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Macky Sall Foundation for Peace, Dialogue and Development

Discours de SEM le Président Macky Sall à l’occasion de la présentation de son livre L’Afrique au cœur
New York, 24 septembre 2025


Excellencies:
Dear Ban Ki-moon, former United Nations Secretary-General,
Dear sister Ameenah Gurib-Fakin, Former President of Mauritius,
Dear friend Charles Michel, former President of the European Council,
Dear brother Yusuf Tuggar, Nigeria’s Minister of Foreign Affairs,
Dear brother Moussa Faki Mahamat, Special Envoy for the 4P (the Pact for Prosperity, People and the Planet) former President of the African Union Commission,
My dear wife Marème and family,
Ladies and gentlemen, distinguished guests
All protocols observed
Thank you all for graciously accepting my invitation. I am deeply grateful to each of you for taking the time to be here.
Africa stands at the cross-roads.
The world is at a cross-roads.
Thank you for being here today, to stand with Africa.
With this new book, I share my vision directly from the heart.
I know all of you who believe in Africa. You also lead from the heart.
Because when we do, we move forward for the people of Africa.
The potential of our continent is incomparable.
And if we do lead from the heart, Africa’s bright future becomes unstoppable.

Let me now switch to French.

Je voudrais d’abord replacer L’Afrique au cœur dans son contexte historique pour aider à comprendre sa raison d’être et sa résonance globale.
J’appartiens à une génération d’africains nés après les indépendances, au terme d’un long et pénible cycle de domination coloniale.
Notre génération s’est nourrie du combat de nos illustres pionniers, qu’Amadou Hampaté Ba a appelés « les Fils Aînés du 20e siècle africain ».
Leur lutte pour l’indépendance de l’Afrique et la reconnaissance de sa place dans le concert des nations a marqué nos esprits et nous a inspirés. C’est ce bouillonnement intellectuel, politique et syndical qui m’a préparé et fait entrer en politique. Voilà la raison d’être de mon livre.
L’Afrique au cœur est essentiellement axé sur les défis du continent et les moyens d’y faire face dans un contexte mondial en pleine mutation. Ce n’est ni une plainte ni une complainte, mais le récit d’un citoyen africain sur l’Afrique ; un plaidoyer pour une Afrique revigorée et plus unie ; une Afrique libérée des préjugés et injustices d’un ordre mondial qui retarde sa marche vers le développement.
Je ne prétends pas parler au nom de l’Afrique. J’ai surtout voulu partager un militantisme actif et l’expérience d’une vie publique de plusieurs années au service du Sénégal et de l’Afrique.
C’est l’objet des 23 chapitres que j’expose dans le livre. Ils portent sur des problématiques que j’avais souvent abordées dans le cadre de mes fonctions de Président du Sénégal et de mes mandats au nom de l’Afrique, notamment comme Président du Comité d’Orientation du NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) et Président en exercice de l’Union africaine.
De toute évidence, ces problématiques restent d’actualité. Elles nous interpellent en tant que citoyens, leaders publics ou privés, intellectuels, jeunes et moins jeunes. Elles demandent surtout une prise en charge par le plaidoyer et l’action.
Voilà ce qui m’a motivé à publier L’Afrique au cœur.
J’y parle de l’action publique qui impacte positivement le quotidien de nos populations.
Je me souviens du sourire éclatant d’un enfant de Tomboronkoto, au Sud-Est du Sénégal, heureux de découvrir pour la première fois en 2021 la lumière électrique quand j’étais venu connecter sa localité au réseau national électrique, dans le cadre d’une tournée économique.
Je parle d’un panafricanisme d’action, pour une Afrique qui doit rester debout et combative, malgré le poids de l’histoire et les injustices du présent.
Je parle d’une Afrique qui doit s’affirmer en acteur conscient de son potentiel, ouvert à tous les horizons, pour des partenariats co-construits, justes et équitables.
Nous connaissons les narratifs habituels sur l’Afrique des conflits, l’Afrique de la pauvreté et des maladies, l’Afrique divisée, exploitée et marginalisée sur la scène internationale.
