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RAPPORT SUR L’ÉTAT DE LA LIBERTÉ DES MÉDIAS ET DE LA SÉCURITÉ DES JOURNALISTES EN AFRIQUE : La presse sénégalaise diagnostiquée

https://www.jotaay.net Les médias africains continuent de faire face à de sérieux défis dans l’exécution de leur travail. Selon un nouveau rapport sur «l’état de la liberté des médias et de la sécurité des journalistes en Afrique», les progrès minimes dans l’avancement de la liberté de la presse et de la liberté d’expression sur le continent ont été effacés par la législation et les actions de certains États qui continuent d’entraver le développement de médias professionnels et indépendants. Selon le rapport publié vendredi dernier, le pluralisme et la diversité des médias sur le continent restent un grand défi en termes de propriété et de distribution des médias et de diversité des voix représentées dans les médias. Plusieurs pays ont adopté des lois pour légitimer leurs pratiques de surveillance en légalisant l’interception par des organismes publics et en exigeant sa facilitation par des intermédiaires de communication tels que les entreprises de télécommunications et les fournisseurs de services internet. Ce alors que les interruptions d’Internet sont récemment devenues courantes dans plusieurs pays africains. La presse africaine ne se porte pas très bien et celle sénégalaise ne fait pas exception. En effet, alors que l’Indice mondial de la liberté de la presse 2021 indique que la situation dans 23 des 48 pays africains évalués est classée comme mauvaise ou très mauvaise, le rapport sur «l’état de la liberté des médias et de la sécurité des journalistes en Afrique» semble confirmer les difficultés de la presse sur le continent. Reporters sans frontières (Rsf) note que les violations de la liberté de la presse sont courantes sur le continent et qu’elles incluent la censure arbitraire, en particulier sur Internet, des arrestations de journalistes au motif de la lutte contre la cybercriminalité, les fausses informations ou le terrorisme, et des actes de violence contre le personnel des médias qui restent généralement totalement impunis.

Pluralisme et diversité des médias

Le pluralisme et la diversité des médias sur le continent restent un grand défi en termes de propriété et de distribution des médias et de diversité des voix représentées dans les médias. Même avec la libéralisation des ondes et les garanties constitutionnelles de la liberté des médias, plusieurs défis demeurent. Il s’agit notamment des coûts élevés de mise en place d’une maison de presse, d’une programmation biaisée et de la censure qui entrave l’inclusion de plusieurs voix, en particulier celles des groupes marginalisés tels que les femmes, les personnes âgées et les personnes handicapées. Pour la majorité des pays étudiés, la radio reste la principale source d’information, la diffusion de la presse écrite étant en déclin tandis que les médias en ligne gagnent en popularité. «Le paysage médiatique sénégalais est pluraliste et diversifié avec au moins 27 quotidiens, plus de 20 radios généralistes, près de 100 radios communautaires et 15 chaînes de télévision. Il existe plus de 300 sites d’information en ligne, bien que ceux qui sont exploités de manière professionnelle ne dépassent pas 15. Les autorités s’efforcent de promouvoir le pluralisme et la diversité des médias par le biais d’un Fonds de soutien et de développement de la presse (Fadp), qui a alloué des subventions à au moins 160 entreprises de médias et 150 radios communautaires», note le rapport. Et d’ajouter que dans de nombreux cas, les médias publics ont un accès plus facile aux informations officielles que les médias privés. «Les radios communautaires au Sénégal jouent un rôle essentiel, notamment grâce à leur diffusion d’informations dans les langues locales. Cependant, elles ne peuvent pas être des entreprises de presse selon leur loi de fonctionnement, ce qui présente une menace sérieuse pour leur pérennité car leur personnel travaille en tant que bénévole», rapport encore le document.

La course au nombre de «vues et de clics» …

Sur le plan éditorial, le rapport note que la course au nombre de «vues et de clics» pousse de nombreux médias, notamment les éditeurs en ligne, à se précipiter pour publier des informations qui ne sont ni complètes ni exactes. L’équité entre les sexes dans l’espace médiatique est très limitée, car le débat public est toujours dirigé par des hommes ou limité à eux ; les invités masculins dominent le débat politique à la télévision. «Au Sénégal, plusieurs activistes ont été arrêtés pour leur discours sur les réseaux sociaux pour ‘’outrage au chef de l’État’’ et ‘’atteinte à la sécurité de l’État’’. Par exemple, Adama Gaye, journaliste et militant, a été arrêté en juillet 2019 pour avoir tenu des propos sur Facebook jugés par les autorités comme insultants envers le Président Macky Sall et portant atteinte à la sécurité de l’État. Ses messages concernaient en grande partie la gouvernance, la corruption des officiels et la gestion des ressources pétrolières du pays», illustre le rapport.

