Présidentielle–Dividende, diviseur, résultat, reste
Addition, multiplication, soustraction, division.
Ils sont cinq éléments au moins se réclamant de la légitimité ou de la proximité de Ousmane Sonko qui a distribué ses billes avec intelligence, entre les députés et le parrainage populaire. Il s’agit de Déthié Fall, de Habib Sy, de Cheikh Tidiane Dièye et, évidemment, de Bassirou Diomaye Faye, pour ceux qu’on peut citer pour le moment.
Une querelle de prĂ©sĂ©ance les oppose dĂ©sormais, une fois la liste dĂ©finitive des 20 candidats de la PrĂ©sidentielle connue, le 20 janvier dernier, en tout cas au niveau de l’opinion publique, qui suppute sur le rang protocolaire et les possibilitĂ©s de dĂ©sistement des uns au profit de l’autre au moins. Ă€ ce niveau, Bassirou Diomaye Faye devrait l’emporter par exemple devant Habib Sy et les autres qui avaient pris Sonko en otage en espĂ©rant bĂ©nĂ©ficier de son aura quand il se sera enfoncĂ© plus avant dans la gadoue : le choix officiel portĂ© sur lui et les faveurs populaires Ă lui dĂ©volues devraient en faire le candidat unique de Ousmane Sonko ; ce scĂ©nario qui ne marche pas toujours s’est Ă©galement vĂ©rifiĂ© au niveau de la majoritĂ© oĂ¹ le seul et unique candidat est contestĂ©.


Ousmane Sonko lui-mĂªme s’était mis en perspective avec les Ă©vĂ©nements de 2021 et imaginĂ© une voie de contournement cardinal du pouvoir et de la Justice au cas oĂ¹â€¦
C’est le 5 majeur faiseur de roi, vers lequel devrait aller le tiers au moins de l’électorat si Ousmane Sonko Ă©tait candidat ; il devrait logiquement en Ăªtre de mĂªme aujourdhui encore, si DĂ©thiĂ© Fall, Habib Sy, Cheikh Tidiane Dièye, les plus visibles, ne se dispersent pas autour des querelles byzantines habituelles, ce qui est hĂ©las dĂ©jĂ le cas.
La difficultĂ© est que ce scĂ©nario est bancal : s’ils se retrouvent autour de Diomaye, ils font l’affaire du pouvoir si Diomaye est finalement disqualifiĂ©, ce qui est une Ă©ventualitĂ© dont parle d’ailleurs Khadidiatou Guèye Fall en page 5 de la prĂ©sente Ă©dition ; tout autant, s’ils divisent l’électorat de l’ex-Pastef en cinq, ils arrangent Amadou BĂ¢ dont les trois millions de parrains pourraient se manifester au tiers, condition nĂ©cessaire pour se maintenir au second tour Ă©ventuellement.
Après, il y a quelques individualités dont la plus notable est celle de Khalifa Babacar Sall bonifiée par le fidèle Barthélémy Dias, à jumeler avec celle de Anta Babacar Ngom Diack, gros outsider avec le porte-drapeau des Moustarchidines.
Les prĂ©visions d’octobre octroyaient environ 38 pour cent des voix Ă la majoritĂ© prĂ©sidentielle. Les inquiĂ©tudes manifestĂ©es par les observateurs sur les chances du pouvoir se comprennent Ă chaud, le 20 janvier, avec certains maintiens a priorihostiles. Une dose de tempĂ©rance devrait toutefois permettre de comprendre que la force de la solidaritĂ© avec Sonko pourrait ne pas manifester dans sa totalitĂ© pour Diomaye, quoi qu’en dise la propagande : il n’y a pas photo ni physique, ni morale, ni sur le plan de la densitĂ© et du parcours des deux ; le contrat moral nouĂ© entre Sonko et une jeunesse d’une sociĂ©tĂ© dĂ©litĂ©e n’est pas le mĂªme et la fraude sur la marchandise n’est pas possible avec un plan alternatif, surtout si l’on ne sait plus qui, de Habib Sy ou de Bassirou Diomaye Faye, est finalement le clone de Ousmane Sonko. Comme dans la majoritĂ© dĂ©chirĂ©e et chambrĂ©e, le dividende pourrait Ăªtre confrontĂ© Ă un diviseur beaucoup trop grand dans les rangs et dans le pourcentage de l’opposition caractĂ©risĂ©e principalement par le clan Sonko, sans injurier les autres.
Dans l’intervalle, ceux qui sont sortis des flancs du pouvoir comme Aly Ngouille Ndiaye et Muhammad Boun Abdallah Dionne ne sauraient totalement exciper de leur bonne pour convaincre de la sincĂ©ritĂ© d’un geste perçu comme un simple dĂ©pit amoureux. Des retrouvailles ne sont pas Ă exclure, mĂªme durant la campagne.
Pathé MBODJE