On ne peut pas nier cette Afrique des problèmes. Mais il y a aussi une Afrique des solutions, qui refuse la fatalité du sous-développement.
L’Afrique des solutions, c’est sa jeunesse vibrante et créative, qui entreprend et réussit ; ce sont ses millions d’hommes et femmes qui se lèvent tôt, se couchent tard et travaillent dur pour nourrir, éduquer et soigner leurs familles ; ce sont ses hommes et femmes d’affaires qui investissent, innovent, créent de la richesse et des emplois.
L’Afrique des solutions, c’est un continent riche de ses ressources naturelles : 30 millions de km2, près de 60% des terres arables mondiales non encore exploitées, 15% des ressources forestières mondiales, et 30% des réserves minières mondiales, y compris des minéraux critiques essentiels à la transition énergétique.
Mieux encore, notre continent n’est pas seulement une terre de ressources naturelles. Il est aussi un creuset d’idées, de cultures et d’énergies ardentes.
Ses femmes et ses hommes incarnent l’espoir, la résilience, la créativité et l’innovation.
L’Afrique est jeune, vibrante, plurielle. C’est un continent en mouvement, tourné vers l’avenir. Qu’il s’agisse de paix, de sécurité, de développement durable ou de justice sociale, l’Afrique est au centre des grands enjeux planétaires.
Pour que cette place soit pleinement reconnue, nous devons parler d’une voix unie et plus ambitieuse.
L’Afrique ne doit pas être un problème à résoudre, mais une solution en construction ; une Afrique, actrice de son propre destin, qui refuse d’être à la périphérie du monde.
Pour ce faire, il n’y a pas de place à la résignation. Nous devons plus que jamais être et rester dans le temps de l’action.
L’Afrique doit être un acteur stratégique, moteur de la transformation globale, partenaire crédible dans la quête d’un avenir meilleur pour elle-même et pour le monde.
Mais cette Afrique des solutions ne pourra s’épanouir et prospérer que si nous arrivons à faire corriger les déséquilibres d’un vieil ordre mondial de quatre-vingts ans, qui ne tient compte ni des besoins ni des intérêts de notre continent.
Ma conviction profonde est que, quels que soient leurs efforts, nos pays ne pourront se développer sans la réforme de la gouvernance politique, économique et financière mondiale.
Dans cette gouvernance mondiale, l’Afrique ne peut rester en marge de décisions prises ailleurs et en son nom.
À travers ce livre, je réaffirme mon engagement à penser l’Afrique dans le monde et le monde avec l’Afrique.
Je veux surtout inviter à une mobilisation collective : celle des décideurs publics et privés, de la société civile, des intellectuels, et surtout de la jeunesse, afin de bâtir une conscience nouvelle, fondée sur une vision partagée, inclusive et durable de notre destin commun.
Quand j’évoque la gouvernance mondiale, je ne revendique pas une révolution, mais j’appelle à une évolution nécessaire des instances de décision des Nations unies, du FMI et de la Banque mondiale. Il faut saluer l’admission de l’Afrique au G20 et l’octroi au continent d’un 3e siège au Conseil d’administration du FMI.
Mais les sujets de préoccupations restent encore nombreux.
Je pense aux notations biaisées des agences de notations qui renchérissent considérablement les conditions d’accès de nos pays au crédit.
Je pense au fardeau insoutenable de la dette africaine depuis des décennies, sans perspective de solution globale et durable.
Je pense aux obstacles à une transition énergétique juste et équitable, qui permettrait à l’Afrique de contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique sans compromettre ses efforts de développement.
Voilà quelques-unes des problématiques que j’ai abordées dans ce livre. Je sais qu’elles sont toutes complexes et pesantes. Malgré tout, je reste optimiste. Je crois à l’émergence d’une Afrique unie, apaisée et stable ; confiante en elle-même et en sa jeunesse.
C’est pourquoi ce livre est aussi un message à l’Afrique et à sa jeunesse. A tous les jeunes d’Afrique je dis : croyez-en vous ! L’avenir vous appartient ! Formez-vous. Osez entreprendre pour vous réaliser et contribuer à écrire le futur de notre continent. L’Afrique de demain sera ce que vous en ferez.
Je vous remercie de votre aimable attention.