de sa substance. Le Code de l’urbanisme oublié’’, martèle-t-il.

‘’Le Code du domaine public maritime noyé dans les abysses de l’océan. Il ne reste plus rien aux Mamelles. Le littoral des Mamelles est un cadavre en putréfaction’’, dit-il.

À cet effet, SOS Littoral indique qu’elle n’acceptera jamais que la seule rue non dénommée du plan cadastral donnant accès au site et débouchant sur une servitude du littoral soit aliénée et occupée à l’aide d’un arrêté d’un ministre des Finances.  Arrêté qui ne serait même pas passé en CCOD.

Ainsi, SOS Littoral met en demeure tout agent de l’Administration et particulièrement des domaines qui encourage le bradage de cette zone de servitude du littoral des Mamelles que les Ouakamois appellent communément ‘’Jean Lefèvre’’. Elle interpelle le président de la République Macky Sall de poursuivre son effort d’aménager les espaces du littoral qui sont jusqu’ici inoccupés, dont il a donné le gage de préserver et instruit ses services à l’embellir et sauvegarder pour aussi bien les Sénégalais que les citoyens du monde.

‘’SOS Littoral compte accompagner une telle politique et n’attendra pas d’agir et proposer un projet de plan d’aménagement concerté avec une maquette digitalisée pour sauver cette zone de servitude qui jouxte les rochers de la plage. Ce plan d’aménagement concerté (PAC) sera articulé au Plan d’investissement communal (PIC). Nous allons donc créer sur cette zone de servitude la promenade

du littoral des Mamelles’’, annonce Oumar Diagne.

Prochainement, SOS Littoral promet de revenir sur les sept autres ‘’cancers’’. Elle indique qu’elle n’occultera point les terres du continent et surtout celles de Taanka qui aurait déjà vu huit dossiers. BABACAR SY SEYE