Je viens d’écouter attentivement l’émission « Kapar Gui » de Walf à propos des centaines de jeunes morts dans une tentative de traversée de l’océan à destination de l’Espagne. Navré des chantiers désormais battus dans l’analyse des causes et conséquences j’ai failli interrompre l’émission par un clic. Puis une information de taille a fait tilt dans mon esprit : parmi les victimes il y avait un homme qui comptait parmi les salariés les mieux payés d’un grand hotel de Saly ; on compte également un naufragé qui avec un business de 13 millions de nos francs.
Mieux, la personne qui pilotait le navire connaît la route de l’océan qui mène aux Îles Canaries pour l’avoir empruntée à plusieurs reprises.
La nature de ces informations balaie, presque d’un revers de main, l’argument de la pauvreté, voire de l’attrait d’un queconque eldorado.
En revanche elle introduit un argument auquel, jusqu’ici, nul n’a prêté attention à moins qu’il ne soit négligé : la liberté d’aller et de venir, le goût de l’aventure, ou alors chez des gens plus instruits le simple droit naturel et imprescritible de la liberté de déplacement.
Cette prise de conscience m’amène à avancer la solution suivante : puisque nos États ne peuvent imposer aux occidentaux le respect de cette liberté de déplacement, qu’ils l’accordent eux mêmes à leurs citoyens selon le protocole suivant:
- Que tous les citoyens sénégalais qui veulent voyager demandent un visa de sortie du territoire; du temps de Senghor nous allions en France ou ailleurs grace à un tel document.
- Que toutes les pirogues soient désormais dotées d’une puce permettant de les tracer partout dans l’océan. Avec notre nouveau satellite c’est faisable.
- Lever toute interdiction à nos pirogues de dépasser notre espace maritime.
- Matérialiser les routes maritimes et donner toutes les informations nécessaires pour aller partout à travers un bien commun: la mer.
- Se doter de patrouilleurs capables de venir en aide aux candidats à l’émigration en haute mer qui en font la demande.
Bref, mettre en place un dispositif qui n’aura pour objectif que d’empêcher les pertes en vies humaines.
Pour le reste, respecter l’habea corpus et la liberté de chaque citoyen de circuler.
Cette solution pourrait paraitre saugrenue, mais elle aura l’avantage de donner à l’Etat de transformer les autoroutes oceaniques de la mort, en de simples routes maritimes sûres à l’usage de la liberté et du droit d’aller et de venir pour nos jeunes avec comme seul risque de revenir sains et saufs, mais surtout de couper l’herbe sous les pieds de la mafia locale et étrangère qui vit d’une émigration dont les enjeux auront complètement été transformés.