Interruptions d’internet, y compris les coupures d’internet

Selon le rapport, les interruptions d’Internet sont récemment devenues courantes dans plusieurs pays africains. Les gouvernements, dit-il, ont parfois fermé ou restreint Internet et l’accès aux plateformes de médias sociaux dans ce qui semble être des tentatives de limiter ou de contrôler les conversations en ligne et d’empêcher la mobilisation pour d’éventuelles manifestations en faveur de la démocratie et lors des examens nationaux. «Dans plusieurs cas, les agences de sécurité travaillent avec les régulateurs nationaux des communications pour ordonner la perturbation, en invoquant principalement des considérations de sécurité nationale ou d’ordre public, et en faisant référence aux pouvoirs du régulateur d’ordonner aux fournisseurs de services d’interrompre les services», dit le rapport.

Limitations indues du droit à la vie privée et à la communication anonyme

Le droit à la vie privée et à la protection des données en ligne est très important en raison de son lien complexe avec d’autres droits et en tant que fondement de leur réalisation, notamment les droits à la liberté d’expression, d’information, de réunion et d’association et à la préservation de la dignité humaine. Dans de nombreux pays africains, le droit à la vie privée est dérogeable, la sécurité nationale et l’ordre public étant les justifications les plus courantes pour limiter ce droit. D’autres raisons incluent l’investigation et la détection d’infractions, la protection des intérêts nationaux et la défense des droits de l’homme. Alors que de telles limitations pourraient être importantes pour la protection des libertés et droits fondamentaux, les pays doivent veiller à ce qu’elles soient nécessaires, proportionnées et justifiables, tout en mettant en place des mécanismes de surveillance et des freins et contrepoids suffisants pour empêcher l’abus des lois sur la surveillance.

Criminalisation de la liberté d’expression en ligne

Poursuivant, le rapport renseigne qu’au cours des dernières années, certains pays ont systématiquement utilisé le droit pénal pour poursuivre et punir certains aspects des pratiques journalistiques. Celles-ci incluent l’introduction de dispositions qui criminalisent la publication de fausses nouvelles et de communications considérées comme offensantes, ainsi que l’obligation pour les journalistes de révéler leurs sources d’information. Selon une étude de 2021, le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Kenya, le Malawi, le Niger, le Nigéria, le Sénégal, l’Afrique du Sud et l’Ouganda ont presque doublé leurs lois et règlementations sur la désinformation depuis 2016. En outre, un sur trois de ces lois n’exigent aucune preuve que les « fausses » informations ont causé ou risquaient de causer un préjudice pour qu’elles soient sanctionnées et le processus de détermination de la fausseté ou du préjudice par les tribunaux n’est pas spécifié ou bien articulé. De plus, les lois sont conçues et appliquées de manière à cibler les politiciens et les journalistes de l’opposition, et non ceux qui créent et propagent la désinformation. D’autres dispositions légales introduites prétendument pour lutter contre les fausses nouvelles exigent que les personnes ne publient que des informations «véridiques» et «authentifiées» sous peine d’être tenues pour responsables. Ces lois sont souvent formulées de manière large et vague et ont été utilisées dans divers cas pour réduire au silence les journalistes critiques. «Au Sénégal, l’article 254 du Code pénal crée l’offense contre le président de la République. Bien que la loi ne définisse pas l’«infraction» contre le chef de l’État, elle a été utilisée pour arrêter et détenir des individus. En outre, l’article 431-59 de la loi nationale de 2008 sur la cybercriminalité criminalise la diffusion publique d’objets ou d’images immoraux par le biais de la presse écrite, de la diffusion ou de la communication numérique», dénonce encore le rapport.

Enregistrement et licence des producteurs de contenu en ligne

Aussi renseigne le document, avec la croissance des communautés en ligne, de nombreux pays ont réagi en promulguant des lois, des politiques et des directives qui exigent l’enregistrement et l’octroi de licences aux producteurs de contenu en ligne. En effet, les prescriptions en matière d’enregistrement et de délivrance de licences prévoient des frais d’enregistrement et de renouvèlement des licences et prévoient des mesures punitives en cas de non-conformité. «Le Sénégal dispose d’un réseau dynamique de blogueurs qui publient des articles, organisent des réunions de sensibilisation et aident la population à mieux comprendre les questions d’intérêt général. Le Code de la presse ne fait aucune référence aux blogueurs ou aux journalistes citoyens, mais ils sont un élément clé du paysage médiatique sénégalais. Ces journalistes citoyens ont été très actifs lors des dernières élections du pays, participant au suivi du processus électoral par leur documentation et leurs reportages», lit-on encore sur rapport de 58 pages. Sidy Djimby NDAO