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Les indignations sélectives de la société qui se dit civile Par Abdoulaye Bamba DIALLO

La soi-disant Société civile devrait cesser de jouer ce rôle de sapeur-pompier de la classe politique l’amenant souvent à se comporter comme des pyromanes afin d’avoir un incendie à combattre. Il me paraît, aujourd’hui, plus urgent pour ceux qui s’autoproclament la Société civile sénégalaise de s’inspirer de ses devancières des années 80 qui s’engageaient pour des luttes sociales comme le Set-Setal, la lutte contre l’excision, le mariage forcé et pour la scolarisation des jeunes filles ainsi que les inscriptions sur les listes électorales, luttant ainsi contre l’abstention, ce mal profond de notre démocratie. De nos jours, après un hivernage aussi pluvieux qui a causé des désagréments dans de nombreuses écoles du pays, une large coalition pour nettoyer et désinfecter celles-ci paraît plus importante qu’une pré-campagne pour une élection prévue en février 2024. Dans le même temps, un plaidoyer de plus en plus assourdissant devrait être mené pour l’éradication totale de tous les abris provisoires servant de lieu d’instruction à des enfants de la République. Que tous ceux qui dans le pays comme moi ont bénéficié de l’école publique (au primaire, au secondaire ou au supérieur) acceptent de verser chaque année une contribution pour venir en soutien à l’école publique qui a contribué à faire de nous ce que nous sommes devenus. La Société civile pourrait être à la tête de cette coalition qui chaque année répertorie les écoles publiques ayant besoin d’entretien, de réfection ou de réhabilitation. Autre préoccupation représentant un véritable péril sous nos cieux, comme celui des enfants de la rue, est l’usage des serviettes hygiéniques. Beaucoup de petites filles sortant de l’enfance et arrivant à la puberté, celle de l’adolescence, voient leurs études perturbées voire brisées ou interrompues du fait de l’apparition de leurs menstrues. A l’écoute de certains enseignants, on comprend la détresse, le désarroi si ce n’est le désespoir que cette manifestation du corps féminin fait subir à l’endroit de nos jeunes sœurs, de nos filles et même de nos petites-filles. Et cela, semble-t-il, dépasse même le cadre scolaire. Et ce drame humain mériterait une plus grande mobilisation des énergies, des moyens et du temps que celle consistant à s’occuper à trancher les différends entre coqs politiques. Car tout de même, acceptons que celui qui veut être «Roi des arènes» dans la lutte sénégalaise ne peut pas dire qu’il ne va pas affronter Balla Gaye, Emeu Sène, Modou Lô, Bombardier ou Gris Bordeaux.

On ne choisit pas ses adversaires dans une compétition, on doit, seulement, accepter d’affronter ceux qui sont qualifiés à participer à ces joutes.

Dans la lettre ouverte à l’adresse du président de la République, postée par cette société civile animée de très bonnes intentions et mue par le seul désir d’être utile, le plaidoyer parle à la fois de morale, de droit et de politique. Acceptons, donc, que la morale est individuelle et qu’elle peut découler du religieux et du culturel pour être collective même si elle est à géométrie variable. D’où le libre arbitre reconnu à chacun et l’obligation à tous de respecter les conventions sociales. Il faut, donc, accepter le droit à tout un chacun d’avoir sa conscience comme premier juge. Le droit étant ce qui nous est commun et qui par les lois et règlements codifient et organisent un commun vouloir de vivre en commun. D’où l’obligation à tout un chacun de respecter, donc, la Patrie, la République, les Institutions et le Droit à la différence. Etant tous régis par les lois de la République, les valeurs communes de notre Peuple, laissons à nos Institutions ce qui est de leur ressort et qui leur est reconnu. Autrement dit, le droit de trancher les interprétations, les opinions et forcément les passions et les prétentions en politique en fonction des lois et règlements. Et jusqu’à preuve du contraire, sous nos cieux, il ne revient qu’au Conseil constitutionnel les prérogatives de recueillir les candidatures à la Présidentielle et de retenir ceux qui sont autorisés à solliciter un mandat du Peuple souverain. Enfin la politique ! C’est un rapport de force qui se construit sur le terrain. Elle démarre par la bataille des idées et se traduit par une capacité à faire adhérer le maximum de militants et de sympathisants autour de ces idées, de ces projets et d’un programme attractif. Le tout est soumis au verdict des électeurs à travers un scrutin libre et transparent. L’agitation médiatique, la surenchère, les procès en sorcellerie et l’ex-communion peuvent flatter des ego et entretenir la passion et entraîner la confusion. Et même déboucher sur la violence. La seule exigence politique à exprimer ? Que le Président de la République nous garantisse comme depuis l’an 2000, un scrutin libre et transparent. Pour le moment, rien ne pousse à penser le contraire. Les Locales de janvier et les Législatives de juillet en font preuve.