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« Contre l’imprévisibilité, contre la chaotique incertitude de l’avenir, le remède se trouve dans la faculté de faire et de tenir des promesses. » Hannah Arendt

Pour un ancien législateur qui avait soutenu la loi portant criminalisation de l’homosexualité, baisser pavillon aussi ridiculement, autant dans l’accoutrement que dans le verbe, face à un législateur, venu de la lointaine contrée des colons et initiateur de la loi pour le mariage des homosexuels, en soutenant que le phénomène est toléré, il faut être Ousmane SONKO pour en démontrer le génie.

Et visiblement, il a bien assimilé l’art de la séduction des masses, de nos jours embourbées dans les tourbillons du sensationnel, et pour lequel Machiavel soutient que: « Il faut que le prince sache bien colorer sa nature, et être hypocrite et dissimulateur. Car les hommes sont si simples, et cèdent tellement aux nécessités immédiates, que le trompeur ne manquera jamais de dupes. »

On espérait qu’à la suite de Mélenchon, se vantant d’avoir fait avancer la loi française dans le sens du mariage gay, que le sieur Sonko allait lui donner le change à la hauteur du conservatisme dont la société sénégalais s’éprend lorsque cette question est agitée en son sein. Et assumer comme son vis-à-vis et homologue français que tout comme lui, il a porté une proposition de loi visant à criminaliser l’homosexualité au Sénégal.

La scène de L’UCAD est un marqueur assez révélateur à la fois du flou dont la vision du leader du PASTEF est le nom et l’absence aiguë de la culture politique chez lui. Ce faisant, en lieu et place d’un débat idéologique franc et Il ne suffit pas de s’habiller en Ashnanti pour être un Nkrumah, face à un rejeton de la Mitterandie, nous avons eu droit à une parodie d’échange intellectuelle.

Mélenchon est un doux rêveur qui, de son passé Trotskyste, en ayant fait ses armes aux côtés de Pierre Lambert, à sa sublimation pâmante pour Mitterand, le commanditaire de la liquidation de Thomas Isidore Sankara, l’autre idole de Sonko, s’est reconverti à la révolution citoyenne par les suffrages. Et il faut croire que la subjugation qu’il éprouvait pour le défunt leader bolivarien de la révolution Venezuelienne, Hugo Chavez, y est pour quelque chose.

Car la première expérience de cet artefact idéologique eût pour cadre opératoire le Venezuela et JLM lui-même soutenait avec la faconde qui le distingue parmi les tribuns, que  » la flamme s’est rallumée en Amérique du Sud parce que le nouvel âge du capitalisme en avait fait son cahier de brouillon. Le néolibéralisme y a été expérimenté d’un côté par des dictatures militaires, de l’autre par l’opération « Condor » et les violences de la CIA. Les politiques qui ont ensuite pris le relais ont été partout les mêmes : concurrence libre et non faussée, monétarisme et dérégulation. Tout le continent a ainsi été conduit au désastre. C’est dans ce contexte que la flamme révolutionnaire s’est rallumée au Venezuela ».

Dès lors qu’il magnifie cette victoire de ses désormais alliés du Sénégal avec amphase n’est au surplus qu’un prolongement de son soliloque théorique de la révolution citoyenne, fondation d’où il faut élever la citadelle de l’avenir en commun. Titre de son programme présidentiel des dernières élections présidentielles françaises où il est arrivé 3ème.

Quant à Sonko, il n’y’avait de panafricain chez lui que le style vestimentaire de Kwamé Nkrumah. Tout au plus, son discours charriait davantage de complaintes à l’égard de Macron, pour son parti pris, à posteriori, qualifiable de crime de lèse majesté, tellement cela lui insupporte de se savoir méprisé par le Jupiter français.

Il laisse orphelins les chercheurs et étudiants, qui espéraient tirer de son discours les éléments théoriques grâce auxquelles ils apporteraient un peu plus de lumière à l’appréhension complexe de nos réalités, rendue difficile par l’emprise prégnante des approches intersectionnelles des objets sociologiques et politiques, et dont Mélenchon semble être victime, en dépit de son désir ardent de progrès humain.

Au demeurant, avec Macky SALL nous avions au moins un nègre petit bourgeois, qui assumait son plat-ventrisme, en revanche avec Sonko nous experimentons l’art d’être un tigre en papier, pantomime révolutionnaire, autrement dit esprit d’une époque sans esprit.