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Train express régional (ter) : une controverse sans fin

https://www.sudquotidien.sn La nouvelle polĂ©mique sur la propriĂ©tĂ© sĂ©nĂ©galaise ou non du Train express rĂ©gional (Ter), n’est aucunement une nouveautĂ©. Depuis son montage, sa conception, l’infrastructure a toujours suscitĂ© des interrogations. Le coĂ»t du Ter avait suscitĂ© une vive controverse. A la cĂ©rĂ©monie de lancement de l’infrastructure, le prĂ©sident de la RĂ©publique, Macky Sall, avait dit que le montant du financement Ă©tait de 568 milliards de F CFA. Plus tard, un prix contradictoire a Ă©tĂ© donnĂ©. Sur le site officiel du Bureau d’information gouvernemental (Big), il est dit que le Ter a coutĂ© 656 milliards de F CFA : 568 milliards au dĂ©but du projet et un avenant de 88 milliards, soit 15% du coĂ»t de dĂ©part, signale-t-on. Aussi, dans la mĂªme source, il est mentionnĂ© que 5 milliards de F CFA ont Ă©tĂ© prĂ©vus pour l’indemnisation des impactĂ©s. Mais, finalement, 50 milliards F CFA ont Ă©tĂ© payĂ©s. D’ailleurs, le dĂ©putĂ© et ancien Inspecteur des ImpĂ´ts et Domaines, Ousmane Sonko, a toujours contredit la version officielle. Selon lui, le projet, qu’il qualifie de «mĂ©galomanie», va coĂ»ter 1300 milliards de F CFA Ă  l’Etat. A cause de son coĂ»t important, des SĂ©nĂ©galais, notamment la classe politique, particulièrement le leader du Pastef, Ousmane Sonko, ont Ă©mis des rĂ©serves quant Ă  l’utilitĂ© d’un tel projet dont le montant injectĂ© pouvait servir Ă  autres choses, selon ses dĂ©tracteurs. Le Ter, c’est Ă©galement un lot de problèmes que les habitants de certaines quartiers traversĂ©s par ses rails vivent, en attendant la rĂ©ception dĂ©finitive du projet. De Fass-Mbao, Route de Boune, Ă  Keur Massar, Yeumbeul et Rufisque, en passant par Guinaw-Rail (Pikine) et Thiaroye-Gare, des voix se sont Ă©levĂ©es pour dĂ©noncer des manquements liĂ©s aux travaux du Ter notamment les indemnisations, l’enclavement, l’envahissement de maisons et quartiers entiers par les eaux de pluie pendant l’hivernage, entre autres.

Plusieurs dates de livraison du Ter ont en outre Ă©tĂ© annoncĂ©es, puis reportĂ©es, avant l’infrastructure ne soit sur les rails. Après la rĂ©ception en grande pompe de l’infrastructure, en janvier 2019, Ă  la veille de prĂ©sidentielle de la mĂªme annĂ©e, comme programmĂ©e par le prĂ©sident de la RĂ©publique lors du lancement des travaux de l’infrastructure en 2016.

Alors que les Sénégalais spéculaient sur les multiples reports, l’ambassadeur de la France au Sénégal, Philippe Lalliot, au Grand Jury de la Rfm du 9 février 2020, rajoutait une couche sur le débat. Il disait, à cet effet ; qu’il n’est pas convaincu d’une possibilité de mettre le Train express régional (Ter) sur les rails au mois d’avril, pour une exploitation commerciale. «C’est en tout cas, ce que me disent les entreprises françaises. Les Sénégalais verront le Ter circuler. Mais ils devront attendre pour pouvoir l’utiliser». Concernant l’explication, disait le diplomate, «il reste à faire un certain nombre de choses qu’on ne voit pas, mais qui sont absolument indispensables pour que le train roule à son maximum de performance et en parfaite sécurité. L’impératif de la sécurité, il est absolu. On va faire circuler 100 mille personnes par jour avec ce train. Il faut que ce soit en parfaite sécurité».

LES DELAIS DE LIVRAISON, L’AUTRE SOURCE DE DISCORDE

Alors que le chef de la diplomatie française montrait son scepticisme, les autoritĂ©s sĂ©nĂ©galaises avaient multipliĂ© les annonces. En effet, lors du vote du projet de loi portant deuxième loi de finance rectificative pour l’annĂ©e 2019, le ministre des Finances et du Budget d’alors, Abdoulaye Daouda Diallo, avait fixĂ© l’échĂ©ance en fin 2019. «Les travaux du Ter ne sont pas arrĂªtĂ©s. Au contraire, l’essentiel des infrastructures de circulation est terminĂ©e. D’ici le 31 dĂ©cembre 2019, le Ter sera totalement rĂ©ceptionné», avait-il dit. Pendant ce temps, son collègue en charge des Infrastructures, des Transports terrestres et du DĂ©senclavement d’alors, Me Oumar Youm, avait, quant Ă  lui, auparavant, pris date pour septembre 2019, au plus tard. «Les travaux du Train express rĂ©gional (Ter) avancent très bien. Nous avons retenu la date contractuelle du 14 juin 2019 pour la fin des travaux. Il y aura une pĂ©riode de prĂ©-exploitation, dont le dĂ©marrage est imminent et qui devra se terminer au plus tard en septembre 2019». Quelques mois plus tard, lors de son passage Ă  l’AssemblĂ©e nationale, le 4 dĂ©cembre 2019, Me Youm avait fixĂ© Ă  nouveau le dĂ©marrage du Ter en avril 2020. DĂ©jĂ , le mercredi 14 dĂ©cembre 2016, c’est un prĂ©sident Macky Sall, enthousiaste et galvanisĂ© par des souteneurs qui ont pris d’assaut la grande salle du Centre de ConfĂ©rence Abdou Diouf de Diamniadio, qui avait donnĂ© une date aux SĂ©nĂ©galais. «Je donne rendez-vous aux entreprises partenaires le lundi 14 janvier 2019 pour inaugurer la ligne et faire le premier trajet Dakar-Diamniadio en Ter». Mieux, avait-il ajoutĂ©, «j’exhorte toutes les entreprises partenaires et toutes les autoritĂ©s impliquĂ©es Ă  diffĂ©rents niveaux dans la rĂ©alisation du projet Ă  faire preuve de la mĂªme diligence dans l’exĂ©cution des travaux. Ensemble, nous avons pris des engagements ; ensemble, respectons nos engagements. Alors, au travail et en avant pour les autres Ă©tapes. Et, croyez-moi, je ferai souvent des visites de chantier, sans prĂ©venir». Cette mĂªme date du 14 janvier avait Ă©tĂ© choisie par le chef de l’Etat pour faire le voyage inaugural. Finalement, c’est le 14 janvier 2019, que le prĂ©sident de la RĂ©publique a rĂ©ceptionnĂ© le Ter, mais il n’avait pas quittĂ© le gare. L’exploitation commerciale du Ter n’a finalement commencĂ© que le 27 dĂ©cembre 2021, près de deux ans après la rĂ©ception par le prĂ©sident Macky Sall.Fatou NDIAYE