En Corée du Sud, l’opposition de centre-gauche arrive largement en tête des élections législatives de ce mercredi et obtient 176 des 300 sièges de l’Assemblée nationale, selon des résultats presque complets du dépouillement. Le président Yoon Suk-yeol se trouve donc en difficulté pour les trois dernières années de son mandat. Le chef du parti démocrate, Lee Jae-myung, apparaît comme le grand vainqueur de ces élections.
Le principal parti d’opposition de Corée du Sud a certes remporté une large victoire lors des élections législatives mais n’a pas atteint une « super-majorité » de 200 sièges sur 300, qui aurait été suffisante pour contrer le droit de veto du président Yoon, voire pour le destituer. Le Parti du pouvoir au peuple (PPP) de Yoon Suk-yeol et un parti allié devraient obtenir une centaine de sièges, au lieu de 114.
Un parti semble avoir grignoté les deux grandes formations, Reconstruire la Corée, fondé il y a quelques semaines par l’ancien ministre de la Justice Cho Kuk, visé par des accusations de corruption qu’il nie. Il aurait obtenu entre douze et quatorze sièges.
Un coup dur pour le président conservateur Yoon Suk-yeol
Ces élections législatives sont considérées comme un référendum de mi-mandat pour le programme conservateur du président Yoon Suk-yeol. Pour l’analyste politique Yum Seung-yul, « les chiffres d’aujourd’hui montrent la forte colère des gens contre Yoon pour ses deux années de gouvernance ». « Et s’il ne changeait pas, même avec ce résultat édifiant aux élections ? Je pense qu’il y aura encore plus de colère publique et cela m’inquiète », a-t-il ajouté auprès de l’AFP.
Pour les conservateurs, la claque est donc sévère puisque le parti perd quelques députés et passe sous la barre des 110 sièges. Le chef du parti, le Premier ministre et plusieurs des conseillers du Président ont présenté leur démission. Yoon Suk-yeol devient donc le premier chef de l’État à traverser tout son mandat sans majorité au Parlement, explique notre correspondant à Séoul, Nicolas Rocca.
Élu de justesse en 2022 face à M. Lee, M. Yoon a mené une politique de fermeté à l’égard de la Corée du Nord tout en renforçant l’alliance de son pays avec les États-Unis et en se rapprochant du Japon, ancienne puissance coloniale avec laquelle les querelles historiques sont nombreuses.
Mais l’absence de majorité parlementaire l’a déjà empêché de mettre en œuvre son programme de droite et depuis le début de sa présidence, sa cote de popularité n’a jamais décollé, restant souvent autour de 30%.
Lee Jae-Myung, l’un des politiques les plus controversés du pays
Issu d’un milieu modeste et installé dans le paysage politique du pays depuis quinze ans, Lee Jae-Myung a été maire, gouverneur et candidat à la dernière présidentielle qu’il a perdue de peu. Son image a fait le tour du monde en janvier dernier, grièvement blessé il y a trois mois après avoir été poignardé au cou par un opposant politique.
