PRESIDENTIELLE 2024 : La fin de la bipolarisation
Dos au mur, le président de la République envisage de faire voter une loi d’amnistie, de ramener Khalifa Sall et Karim Wade et de mettre ainsi un terme à la bipolarisation de la vie politique
C’est de manière très laconique ; en une seule phrase, quatre seules lignes, que le président de la République a annoncé, hier en Conseil des ministres, ce qui était attendu par beaucoup de Sénégalais, depuis plusieurs mois, voire des années. Si Macky Sall va jusqu’au bout de son instruction donnée au ministre de la Justice, Garde des Sceaux, Karim Wade et Khalifa Ababacar Sall pourraient participer aux prochaines échéances électorales de février 2024. En effet, abordant la question de la consolidation du dialogue national et l’ouverture politique, le Président de la République a été sans équivoque. Il intime au Garde des Sceaux l’ordre ‘’d’examiner les possibilités et le schéma adéquat d’amnistie pour des personnes ayant perdu leurs droits de vote.’’ Et d’après les instructions du chef de l’Etat, cela doit être fait ‘’sans délai’’.
Cela pourrait ainsi s’avérer le premier cadeau du président de la République à la toute nouvelle Assemblée nationale et devrait passer sans grande difficulté, si l’on sait que l’opposition politique l’a toujours réclamé. En ce qui concerne la procédure, le Conseil constitutionnel, dans l’affaire Maitre Sèye, avait soutenu ce qui suit dans son considérant numéro 4 : ‘’Ni la Constitution ni aucune valeur de valeur constitutionnelle ne limitent le pouvoir du législateur d’amnistier des catégories criminelles, correctionnelles ou contraventionnelles, ni les faits déjà amnistiés sous réserve du respect du principe de l’intangibilité des droits acquis.’’
Il appartient donc au Gouvernement de déterminer les infractions concernées ainsi qu’au besoin les personnes bénéficiaires de la prochaine loi d’amnistie. Ce qui ne devrait pas tarder, si les directives du président de la République sont mises à exécution. De l’avis de Guy Marius Sagna, l’objectif du pouvoir actuel ne serait pas que d’effacer les effets de la condamnation de Karim Wade et Khalifa Sall, il s’agit surtout de se couvrir. Il peste : ‘’Après avoir volé l’argent des Sénégalais, assassiné des Sénégalais, ils veulent effacer leurs crimes économiques et de sang à travers une auto-amnistie. Amnistiez-vous, si vous voulez. Nous vous dé-amnistierons.’’
En attendant, cette loi risque de redistribuer carrément les cartes dans l’arène politique. Avec le retour de ces deux ténors, ça pourrait être la fin de la bipolarisation de l’espace politique par Macky Sall et Ousmane Sonko. Désormais, il va falloir compter sur Khalifa Ababacar Sall et Karim Wade pour les prochaines élections de Février 2024. La seule incertitude reste la participation de Macky Sall à ces joutes électorales. S’il décide de ne pas se présenter, qui sera son candidat pour 2024 ? Les jours qui viennent vont être sans doute plus édifiants.
Le Président enjoint ses hommes de descendre au front
En Conseil des ministres, hier, le président de la République a invité chaque ministre à lui présenter sur la période octobre 2022 et octobre 2023, des actions ministérielles ciblées et chiffrées, avec un calendrier d’exécution des projets et de réalisation des réformes. Il a aussi insisté sur la nécessité d’accorder une attention spéciale au suivi de la gouvernance du secteur parapublic (agences, établissements publics, sociétés nationales et entités similaires) et à la rénovation de la gestion du Portefeuille de l’Etat.
Invitant les ministres à agir en mode ‘’Fast Track’’, Macky Sall leur a instruit d’accompagner le développement du secteur privé national à travers ‘’des mesures d’amélioration de l’environnement des affaires ; le renforcement de l’attractivité du Sénégal et de la compétitivité de nos entreprises ; l’accélération de la mise en œuvre de la stratégie nationale d’industrialisation (avec l’émergence rapide des zones économiques spéciales et des agropoles) et l’exécution optimale des partenariats publics-privés et de la commande publique.’’
Le président de la République a, dans la même veine, instruit ses hommes de clarifier au quotidien l’action de l’Etat devant les populations ou à travers les médias et les réseaux sociaux. Il a par ailleurs informé le Conseil de la reprise des tournées économiques, des Conseils des ministres délocalisés et des séances d’écoutes et d’échanges avec les forces vives de la nation dans la continuité des rencontres ‘’Jokko ak Macky’’.
Le DG du Port emporté par la colère des opérateurs économiques, Abdoulaye Baldé promu
Au titre des mesures individuelles prises en Conseil des ministres, Maitre Malick Sall a été nommé Secrétaire permanent du Comité d’orientation stratégique du Pétrole et du Gaz, en remplacement de M. Ousmane Ndiaye ; Monsieur Ababacar Sédikh Bèye quitte la direction du Port autonome de Dakar qu’il cède à l’ancien DG de l’APIX Mountaga Sy. Il retourne ainsi à la direction de l’ANSD qu’il a occupée, avant sa promotion au Port. Ababacar Sadikh Bèye fait ainsi les frais des multiples problèmes qui freinent le développement du Port autonome de Dakar. En Conseil des ministres, il y a, en outre, eu la nomination d’Abdoulaye Baldé à la tête de l’APIX qui a été l’une des grandes surprises.