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Le pouvoir sénégalais peut avoir des choses à reprocher à des journalistes sénégalais qui ont éprouvé le besoin d’interviewer un fugitif sénégalais contre lequel un mandat d’arrêt international a été lancé sous l’égide de la police internationale (Interpol). Une notice rouge qui a trouvé un début d’exécution avec l’interpellation du fugitif en question par la police française puis sa traduction devant un tribunal de Versailles.
A quel moment donc l’Etat du Sénégal a-t-il pensé qu’aller cueillir ces deux journalistes jusque dans leurs locaux respectifs pouvait être une stratégie payante dans sa quête de régler (une partie de) son compte au fugitif ? Cette double interpellation de Maimouna Ndour Faye et Babacar Fall pouvait être évitée parce qu’elle n’honore pas l’idée de rupture promise d’avec les pratiques de l’ancien régime. Elle ne règle nullement – ni dans le fond ni dans la forme – la question et le sort du fugitif.
En présentant Madiambal Diagne comme « analyste politique » en faisant un black-out total sur le mandat d’arrêt international dont il fait l’objet, la direction de 7 TV n’a-t-elle pas trahi sa mission d’information à l’endroit du public ? Avait-elle oublié que son invité a été inculpé pour divers chefs d’accusation gravissimes qu’elle avait l’obligation de mentionner dans ses annonces publicitaires ?
Tous les Etats de la planète savent mieux que quiconque fabriquer des délits et des infractions là où il n’y en a pas. Si interviewer un fugitif était un délit, cela se saurait. Et dans ce scénario là, tout journaliste ‘’en situation’’ (pour parler comme Jean-Paul Sartre) mettrait en balance les principes d’éthique et déontologiques de son métier dans l’optique de faire le meilleur choix (pour sa conscience et pour son pays). Et la violence institutionnelle déployée par la police et la gendarmerie dans deux espaces médiatiques différents en l’espace de quelques heures n’aurait jamais eu lieu !
Dans tous les cas, une des grandes batailles pour la presse est que les journalistes parviennent à assurer l’indépendance éditoriale des médias qui leur appartiennent ou qui leur sont confiés. Pour les vrais professionnels qui vivent du métier et seulement du métier, cela ne saurait être une option… Il faut mettre un terme impératif à la complicité éditoriale avec des politiciens milliardaires ou simplement mafieux et tordus. La liberté de la presse passe irrémédiablement par la cassure des liens de subordination établis avec des bailleurs en quête de débouchés politiques et financiers.
(…) C’est l’occasion de dénoncer la furie hypocrite de politiciens opportunistes et sans vergogne qui, aujourd’hui, condamnent allègrement les coupures des signaux de 7TV et TFM après avoir explicitement applaudi les mêmes pratiques de l’ancien régime contre d’autres médias il y a moins de deux ans…