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UN PROCÈS HISTORIQUE CONTRE L’INDUSTRIE DE LA FARINE DE POISSON

http://www.emedia.sn La longue lutte contre l’industrie de farine et de l’huile de poisson en Afrique de l’Ouest semble avoir atteint, aujourd’hui, une nouvelle étape. Comme le souligne un communiqué de Greenpeace Afrique parvenu à Emedia, c’est un groupe de femmes transformatrices de poisson, de pêcheurs artisans et d’autres habitants de la ville de Cayar qui ont entamé une procédure judiciaire contre l’usine de farine de poisson qui, selon eux, constitue une grande menace à leur droit à un environnement sain, d’autant plus que selon le texte, l’unité industrielle pollue l’air et la principale source d’eau potable de la ville. Le collectif Taxawu Cayar qui est à l’initiative du procès, a annoncé que la société espagnole Barna a vendu ses parts de l’usine de Cayar à l’équipe de gestion locale, à la suite d’une campagne soutenue par les communautés et les organisations de la société civile. Cette nouvelle situation intervient alors que Greenpeace Afrique révèle, toujours selon le communiqué, qu’un rapport du groupe de travail de la FAO confirme que les principales espèces de poissons ciblées par l’industrie de farine et d’huile de poisson sont « surexploitées » et que « l’épuisement des stocks de petits pélagiques côtiers constitue une menace sérieuse pour la sécurité alimentaire » en Afrique de l’Ouest. Les représentants des communautés côtières et Greenpeace Afrique ont déjà mis en garde sur l’impact négatif du déclin des stocks de poissons sur les moyens de subsistance des 825 000 personnes au Sénégal qui tirent leurs revenus de la pêche. Ainsi, toujours selon notre source, un grand nombre de résidents de Cayar se sont rassemblés au Tribunal de Grande Instance de Thiès ce jeudi matin, pour montrer leur soutien au collectif face à l’injustice que constitue l’usine de farine de poisson. Toutefois, les avocats de la défense ont demandé au juge et obtenu l’ajournement du procès jusqu’au 6 octobre. Ce que Maty Ndao, une transformatrice de poisson de Cayar et membre du collectif Taxawu Cayar, tente de justifier. « Il semble que les propriétaires de l’usine aient besoin de temps pour trouver des excuses. Mais nous sommes prêts, les preuves scientifiques dont nous disposons révéleront au monde entier qu’ils ont enfreint la loi. Le fait que les anciens propriétaires s’enfuient après que nous ayons protesté contre eux nous rend encore plus déterminés dans notre combat. Ils polluent la terre, l’eau potable et détruisent la mer. Notre ville est empestée d’une terrible odeur nauséabonde. La santé de nos enfants et notre capacité à gagner notre vie sont en jeu Une détermination que Maître Bathily, avocat du Collectif, comprend très bien. Pour la robe noire, « les procès de ce type sont rares dans notre pays, voire dans la plupart des pays africains. C’est un moment historique pour nos institutions de protéger les droits environnementaux des communautés locales lorsque ceux-ci sont violés par des entreprises qui ne sont mues que par le profit ». Il reste convaincu que « l’usine a enfreint à plusieurs reprises le code de l’environnement et l’étude d’impact réalisée avant son ouverture présente clairement d’énormes lacunes. » Il s’agit d’une position confortée par les arguments du scientifique. Car pour le Dr Aliou Ba, responsable de la campagne Océans de Greenpeace Afrique, « les usines de farine de poisson comme celle de Cayar se permettent de priver les populations locales de leur poisson et de l’exporter sous forme de farine et d’huile en Europe et en Asie pour nourrir des animaux. Elles concurrencent les marchés locaux de consommation, poussent les acteurs de la pêche à la faillite et privent les ménages sénégalais de poisson abordable pour leur subsistance ». Dr est convaincu que « cette façon inhumaine de faire des affaires sur le dos des communautés locales sape la sécurité alimentaire de plusieurs millions de personnes et il est temps que cela s’arrête car elle ne profite qu’aux pays riches. » M. THIOBANE