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BÂTIR UN LARGE FRONT POUR DÉFENDRE L’ÉTAT DE DROIT ET LA DEMOCRATIE AU SENEGAL Par DIAGNE FODE ROLAN

L’histoire joue parfois des tours dont elle est seule à avoir le secret. De 1960 à nos jours, le Sénégal est passé par plusieurs étapes marquées par les luttes du peuple pour instaurer l’état de droit, la démocratie et une vraie souveraineté nationale, voire populaire Le régime parlementaire fut aboli en 1962 par un coup d’État du président contre le président du conseil pour le remplacer par le régime présidentiel que connaît le pays. Unis pour imposer le parti unique, Mamadou Dia et L. S. Senghor avaient fait éclater la Fédération du Mali puis avaient dissous le seul parti véritablement indépendantiste le PAI Marxiste-Léniniste. Le tournant nationaliste de Mamadou Dia avait été le prétexte à son éviction du pouvoir néocolonial et son emprisonnent par le pur produit de l’aliénation coloniale personnifiée en la personne de L.S. Senghor.

La révolte estudiantine et populaire de 1968 fut l’étape suivante qui contraint le pouvoir présidentiel néocolonial a lâché du lest en instituant un multipartisme contrôlé réservé à quatre formations politiques choisies pour court-circuiter la montée en puissance du RND de feu Cheikh Anta Diop et des partis clandestins de la gauche communiste PIT, LD, AJ, Ferñent.

L’élection présidentiel de 1978 montra des signes d’un début de déclin du présidentialisme social-démocrate senghorien, lequel planifia, par l’adoption de l’article 35 de la Constitution d’alors, la passation du pouvoir à son dauphin A. Diouf, lequel, une fois devenu président, élargissait le multipartisme pour intégrer tous les partis du RND à la gauche communiste dans le jeu de la démocratie électoraliste néocoloniale. Le peuple, par ses luttes animées par les forces patriotiques et communistes, arrachait ainsi au présidentialisme néocolonial le droit à la légalisation des partis. Les partis de gauche communiste au-delà de leurs divergences idéologiques convergèrent au sein du mouvement syndical pour pourfendre l’hégémonie syndicale du PS social-démocrate imposant au mouvement ouvrier la collaboration de classe à travers « la participation syndicale ». Par contre, au plan politique le jeu électoraliste suscita des choix d’alignement derrière le «parti de contribution»,le PDS libéral,d’abord du PIT,puis de la LD et ensuite de AJ. L’élection présidentielle de 1988 annonçait le début de la fin du pouvoir PS. La contestation des élections vit A. Diouf qualifier la «  jeunesse de malsaine » et la première défiance populaire du « diguël » maraboutique que seule la tension avec la Mauritanie permit de juguler et qui fut prétexte à la mise en place du « gouvernement d’union nationale » avec le PDS et le PIT. Si la LD suivit la trace du PIT au gouvernement PS, AJ, après les élections de 1993, s’engagea dans l’alliance soumission avec le PDS, ce qui les entraîna tous, dès le premier tour, dans la coalition 2000 qui devait produire à la fois la première alternance au pouvoir, la collaboration de classe et la lutte des places dans les gouvernements bourgeois néocoloniaux. C’était ainsi un adieu remarqué à la dénonciation du libéralisme et des diktats du FMI, de la Banque Mondiale et de l’OMC. A chaque étape, la lutte pour l’état de droit et la démocratie menée par le peuple fut l’assurance-vie de sa préservation face aux tentatives de revenir en arrière pour sauver le pouvoir néocolonial du PS, du PDS et aujourd’hui de l’APR/BBY. C’est ainsi que pour stopper la dérive monarchiste de A. Wade, le peuple, déjà préparé par les Assises Nationales et l’activisme militant d’une jeunesse de plus en plus engagée, fut encore là par sa mobilisation et ses sacrifices (plus de 10 morts) le facteur décisif. Le front le plus large possible – notamment dans les Assises nationales et le M23 – a été le moyen d’écarter le danger d’une succession monarchiste que le présidentialisme néocolonial avait fécondé en raison du syncrétisme capitaliste-féodal intrinsèque au colonialisme et son succédané néocolonial. La violence, l’insécurité, le danger actuels planent sur le pays en raison de sa fascisation balisée par la découverte du pétrole et le gaz et la tendance néo coloniale qui fait que le présidentialisme est le moyen le plus direct de forger « sa » propre bourgeoisie milliardaire servile à l’impérialisme françafricain, eurafricain et usafricain.

Pour mettre fin aux dérives anti-démocratiques actuelles, il faut donc renouer avec le large front des forces vives démocratiques et populaires de la nation sénégalaise des partis politiques aux syndicats, aux associations et aux citoyens sur la base d’une plateforme minimale pour exiger  :

– Pas de 3ème candidature et mandat présidentiels, respect de la Constitution – Pas d’élimination des adversaires politiques, suppression de la disposition du code électorale et du parrainage – La transparence et le contrôle partagé du fichier électoral, l’épuration du fichier et l’inscription libre des électeurs – Une commission électorale indépendante consensuelle pour l’organisation des élections – Le respect du droit de manifester pacifiquement, la liberté d’opinion et d’expression – La fin des arrestations et emprisonnements arbitraires et illégaux – La suppression de la soumission du pouvoir judiciaire au pouvoir exécutif – La fin de l’impunité judiciaire consécutive aux rapports des corps de contrôle, notamment le rapport de la Cour des comptes sur la gestion du covid – Des mesures idoines sérieuses contre la vie chère Cette plateforme pour rétablir l’état de droit et la démocratie doit être prise en charge par un large front constitué de tous ceux et celles qui veulent que jamm am ci deuk bi, y compris par les députés récemment élus après les élections locales. Une fois le danger stopper, chacun pourra choisir son candidat en dehors du seul Macky Sall qui ne peut candidater parce que la Constitution, mère de toutes les lois, le lui interdit. C’est le principal message envoyé par le peuple dont le vote a rééquilibré le pouvoir législatif comme pour dire  : trop, c’est trop, ça suffit !